30/09/2010 HAARETZ - Dror Etkes. Dans le meilleur des scénarios, ce qui s’est passé ces mois derniers n’est au mieux qu’une diminution négligeable du nombre de logements construits dans les colonies.
Les statistiques officielles fournies par le Bureau central de statistiques décrivent l’histoire derrière le moratoire de 10 mois sur les constructions en Cisjordanie. On peut qualifier l’histoire de beaucoup de façons mais « gel » n’est pas l’une d’elles. Dans le meilleur des scénarios, ce qui s’est passé ces mois derniers n’est au mieux qu’une diminution négligeable du nombre d’appartements construits dans les colonies.
Les données présentes dans les tableaux du Bureau le montrent clairement. Fin 2009, le nombre de logements en cours de construction dans toutes les colonies se montait à 2955. Trois mois plus tard, à la fin mars 2010, il était de 2517. Par conséquent nous parlons d’une baisse d’à peine plus de 400 logements — quelques 16 % de la construction en Cisjordanie, sur cette période.
Les bruits de lamentations et de gémissements venant des fonctionnaires colons, qui font profession de se plaindre, ne devraient surprendre personne. Après tout, ils n’ont jamais cessé de pleurnicher, même quand Ehud Barak, « le leader du camp de la paix », leur a construit 4700 logements en 2000, la seule année complète où il fut premier ministre.
Mais en vérité, les colons savent mieux que quiconque que non seulement la construction dans les colonies a continué au cours des 10 derniers mois - et vigoureusement - mais aussi qu’une fraction relativement grande des maisons a été construite dans des colonies situées à l’est de la barrière de séparation [mur d’annexion, n.d.t.], comme Bracha, Itamar, Eli, Shilo, Maaleh Mikhmas, Maon, Carmel, Beit Haggai, Kiryat Arba, Mitzpeh Yeriho et d’autres.
L’histoire réelle derrière le boniment connu sous le nom de gel a eu lieu plusieurs mois auparavant, alors que les colons, avec l’aide du gouvernement, se préparaient bien pour les mois d’hibernation qu’on leur imposait. Dans les six mois précédant la déclaration du gel fin novembre 2009, des dizaines de nouveaux sites de construction ont éclos, particulièrement dans les colonies isolées et les plus éloignés à l’est du mur.
Cette information est aussi bien documentée dans les chiffres du Bureau. Au premier semestre de 2009, ils ont commencé à construire 669 appartements dans les colonies, puis, au cours des mois, le rythme de construction s’est accru. Ainsi, dans la seconde moitié de 2009, pas moins de 1204 unités ont été construites, une augmentation de quelques 90 % des lancements de construction comparée au premier semestre de l’année.
Ceci résume l’"Israbluff" derrière le gel. Et ce qu’il restait à faire aux politiciens ces derniers mois, c’était — sur un ton attristé — d’inviter les équipes de télévisions de temps en temps pour montrer comment les inspecteurs de l’administration détruisaient quelque misérables huttes qui contrevenaient à l’ordonnance du gel.
Si nous ajoutons à ces statistiques le fait que le gouvernement a annoncé à l’avance qu’il prévoyait d’approuver, en toutes circonstances et sans rapport avec le « gel », la construction de 600 logements dans plusieurs colonies, ainsi que le chaos et l’anarchie qui existent dans certaines colonies et avant-postes, qui font que toute personne peut construire là et quand ça lui plaît, on a une bonne image de ce qui s’est passé réellement dans les colonies ces derniers mois.
De leur part, les Palestiniens n’ont pas vraiment demandé un gel total des constructions. Ils ont demandé, de manière justifiable, d’obtenir une fois pour toutes la reconnaissance du principe que des négociations sur le futur des colonies ne prennent pas place tant qu’elles continuent d’être construites. En accord avec ceci, les Palestiniens ont accepté de fermer les yeux tant que la politique officielle de gel du gouvernement israélien continuait.
Ceux qui connaissant la réalité en Cisjordanie ne devraient pas être surpris de ce qui est écrit ici. Néanmoins, il semble qu’il soit possible de se rassurer sur une chose — Benjamin Netanyahou ne gagnera certainement pas le prix Nobel de la paix mais il a des chances de gagner le prix Nobel de physique, ou au moins de chimie, au nom du gouvernement israélien, qui a découvert que — contrairement à ce que les scientifiques ont pensé jusqu’à présent — l’eau n’est pas la seule substance qui dilate au lieu de se contracter quand elle gèle.
Traduction de l’anglais : Jean-Pierre Bouché