dimanche 4 juillet 2010

Il y a plus de pauvreté en Cisjordanie qu’à Gaza

dimanche 4 juillet 2010 - 05h:56
Bernard Smith - Al Jazeera
D’après une étude réalisée par une association caritative internationale pour la jeunesse, les enfants qui vivent dans les parties les plus pauvres de la Cisjordanie ont de conditions de vie plus mauvaises que celles des enfants de Gaza. 
Selon le rapport de l’organisme anglais "Sauvez les Enfants" qui doit être publié mercredi, les familles de Cisjordanie qui sont forcées de quitter leurs maison souffrent d’une pauvreté écrasante, et manquent souvent de nourriture, de médicaments et d’assistance humanitaire. L’étude financée par la Commission Européenne révèle que dans la "zone C" (les 60 pour cent de la Cisjordanie qui se trouve sous contrôle israélien direct) les couches les plus pauvres de la société souffrent infiniment plus qu’elles ne le devraient parce que Israël refuse d’approuver les travaux de réparation des infrastructures de base.
Les maisons, les écoles, les systèmes de drainage et les routes ont besoin de réparations urgentes mais comme les travaux ne sont pas autorisés les familles sont obligées de vivre dans des tentes sans accès à l’eau potable. La surface cultivable ayant diminué à cause des restrictions israéliennes, des milliers d’enfants palestiniens n’ont pas assez de nourriture et beaucoup tombent malades par voie de conséquence, précise le rapport.
Une situation de crise
Les conditions de vie de la zone C ont atteint un stade qui peut être qualifié de "crise" dit l’Association Caritative, puisque 79 pour cent des communautés étudiées manquent de la nourriture indispensable -une proportion plus grande que dans Gaza assiégée, où le chiffre est de 61 pour cent.
La malnutrition a un impact désastreux sur la santé des enfants qui grandissent dans cette zone : 44 pour cent des enfants considérés dans l’étude souffrent de diarrhée, et la diarrhée est ce qui tue le plus d’enfants de moins de cinq ans dans le monde.
Beaucoup d’enfants de ces communautés montrent des signes de retard de croissance (et il y en a deux fois plus qu’à Gaza), et plus d’un enfant sur dix enfants pris en compte par l’étude ont un poids inférieur à ce qu’ils devraient peser.
Le rapport dit que l’aide humanitaire internationale a beaucoup plus de difficulté à arriver aux Palestiniens de Cisjordanie qu’à Gaza et presque la moitié des familles étudiées dans la zone C ne bénéficient d’aucune aide étrangère.
"Sauvez les Enfants" attire l’attention sur le fait que, comme le blocus de Gaza domine l’actualité depuis quelques mois, la communauté internationale risque d’oublier les communautés les plus pauvres de Cisjordanie. "La communauté internationale a raison de s’intéresser aux souffrances des familles de Gaza, mais les épreuves des enfants de la zone C ne doivent pas être oubliées" a dit Salam Kanaan, le directeur de "Sauvez les Enfants" dans les territoires occupés de Palestine.
"On croit généralement que les Palestiniens de Cisjordanie bénéficient d’un plus haut niveau de vie mais de nombreuses familles, en particuliers des Bédouins et des communautés de bergers souffrent actuellement des plus hauts niveaux de malnutrition et de pauvreté et c’est une réelle tragédie".
L’organisation a demandé à Israël d’arrêter immédiatement la démolition des maisons et la confiscation de terres en Cisjordanie et a dit que l’Autorité Palestinienne devait prendre "des mesures urgentes" pour développer les services et améliorer la sécurité alimentaire de la zone C. "Les enfants palestiniens ne peuvent pas attendre que les pourparlers qui n’en finissent pas entre l’Autorité Palestinienne, Israël et les USA aboutissent à une solution de cette crise" selon Kanaan.
Les poches de pauvreté
Cairo Arafat a participé à l’élaboration du projet de l’Autorité palestinienne en faveur de ces enfants avant de commencer à travailler à temps partiel pour l’association "Sauvez les Enfants" et elle est maintenant un des porte paroles de l’Autorité Palestinienne. Elle a dit à Al Jazeera que les chiffres publiés dans le rapport ne reflétaient pas les conditions de vie de toute la Cisjordanie mais n’en demeuraient pas moins très inquiétants.
"D’après les indicateurs de santé et d’éducation, les conditions d’ensemble sont meilleures que ce que l’on trouve habituellement dans la région" dit-elle. "Le problème c’est que l’on commence à constater une régression".
Selon elle, la Cisjordanie contient des "poches de pauvreté" qui font courir des risques de santé à environ dix pour cent des 240 000 enfants du territoire. "Il y a des endroits de Cisjordanie où la situation est bien pire qu’à Gaza, car ils n’ont pas de toit et pas d’eau potable" dit-elle.
Toujours selon Arafat, l’Autorité Palestinienne (PNA) qui essaie de résoudre ce problème doit faire face à une obstruction "excessive" de la part des autorités israéliennes, surtout dans les zones qui sont proches du mur de séparation construit par l’armée israélienne. "Le PNA investit dans plusieurs actions destinées à améliorer la situation dans la zone C et aux abords de l’endroit où on construit le mur".
"Mais il y a des endroits où les Israéliens interdisent la construction d’infrastructures".
30 juin 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet arricle à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction de l’anglais : Dominique Muselet
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