mardi 9 mars 2010

Femmes, palestiniennes et combattantes

publié le lundi 8 mars 2010
Pierre Barbancey
 
Une trentaine de Palestiniennes, venues des territoires palestiniens, d’Israël, du Liban ou de Jordanie, étaient reçues, hier (4 mars) , au siège de l’Humanité.
Patrick Le Hyaric a reçu, hier, une importante délégation de femmes palestiniennes, arrivées la veille pour un tour de France dont la première étape était le siège de notre journal. Une rencontre tout à la fois amicale, détendue et profondément politique. Parce que ces ambassadrices palestiniennes, qu’elles arrivent de la Cisjordanie occupée (celles de Gaza n’ont pas eu l’autorisation de sortir), du Liban, de Jordanie ou de Syrie, sont venues dans un but précis, comme elles l’ont expliqué. Affiches de unes de l’Huma consacrées aux massacres israéliens dans la bande de Gaza, journal du jour, sacs frappés du logo de l’Humanité  : la reconnaissance de celles qui se battent était perceptible. Ce qui n’empêche pas les questions et les interrogations. Soulignant l’engagement du journal, son directeur rappelait que « le débat en France est extrêmement difficile ».
Député européen du groupe Gauche unie européenne-Verts nordiques, Patrick Le Hyaric devait également expliquer le sens de sa démarche au Parlement, à Bruxelles et à Strasbourg. Il s’appuyait sur le récent débat provoqué autour du rapport Goldstone, du nom de ce juge sud-africain chargé par l’ONU de mener une enquête sur ce qui s’est réellement passé dans la bande de Gaza pendant l’offensive israélienne de décembre 2008-janvier 2009 et qui parle de « crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité ». Un rapport « équilibré » aux yeux du directeur de l’Huma. Mais le débat européen a permis surtout de mesurer l’attitude politique des différents groupes. Patrick Le Hyaric révélait ainsi qu’à la place d’un nouvel examen prévu du rapport Goldstone – avec peut-être un vote du Parlement à la clé –, les députés de droite, aidés de façon surprenante de parlementaires venus d’autres horizons, tentaient de remplacer ce thème par un autre, centré sur Cuba ainsi que sur l’arme nucléaire et la Corée du Nord.
Les déléguées palestiniennes présentes s’esclaffaient mais n’étaient pas étonnées outre mesure, habituées à la répression politique, certes plus physique, comme ont pu en témoigner Feda Abdallah, ancienne prisonnière, ou Kefah Afifi, qui, elle, était détenue dans la sinistre geôle de Khiam, au Sud-Liban, lorsque cette zone était encore sous occupation israélienne. Rhawla Illian, syndicaliste et responsable de la question des femmes à l’Union des travailleurs palestiniens, a interrogé le parlementaire sur l’attitude du gouvernement français. « Je crains qu’il n’exerce des pressions sur l’Autorité palestinienne pour revenir aux négociations comme le veut Israël. » Toutes se sont néanmoins félicité de l’accueil et du climat combatif que le président de l’Association de jumelage des camps de réfugiés palestiniens avec les villes françaises (AJPF), Fernand Tuil, personnalise depuis maintenant des années.