publié le vendredi 8 janvier 2010
Michel Warschawski
Jeudi 31 décembre a été déclaré journée mondiale de protestation contre le siège imposé à la bande de Gaza et à son million et demi de résidents.
On l’oublie souvent, mais Gaza est totalement coupée du reste du monde depuis trois ans et demi, à l’exception des convois humanitaires organisés par les institutions internationales, et les nombreux tunnels qui ont été creusés du côté égyptien et qui permettent de pourvoir aux besoins élémentaires de la population. De ceux qui peuvent se le permettre en tout cas. Non pas qu’avant 2006 les Gazaouis jouissaient d’une grande liberté de mouvement car, et ceci aussi il faut le rappeler, avant le iège presque hermétique, il y avait le bouclage qui limitait déjà dramatiqueent l’entrée et la sortie de ce territoire connu pour être, du point de vue démographique, un des plus denses du monde. Malgré le siège et ses effets dévastateurs, la population de Gaza a refusé de baisser la tête, et aux dernières élections, elle a littéralement plébiscité les candidats du Hamas. Le siège n’ayant pas atteint ses objectifs, l’armée israélienne a lancé, il y a exactement un an, une offensive militaire et un bombardement massif de la population que le rapport de la mission onusienne présidée par le juge sud-africain Goldstone a défini comme un massacre.
C’est aussi pour commémorer ce massacre qu’une journée de solidarité vient d’être organisée. Après avoir envisagé de briser le siège par la voie maritime, les organisateurs de la campagne internationale ont finalement décidé d’organiser un convoi terrestre venant l’Egypte, pays souverain, pays arabe, pays ami des Palestiniens qui ne pouvait que faciliter cette opération politico-humanitaire. Sauf que l’Egypte n’est rien de tout cela. Et que sous la direction autoritaire du président Hosni Moubarak, elle reçoit ses ordres de Washington. A part une centaine de représentants sélectionnés par les autorités locales, la Marche pour la liberté de Gaza n’a donc pas pu rejoindre Rafah, et ceux qui ont tenté de manifester dans les rues du Caire ont été brutalement dispersés par la police anti-émeute. De l’autre côté de la frontière, près de 1500 manifestants palestiniens-israéliens avaient répondu à l’appel de la Coordination des organisations arabes d’Israël et s’étaient rendus au check-point d’Erez en solidarité avec la population de Gaza. Plusieurs centaines de militants et de militantes juifs se sont également joints au rassemblement.
Un des moments forts de cette manifestation a été le message téléphonique du Premier ministre palestinien, Ismaël Haniyeh, qui a chaleureusement salué la mobilisation et promis qu’avec le soutien de la solidarité internationale, les Gazaouis se sentaient prêts à continuer leur résistance et ne lâcheraient pas sous la pression américaine, en particulier en ce qui concerne les négociations sur la libération du soldat Shalit en échange de prisonniers de guerre palestiniens. Car, à ce sujet, l’Administration américaine semble depuis quelques semaines vouloir mettre des bâtons dans les roues, consciente qu’un dénouement positif des négociations et la libération, entre autres, de Marwan Barghouti et d’Ahmad Saadat renforceraient la popularité du Hamas au détriment de Mahmoud Abbas, l’homme de Washington qui est aujourd’hui totalement discrédité.
publié dans Siné hebdo
http://www.france-palestine.org/article13684.html