Palestine. Israël poursuit sa politique de provocation en décidant d’inscrire des lieux saints musulmans à son patrmoine national, anéantissant ainsi tout espoir de reprise des pourparlers.
La tension s’aggrave de plus en plus entre Palestiniens et Israéliens. La police israélienne a déployé, depuis lundi, des renforts autour de l’esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem. Son but annoncé : éviter de nouvelles manifestations de Palestiniens comme celles qui ont eu lieu dimanche, a indiqué un porte-parole de la police israélienne. La veille en effet, des violences avaient eu lieu près de la mosquée Al-Aqsa suite à des informations sur l’incursion de juifs extrémistes sur l’esplanade. Ces violences ont fait une vingtaine de blessés, principalement des manifestants, ainsi que deux policiers israéliens, selon des sources israélienne et palestiniennes.
Ce regain de tension à Jérusalem intervient surtout en raison de la colère palestinienne contre la décision d’Israël d’inscrire à son patrimoine des lieux saints juifs et musulmans. La ville d’Hébron a été, elle aussi, le théâtre d’affrontements sporadiques qui ont opposé ces derniers jours des Palestiniens à l’armée israélienne, après la volonté manifestée par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, d’inscrire au patrimoine d’Israël deux sites à Bethléem et à Hébron. A Hébron, la question est considérée bien plus sensible par tous les musulmans, puisqu’Israël veut inscrire la Mosquée d’Ibrahim, appelée par les juifs Caveau des patriarches. La provocation de l’Etat hébreu a été telle que l’annonce a été faite, alors que les Palestiniens marquaient le 16e anniversaire du massacre de 29 Palestiniens dans une salle de prière à la Mosquée d’Ibrahim par un colon israélien le 25 février 1994.
A la suite de ces tensions, le principal négociateur palestinien Saëb Erakat a déclaré avoir réclamé une intervention urgente américaine pour stopper les agressions israéliennes contre la mosquée d’Al-Aqsa et les lieux saints de l’islam. « Cette politique absurde israélienne vise à ruiner les efforts internationaux, plus particulièrement américains, pour relancer le processus de paix », a-t-il estimé. En effet, les observateurs s’interrogent sur la possibilité de relancer les négociations dans un tel climat. Selon le Dr Emad Gad, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, « il n’y a aucune chance actuellement pour relancer le processus de paix. La stratégie israélienne vise à mettre les bâtons dans les roues et d’avorter toute chance de reprise des négociations de paix, tout cela dans le but de gagner du temps et de s’octroyer davantage de territoires palestiniens, notamment les lieux saints, objets de litige ». Et d’ajouter : « C’est la façon israélienne d’imposer le fait accompli au moment de la reprise des pourparlers ».
Et comme de coutume, Tel-Aviv poursuit sa politique sans tenir compte des protestations internationales. Les récentes décisions israéliennes ont été critiquées par l’Onu et les Etats-Unis qui ont mis en garde contre des « actions provocatrices » risquant de mettre en péril le processus de paix israélo-palestinien.
Cependant, les réactions internationales, suite au projet israélien d’inscrire à son patrimoine deux lieux saints de la Cisjordanie occupée, restent insuffisantes, selon le président palestinien, Mahmoud Abbass. Ce dernier a appelé notamment les Etats-Unis à s’y opposer concrètement. « Le monde devrait empêcher Israël de mener à bien ce plan », a-t-il dit, tout en prévenant que ce projet peut « déclencher une guerre religieuse dans la région ». Quant au Hamas, il a appelé les Palestiniens à « se soulever » pour « défendre » ces lieux.
Pour seule réponse, le premier ministre israélien a dit qu’« il n’y aura pas de changement du statu quo », garantissant « une liberté complète de culte » à toutes les religions.
« Ni vu, ni connu »
Or, cette nouvelle provocation israélienne n’est pas la seule. Elle intervient au moment où Tel-Aviv continue de faire la sourde oreille au sujet des crimes commis lors de l’offensive contre Gaza, fin décembre 2008, début janvier 2009. Vendredi dernier, l’Assemblée générale de l’Onu a de nouveau demandé à Israël et aux Palestiniens de mener des enquêtes crédibles sur les crimes de guerre qu’ils sont accusés d’avoir commis lors du conflit de Gaza l’hiver dernier. Cette résolution réclame l’ouverture « d’enquêtes indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux sur les graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme dont ils ont été accusés ». La résolution demande au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, de lui faire un rapport dans les cinq mois sur la mise en œuvre de ces exigences. Les accusations de crimes de guerre étaient contenues dans le rapport controversé de la commission du juge sud-africain Richard Goldstone, qui avait été chargée par l’Onu d’enquêter sur la manière dont s’était déroulé le conflit. Jusqu’ici, l’Etat hébreu n’a pas annoncé la création d’une commission d’enquête et continue d’ignorer les demandes internationales.
A cela s’ajoute le scandale du meurtre d’un membre du Hamas à Dubaï, dans lequel le Mossad serait impliqué et aurait utilisé des passeports diplomatiques européens. La police de Dubaï a publié une liste de 26 suspects porteurs, selon elle, de vrais-faux passeports (12 Britanniques, six Irlandais, quatre Français, trois Australiens et un Allemand), avec leurs photographies, indiquant que les passeports étaient authentiques et que les suspects en avaient fait une utilisation frauduleuse par usurpation d’identité. Elle a également indiqué que les meurtriers de Mabhouh avaient utilisé une drogue pour le paralyser avant de l’étouffer. Mais, toujours selon la police, tous les suspects dans le meurtre du cadre du Hamas Mahmoud Al-Mabhouh ont regagné Israël, rendant ainsi difficile leur arrestation. De leur côté, les responsables israéliens affirment que rien ne prouve l’implication du Mossad, même si les médias de l’Etat hébreu laissent clairement entendre qu’il est bien responsable de ce crime. Ils maintiennent ainsi leur politique habituelle : mettre leurs plans à exécution et ignorer tout le monde aussi bien pour ce qui est de la controverse autour des lieux saints, ou du scandale de Dubaï, ou du rapport Goldstone.
Maha Salem