Stephen Lendman - The Paletine Chronicle
Congrès de Bâle du sionisme : « Etablir pour le peuple juif une patrie qui soit garantie par le droit public en Eretz Israël. » Cinq décennies plus tard, cela était fait : en dépossédant les Palestiniens aborigènes, en leur déniant le droit à leur terre, en créant une nouvelle identité juive, en légitimant les juifs comme propriétaires de plein droit...
Table des matières
Les origines
Lois internationales concernées
Définition du militarisme israélien
Des soldats dans les écoles israéliennes
Préparer au service militaire
Dispositions de la loi israélienne
Les écoles secondaires de l’armée
Entraînement militaire pour les mineurs
Utilisation militaire du travail des mineurs
Utilisation de la Garde civile de mineurs
Utilisation d’enfants palestiniens comme collaborateurs
Quelques commentaires pour terminer
Lois internationales concernées
Définition du militarisme israélien
Des soldats dans les écoles israéliennes
Préparer au service militaire
Dispositions de la loi israélienne
Les écoles secondaires de l’armée
Entraînement militaire pour les mineurs
Utilisation militaire du travail des mineurs
Utilisation de la Garde civile de mineurs
Utilisation d’enfants palestiniens comme collaborateurs
Quelques commentaires pour terminer
Le militaire est physiquement présent dans les écoles et les activités scolaires
Les origines contemporaines remontent à la fondation du sionisme, à son premier congrès à Bâle, en Suisse, en 1897, dont le programme était :
« Etablir pour le peuple juif une patrie qui soit garantie par le droit public en Eretz Israël. »
Cinq décennies plus tard, cela était fait : en dépossédant les Palestiniens aborigènes, en leur déniant le droit à leur terre, en créant une nouvelle identité juive, en légitimant les juifs comme propriétaires de plein droit, et en usant d’une force militaire supérieure pour maintenir ce foyer contre des civils sans défense, qu’ils ne puissent rien contre leur puissant adversaire.
Avant et après sa guerre d’Indépendance, Israël s’est tenu politiquement et militairement à une ligne dure, négociant par la force, choisissant la confrontation plutôt que la diplomatie, l’agression non déguisée comme forme d’autodéfense, et l’occupation afin de s’emparer du maximum de la Palestine historique pour obtenir un Etat juif ethniquement pur - une politique dite « israélisation (et) désarabisation » pour préserver un « caractère juif ».
Dans son livre, La montée du militarisme israélien, Uri Ben-Eliezer dit, en parlant de ce militarisme, que c’est « s’aventurer dans un champ de mines », étant donné l’histoire juive sous les nazis et la perception d’Israël comme un havre de paix. Et jusqu’à présent, ce qu’ont produit les décennies de conflit israélo-arabe, ce sont sept guerres à grande échelle, deux Intifadas, et plusieurs centaines d’incidents violents.
Ben-Eliezer pense que le militarisme, commencé dans les années 1930, « a été progressivement légitimé au sein du Yishouv, la communauté juive de Palestine, puis par le nouvel Etat (où il s’est) cristallisé en une valeur, en une formule et une idéologie ». Au fil du temps, il a acquis son propre dynamisme puis, pendant la guerre de 1948, « une légitimité entière », et il est devenu alors décisif dans une politique cadre.
Politique et militarisme ont été associés afin de créer une vision militariste de la réalité. Par la suite, cette vision fut institutionnalisé pour en arriver à ce que « l’idée que l’application d’une solution militaire (aux problèmes politiques) ne soit pas seulement consacrée comme une valeur en soi, mais qu’elle soit considérée comme légitime, souhaitable, voire comme la meilleure option. »
Aujourd’hui, le militarisme est un « aspect capital de la société israélienne », son composant fondamental et ceci en vertu d’une loi nationale, celle de 1986 sur le Service militaire, qui exige que tout citoyen israélien juif, et résident permanent fasse son service - homme et femme -, aux seules exceptions des juifs orthodoxes, d’insuffisances scolaires, de considérations médicales, familiales, des femmes mariées ou enceintes ou ayant des enfants, des criminels, et d’autres considérations à la discrétion du ministère de la Défense. En outre, la plupart des dirigeants israéliens sont d’anciens officiers supérieurs des FDI (forces de défense israéliennes) ; politique et armée sont inextricablement liés.
Ce n’est guère étonnant qu’Israël soit une Sparte des temps modernes, une nation d’environ 5,6 millions de juifs, plus 500 000 colons, capable de mobiliser plus de 600 000 combattants en 72 heures, équipée des armes les plus sophistiquées et soutenue, quoi qu’elle exige, par l’unique grande puissance du monde.
Et pourtant, le 2 mars 2008, le journaliste Dion Nissenbaum, du journal McClatchy, titrait, Les Israéliens perdent de leur entrain pour le service militaire, et d’écrire :
« ...sous la surface, quelque chose est en train de se modifier en Israël, peu à peu, alors que le pays se prépare à célébrer son 60ème anniversaire, le 14 mai. De plus en plus d’Israéliens échappent au service militaire obligatoire - ce qui, il y a peu, aurait été considéré comme impensable. »
D’après l’auteur et l’ancien psychologue en chef de l’armée israélienne, le Dr Rueven Gal :
« Dans le passé, il est vrai que ne pas servir dans l’armée était considéré comme l’exception. Plus récemment, c’est devenu plus tolérable et plus acceptable pour la population. »
Selon les statistiques des FDI de 1997, moins d’une dizaine d’hommes israéliens avaient évité le service. Aujourd’hui, le nombre a presque triplé, voire davantage selon certains, étant donné le retentissement qu’ont les objecteurs de conscience, les Refuzniks, les étudiants qui ne veulent pas servir dans les Territoires, et les réservistes de Briser le Silence qui parlent des atrocités commises par les FDI au cours des dix années passées, en particulier pendant la guerre de Gaza.
Les femmes aussi refusent de participer - autour de 44% aujourd’hui contre 37% il y a dix ans. Résultat, le ministre des Infrastructures nationales, Uzi Landau, n’appelle plus les FDI, « l’armée du peuple », mais plutôt, « l’armée d’un demi-peuple ».
Comme le militarisme radical d’Israël exige un service obligatoire, les officiels recherchent actuellement de nouveaux moyens pour dissuader d’y échapper.
Endoctriner la jeunesse pour qu’elle accepte le militarisme dans la société israélienne
New Profile est « un mouvement pour la civile-isation de la société israélienne », loin du militarisme et de la culture de violence ; « ces femmes féministes et ces hommes... sont convaincus que nous n’avons pas besoin de vivre dans un Etat de soldats et que nous ne devons plus le tolérer ». En juillet 2004, leur article intitulé, Le recrutement d’enfants en Israël analysait comment les forces armées israéliennes et les milices juives endoctrinaient les jeunes enfants pour en faire des guerriers, une pratique qu’ils estiment indispensable d’arrêter.
Le recrutement de mineurs implique plus que d’avoir des armes et de s’en servir, il n’y a aucune ligne de front dans le conflit israélo-palestinien. En Israël et dans les Territoires, les soldats des FDI sont partout. « De nombreuses bases militaires sont situées en pleine agglomération et peu d’Israéliens passent une journée sans rencontrer des soldats en service. »
Par conséquent, une définition opérationnelle du recrutement d’enfants doit se présenter comme suit :
- un mineur est une personne de moins de 18 ans, il est recruté dans le cadre de l’une ou plusieurs de ces méthodes :
- 1) - porter un uniforme officiel, avoir un document officiel, ou identifiable par tout autre moyen en tant que membre des FDI ou de groupes annexes, même non officiels ;
- 2) - promouvoir ou soutenir les actions des FDI, activement ou par le biais de services ; et/ou
- 3) - suivre une formation pratique ou théorique pour accomplir ou faciliter des activités des FDI, antérieurement ou non.
Les forces armées et les groupes de sécurité comprennent : l’armée d’Israël, sa police (y compris les appelés de la Police des frontières), les Services généraux de sécurité (GSS), et les milices juives, la plupart basées dans les colonies.
L’article 38 (2) (3) de la Convention sur les droits de l’enfant (1989) stipule :
2) - Les États parties prennent toutes les mesures possibles dans la pratique pour veiller à ce que les personnes n’ayant pas atteint l’âge de 15 ans ne participent pas directement aux hostilités ; (et)
3) - Les États parties s’abstiennent d’enrôler dans leurs forces armées toute personne n’ayant pas atteint l’âge de 15 ans. Lorsqu’ils incorporent des personnes de plus de 15 ans mais de moins de 18 ans, les États parties s’efforcent d’enrôler, en priorité, les plus âgées.
L’article 77 (2) du Premier Protocole additionnel aux Conventions de Genève (1977) contient des stipulation similaires, et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) criminalise le recrutement d’enfants de moins de 15 ans.
La Charte africaine de 1990 relative aux droits et au bien-être des enfants (pdf) reconnaît l’âge de 18 ans comme l’âge minimum de recrutement. Puis en 2000, la Convention 182 sur les pires formes du travail des enfants de l’Organisation internationale du Travail condamne « toutes formes d’esclavage ou pratiques similaires à l’esclavage... incluant le recrutement forcé ou obligatoire des enfants pour les utiliser dans un conflit armé ».
Le Protocole facultatif à la Convention internationale des droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés (Adopté le 25 mai 2000, à New York, par l’Assemblée générale des Nations unies.) interdit le recrutement forcé et relève l’âge minimum à 16 ans.
Contrairement au droit international, la législation israélienne prévaut sur les normes et critères reconnus. La conscription à 18 ans est obligatoire, à certains moments elle inclut ceux qui ont six mois de moins, ainsi que les mineurs de moins de 18 ans qui s’enrôlent volontairement, mais qui ne sont pas utilisés comme combattants avant l’âge requis.
Le recrutement de mineurs est aussi pratiqué de manière informelle, l’idée étant de préparer les jeunes qui n’ont pas atteint l’âge à leur futur service obligatoire. Ben-Eliezer écrit comment les premiers colons sionistes ont créé des organisations militantes armées, notamment la Bar Giora (du nom de Simon Bar Giora, de la Rome antique), Hashomer (La Garde), et la Haganah (Défense), sans grande ampleur, mais efficaces pour influencer les esprits des jeunes. Il l’explique ainsi :
« Les années de formation de la génération plus jeune produisent une philosophie qui se crée par l’expérience locale : garder des champs et des cultures, se battre avec des enfants arabes, être doté d’une arme à l’âge de Bar Mitzah (au 13ème anniversaire d’un garçon). C’est ce qu’ont vécu des enfants de membres éminents de la jeune génération, avec (tempérant leur conception) suspicion, mais une suspicion qui devenait fréquemment de l’hostilité, et ils arrivaient à leur maturité avec le sentiment qu’une confrontation entre (Arabes et juifs) était inévitable. »
Avant 1948, les très jeunes enfants s’engageaient dans des actions militaires, le faisant avec enthousiasme, comme une sorte de jeu. Avec comme résultat, une vision militariste du monde qui se développait, en particulier chez les jeunes qui deviendront plus tard des meneurs. Des groupes militants armés furent formés à cette époque, notamment le Fosh (acronyme hébreu pour Compagnies de terrain), le Palmack (Force de frappe), le gang Stern (combattants israéliens pour la liberté - Lehi en hébreu) et l’Irgoun (organisation militaire nationale - Etzel en hébreu).
Avant la guerre d’Indépendance d’Israël, le recrutement était un « devoir pour volontaires ». puis, il fut rendu obligatoire après la création des FDI, le 26 mai 1948, et remplaça la Haganah paramilitaire.
C’était toujours un privilège, une « action noble et digne » qui modelait les esprits jeunes pour les rendre enthousiastes au moment de leur appel, mais ainsi, ils participaient plut tôt. Dans la bataille de Jérusalem en 1948, les stagiaires du bataillon de la Jeunesse, âgés de 16 et 17 ans, étaient des combattants. Les femmes également.
Définition du militarisme israélien
Pour New Profile, il s’agit d’un « mode de pensée qui met en avant des solutions vigoureuses, le plus souvent militaires, comme moyens préférables et même souhaitables pour résoudre les problèmes. » Par conséquent, les forces de sécurité sont les plus appréciées et les plus révérées de la société, « leurs besoins et leurs opinions sont sans pareils. » Le premier des Premiers ministres israéliens, David Ben Gourion disait, « La nation tout entière... une armée, et la terre tout entière, (un) front. »
Les FDI aujourd’hui sont la quatrième puissance armée du monde, dotées de l’arme nucléaire et d’armes à la pointe de la technologie, d’un programme spatial et de satellites actif, de capacités biologiques et chimiques, et d’un vaste budget militaire par habitant financé généreusement par Washington.
L’armée contrôle également 48% des terres publiques, et recycle ses chefs dans de hautes fonctions dans les gouvernements, ou dans des directions de conseils municipaux et régionaux, dans des postes de maires, de ministres, et de chefs d’Etat. D’autres obtiennent des fonctions de direction dans l’administration publique ou deviennent cadres ou directeurs dans les affaires.
« Le prestige incontesté dont bénéficient les officiers supérieurs rayonne jusqu’en bas, retombant en partie sur les hommes de troupe. » Les enfants le voient bien et le ressentent partout, y compris venant de membres adultes de leur famille, de leurs chefs religieux, et dans leurs écoles. En outre, affiches et armes sont omniprésentes ; de vieux chars d’assaut, des fusils et des jets de combat sont visibles partout dans les lieux publics.
Une éducation militarisée qui commence à la maternelle, à la maison, et dans les rues
« L’armée est physiquement présente dans les écoles et les activités scolaires, » ; des soldats en uniforme s’y trouvent, beaucoup enseignent dans les classes pour programmer les jeunes esprits. De plus, des professeurs, en particulier des directeurs, sont des officiers de carrière en retraite, et les murs d’école sont décorés de noms et de photos de héros tombés pendant leurs études. Des excursions pour tout âge emmènent les élèves sur les monuments commémoratifs militaires et d’anciens champs de batailles. Les programmes d’études et les livres scolaires reflètent le militarisme, de la maternelle jusqu’aux établissements secondaires qui ont des programmes imposés dans tous les établissements gérés par l’Etat, appelés Préparation aux FDI, et qui prévoient un entraînement. Glorifier les héros de l’armée et les conquêtes tout en diffamant les Palestiniens, telles en sont les caractéristiques.
Un recrutement symbolique précède la conscription. Il consiste à endoctriner les jeunes pour qu’ils aient le sentiment de faire partie de l’armée, à les mobiliser pour la guerre, à ce qu’ils soient prêts pour le combat, et impatients d’y participer. Plus encore, des enfants de maternelles et de lycées envoient des paquets cadeaux aux soldats, particulièrement pendant les fêtes, exprimant leur gratitude dans des lettres personnelles.
Un guide d’enseignant de 1947, Quand une nation prend son service, encourage l’enrôlement en disant :
« Le peuple tout entier porte le fardeau de l’effort de guerre, celui-ci est divisé entre ceux qui portent l’uniforme des FDI et les civils qui ne sont pas directement recrutés dans les FDI.
Il doit dont être entendu que (chaque) civil participe au fardeau de l’effort de guerre. »
Les enfants apprennent très tôt, et ça s’incruste, à se préparer à leur future conscription et à passer des périodes de leur vie à soutenir l’armée. A part l’armée, ils doivent encore assister à des cérémonies, des commémorations, à des discours, des excursions sur des sites militaires, à des célébrations qui fêtent des batailles entre « nous » (les juifs) et « les sales types » (avant, les Nazis, les Egyptiens, les Iraniens, les Arabes) et maintenant, les Palestiniens. Avec comme résultat, des enfants qui sont imprégnés « de l’acceptation de la force militaire et de la guerre comme un état naturel et une réponse naturelle aux situations conflictuelles. »
Ils sont autant d’anciens enseignants et administrateurs des FDI que des « soldats en uniforme en service, déployés dans des écoles comme membres du personnel de l’établissement... La présence d’anciens soldats, surtout d’officiers supérieurs en retraite, dans le système éducatif est considérée par beaucoup dans la société israélienne, notamment le gouvernement, comme ayant une influence positive sur les enfants », d’autant que la préparation des jeunes au service militaire est un objectif central de l’éducation. En collaboration avec les ministères de l’Education et de la Défense, les FDI suivent deux programmes de grande envergure pour les jeunes :
- le programme soldat/enseignant pour former des soldats à l’enseignement, en complément du personnel civil et malgré leurs faibles qualifications ; et
- le programme guide/jeune pour les jeunes défavorisés, dans certains cas pour les bataillons de la Jeunesse, dans d’autres comme Préparation des coordinateurs du service militaire.
Ils sont presque toujours en uniforme, sous les ordres de supérieurs civils et militaires, vantant le militarisme et les guerres comme moyens de défense, et les enfants s’habituent à les voir comme partie intégrante de leur éducation et une obligation future.
L’endoctrinement des jeunes brouille très tôt la limite entre l’armée et la société civile d’Israël, il favorise le militarisme, et fait que la conscription semble inévitable, nécessaire et souhaitable.
Pour la plupart des jeunes femmes et jeunes hommes israéliens, le service militaire est un rite de passage, une étape naturelle dans la préparation de leur vie d’adulte, quelque chose dont les décideurs politiques sont instruits depuis des décennies.
Après la guerre du Yom Kippour en 1973, le guide ci-dessus mentionné, Quand une nation prend son service, expliquait le rôle de tout Israélien dans les cas d’urgence et aidait les enfants à l’assimiler clairement.
En 1984, la préparation active des jeunes au service militaire commençait avec un guide que les FDI et le ministère de la Défense publièrent et qui s’appelait, Pour le service dans les FDI, et il expliquait :
- le privilège de servir ;
- l’adaptation à l’entraînement militaire et basique ;
- que la forme physique se développe dans la préparation ;
- les FDI en tant que force positive dans la société ; et
- comment préparer les parents à accepter que leurs enfants deviennent plus tard des guerriers.
Depuis l’élan qui précéda la guerre de 1948, la formation pour le service militaire était courante, surtout grâce aux bataillons de la Jeunesse, mais en 1984, les programmes inclurent l’endoctrinement à l’école « comme partie intégrante du programme ordinaire ».
Le programme aujourd’hui s’appelle Volonté de servir et stimulation pour les FDI, il est autorisé pour trois ans dans le secondaire et son but est de :
« Préparer l’ensemble de la population jeune au service dans les FDI, tout en renforçant leur motivation et leur volonté pour accomplir un service substantiel et participatif, chacun selon ses capacités, et en insistant sur l’importance de servir dans des unités combattantes. »
Le contenu du programme comprend des récits de combats passés lors d’excursions sur les sites, l’éthique de la guerre, la familiarisation avec les différentes unités des FDI, l’éducation physique, et des études arabes pour le recrutement d’Israéliens dans les services de renseignements. La formation est soumise à une discipline toute militaire, insistant sur la discipline, et un programme Soldat pour un jour conduit les enfants sur une base militaire pour des présentations descriptives, essentiellement des unités combattantes d’élite.
Plusieurs programmes civils les préparent également au service à venir, par exemple, les cours de Préparation à l’aptitude au combat, Incorporation dans les forces spéciales des bataillons de la Jeunesse et Suivez-moi. Il est fréquent « de voir des groupes importants de jeunes hommes courir sur les plages publiques, se préparant ainsi au service militaire ».
Le programme Naale (acronyme hébreu pour "Jeunesse qui immigre avant les parents") incite à l’immigration des jeunes juifs étrangers, les encourageant à venir en Israël, à suivre des cours en secondaire et devenir des citoyens. Il présente le service militaire comme une force importante de socialisation, mettant l’accent sur des avantages telle l’acceptation dans la société israélienne.
L’article 44 de la loi nationale de 1986 relative au service militaire autorise les FDI à se procurer des informations sur quiconque est « destiné au service de sécurité ». L’aide des éducateurs, employeurs et autres est sollicitée et ils doivent coopérer.
En vertu de l’article 43, les personnes destinées au service de sécurité ne peuvent voyager à l’étranger sans l’autorisation du ministère de la Défense, même si des dérogations sont librement accordées, avec toutefois des restrictions comme un durée de voyage limitée.
Avant la conscription, la plupart des enfants reçoivent un mandat chez eux, qui exige d’eux de se mettre à la disposition du Bureau régional de conscription, une pratique appelée Premier appel, pour une première sélection, une vérification des informations, des tests médicaux et d’aptitude intellectuelle, et un entretien personnalisé. Si après trois mandats, l’enfant ne s’est pas exécuté, il peut y avoir intervention de la police.
En plus des établissements secondaires ordinaires, il existe des écoles secondaires militaires comme :
- Mevo’ot Yam, avec 500 élèves portant l’uniforme, qui participent aux défilés et apprennent le maniement des armes dans la perspective d’un service dans la marine ;
- les écoles techniques de l’armée de l’air, pour des élèves qui préparent leur service dans les FAI ; et
- le réseau Amal 1 - l’une des plus grandes écoles secondaires d’Israël, un projet mixte civil/militaire pour servir dans l’armée de l’air.
Les cours combinent études civiles et études militaires, les enfants étant suivis avec attention pour qu’ils deviennent des soldats.
Pourtant, l’article 77 (2) du Premier protocole additionnel aux Conventions de Genève (1977) interdit le recrutement des mineurs de moins de 15 ans. Dans les écoles militaires israéliennes, ils peuvent être « recrutés régulièrement » dès l’âge de 13 ou 14 ans. Cela se poursuit en raison de l’influence pénétrante du militarisme dans la société et dans la culture israéliennes.
Dans tous les établissements secondaires, il existe une semaine obligatoire d’entraînement au bataillon de la Jeunesse qui permet de simuler la vie militaire pour les élèves de 11ème et 12ème (1ère et terminale) sur des bases militaires. Outre le port de l’uniforme, elle comprend :
- accueil, traitement, orientation et marches ;
- de nuit et de jour : maniement d’armes et entraînement sur le terrain ; et
- leçons sur le passé guerrier, sur les grades dans l’armée, sur la discipline, l’adaptation, l’engagement pour le service, et la pureté des armes, etc.
Durant toute cette période, les jeunes sont entourés de soldats et traités comme eux pour qu’ils se familiarisent avec la vie militaire. Dans des groupes d’une vingtaine, le traitement et les conditions sont rigoureux, l’obéissance un obligation, et pour ceux qui désobéissent, les punitions prévoient de la gym suédoise en supplément, de la course et des corvées, par exemple faire les latrines.
En cas d’urgence, les bataillons de la Jeunesse peuvent être mobilisés en service actif comme ce fut le cas durant la guerre de 1948.
Pour les garçons de 16 ans et plus, des essais dans une unité de combat d’élite ont lieu, d’abord pendant deux jours, puis jusqu’à cinq jours pour les éliminatoires, lesquels comprennent des tests d’aptitudes mentales et physiques, exigeants et épuisants. En se référant à un « service substantiel », l’armée israélienne cherche à insister avec force sur l’enrôlement dans une unité de combat d’élite - « les meilleurs du lot » pour « les activités de combat les plus excitantes. »
Pour les quelques sélectionnés, la pression avant d’être acceptés est forte, car participer est considéré comme un grand honneur.
Organisés par les écoles, les enfants sont enrôlés en soutien des FDI, spécialement en cas d’urgence ou de nécessités particulières. Outre l’entraînement, ils doivent faire leurs lessives, ranger leurs uniformes, laver la vaisselle, mettre les tables du réfectoire, laver les véhicules, et d’autres corvées encore, ce qui libère les soldats de ces obligations militaires.
Pour soutenir un effort de guerre, les enfants, dès 15 ans et demi, sont enrôlés pour le « Service travail (pour protéger) l’Etat ou la sécurité publique, ou pour fournir des services vitaux à la population. » Dans tous les cas, les écoles coopèrent, et dans les cas extrêmes, les enfants n’ont pas le choix.
La Garde civile israélienne est une organisation basée sur une coopération communauté civile/police, elle a été fondée en 1974 pour mobiliser les civils dans la protection contre les attaques des milices arabes. Aujourd’hui, la Garde patrouille dans les zones de la communauté, défie les Palestiniens, les harcèle, parfois leur tire dessus, et remplit d’autres services civils comme la sécurité dans les transports publics, les établissements d’enseignement, les marchés ouverts et les parkings, ou donner un coup de main sur les check-points.
Environ 15% des Gardes volontaires sont des mineurs, éligibles à l’âge de 15 ans dans le cadre d’un statut limité qui fut supprimé un an plus tard. Le consentement des parents est également requis. Les jeunes sont armés, et certaines écoles affectent des crédits supplémentaires pour participer.
Les membres des Escouades d’urgence sont pour la plupart des adultes qui sont les premiers appelés en cas de besoin, mais depuis 2002, on fait appel de plus en plus aux élèves du secondaire.
Quoiqu’elles fassent partie de la force de police d’Israël, la section 8 de l’Ordonnance de 1971 relative à la police, intitulée La Force de police israélienne dans des fonctions militaires, en son article 92 (a) stipule :
« En temps de guerre ou en cas d’urgence, le ministre est autorisé, si le gouvernement le permet, à déclarer la Force de police israélienne, ou des éléments de cette Force, comme force militaire pouvant être utilisée dans des fonctions militaires pour la protection de l’Etat ».
En Cisjordanie, les enfants dès l’âge de 15 ans gardent les colonies et remplissent d’autres tâches sécuritaires, comme travailler à l’administration centrale de la police, faire des patrouilles avec les armes pour lesquelles ils ont été entraînés.
Certains d’entre eux « grandissent dans la croyance qu’ils doivent chasser les Palestiniens et agir avec violence sans crainte d’être punis », notamment les harceler librement, les frapper, détruire leurs maisons, leurs biens, et parfois, les tuer.
La différence est faible entre « former et affecter un enfant à un travail comme garde armé (dans les colonies), ou l’affecter (ou les affecter) comme soldat(s) au front en temps de guerre... Que les formalités relèvent ou non de l’armée n’est guère déterminant, » étant donné la militarisation envahissante de la société israélienne.
Même si le service civil demande le volontariat, les enfants sont élevés « dans un environnement hostile et violent au milieu d’une région de confrontations. » Dans les Territoires, beaucoup croient que c’est leur terre. Qu’ils doivent la protéger, et que les Palestiniens sont des ennemis. Sous une pression sociale très forte, ils agissent à un âge très immature où ils sont trop jeunes pour en mesurer les conséquences, mais ils sont conditionnés pour être militants, et obéissants.
Les Services généraux de sécurité (GSS) d’Israël recrutent des informateurs palestiniens, notamment des enfants, pour des agents de terrain pour fournir des renseignements - des collaborateurs dont la plupart des Palestiniens disent que ce sont des traîtres « qui méritent la mort ».
La tactique implique d’avoir en détention des enfants, pour faire pression sur eux et les torturer pour qu’ils s’exécutent, ça ressemble beaucoup à la façon dont on recrutait dans l’ASL (Armée du Sud Liban) après l’invasion et l’occupation en 1982. Supervisés par les FDI et le GSS, ces citoyens libanais de l’ASL, parmi lesquels des enfants depuis l’âge de 12 ans, étaient utilisés comme collaborateurs à des fins de renseignements.
Durant la Seconde Intifada, des Palestiniens (dont des enfants) ont servi de boucliers humains, obligés de s’exécuter sous la menace.
L’éducation militarisée en Israël commence très tôt, d’une manière manifeste et symbolique pour conditionner les jeunes esprits à accepter le service comme naturel, vital, et un honneur pour les citoyens juifs. Le « système éducatif est tellement engagé dans (la promotion du) service militaire qu’il (échoue) à prendre en compte » le préjudice pour les nouvelles générations de jeunes qui grandissent en pensant que les guerres et la violence sont naturelles, que la paix est hors d’atteinte, que les Arabes sont des inférieurs, et les Palestiniens des ennemis. La militarisation de la société est corruptrice et autodestructrice, le recrutement d’enfants soldats est criminel et outrancier.
« Sous toutes ses formes... cela doit cesser. » Tout autre choix serait inacceptable, illégal et intolérable.
* Stephen Lendman a écrit cet article pour PalestineChronicle.
Né en 1934 à Boston, Massachusets, il obtient son diplôme universitaire en lettres et sciences humaines à Harvard en 1956 et la maîtrise de gestion de Wharton en 1960. Analyste de recherche en marketing dans une petite entreprise familiale de 1967 à sa retraite en 1999, il consacre depuis son temps à des causes progressistes sur le monde vital et des sujets nationaux, comme la guerre et la paix, l’impérialisme américain, la position dominante des entreprises, les persécutions politiques, et toute une série d’autres questions sociales, économiques et politiques.
Voir son blog : http://sjlendman.blogspot.com/.
Son adresse courriel : lendmanstephen@sbcglobal.net.
9 avril 2010 - The Palestine Chronicle - traduction : JPP