Bilin - 08-01-2010
Par Abdallah Abu Rahmah
Cette lettre d’Abdallah Abu Rahmah a été transmise par ses avocats.
A tous nos amis, Je commence cette nouvelle décennie emprisonné dans un camp de détention militaire. Néanmoins, depuis cette cellule de l’occupation, j’entame cette nouvelle année avec détermination et espoir. Je sais que la campagne militaire d’Israël pour emprisonner la direction de la lutte populaire palestinienne montre que notre lutte non violente est efficace. L’occupation est menacée par notre mouvement en expansion et c’est pourquoi elle essaie de nous faire taire. Ce que les dirigeants israéliens ne comprennent pas, c’est que la lutte populaire ne s’arrêtera pas avec notre emprisonnement.
Que nous soyons confinés dans la prison à ciel ouvert qu’est devenue Gaza, dans les prisons militaires en Cisjordanie, ou dans nos propres villages encerclés par le mur d’apartheid, que nous soyons arrêtés et persécutés, tout cela ne nous affaiblit pas. Cela ne fait que renforcer notre détermination à faire de 2010 une année de libération par la résistance non armée de la base populaire contre l’occupation.
Le prix que moi et beaucoup d’autres payons pour la liberté ne nous décourage pas. Je fais le vœu que mes deux jeunes filles et mon petit garçon n’aient pas à payer ce prix avec moi. Mais pour mon fils et mes filles, pour leur avenir, nous devons continuer notre lutte pour la liberté.
Cette année, le Comité de Coordination de la Lutte Populaire poursuivra nos actions de 2009, une année au cours de laquelle vous avez amplifié nos manifestations populaires en Palestine par les campagnes de boycott international et les actions juridiques internationales sous juridiction universelle.
Dans mon village, Bil’in, le magnat israélien Lev Leviel et Africa-Israël, le trust qu’il contrôle, sont impliqués dans la construction illégale de colonies sur notre terre volée, ainsi que sur les terres de beaucoup d’autres villages et villes palestiniens. Adalah-NY mène une campagne internationale visant à montrer que les crimes de guerre ont un prix.
Notre village a intenté une action en justice contre deux compagnies canadiennes pour leur rôle dans la construction et le marketing de deux nouvelles unités de colonies sur la terre du village isolée par le mur d’apartheid d’Israël. Les poursuites ont commencé devant les tribunaux canadiens l’été dernier, et sont en cours.
Bil’in est devenu le cimetière des sociétés immobilières israéliennes. Les unes après les autres, ces sociétés sont menacées de faillite car les coûts des constructions sur la terre palestinienne volée sont plus élevés que les bénéfices.
Contrairement à Israël, nous n’avons ni armes nucléaires ni armée, mais nous n’en avons pas besoin. La légitimité de notre cause nous vaut votre soutien. Aucune armée, aucune prison et aucun mur ne peuvent nous arrêter.
Bien à vous,
Abdallah Abu Rahmah
depuis le camp de détention militaire d’Ofer
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13233&type=temoignage&lesujet=R%E9sistances