jeudi 2 juillet 2009

Allez donc à Ghaza De Téhéran à Ghaza

mercredi 1er juillet 2009 - 08h:40

Aissa Hirèche K. Selim/Le Quotidien d’Oran



Parce que les droits de l’homme sont indivisibles, universels et indifférents aux races, aux rites, aux endroits, aux religions... il est déplacé qu’on justifie la campagne médiatique qui se focalise sur l’Iran par les droits de l’homme alors que, à Ghaza, on se tait, on ne dit rien sur ce que font les Israéliens et... certains Arabes.

Allez donc à Ghaza

par Aissa Hirèche

Tout est là pour montrer et même exagérer ce qui se passe en Iran. Rien ne doit être loupé. Les manifestants, les cris, les flammes, les motos brûlées, les édifices saccagés, les heurts entre manifestants et policiers... bref, tous les ingrédients à une bonne mise en scène à l’américaine sont là. Que veulent-ils par là ?

S’ils veulent simplement informer, cette information a dépassé toutes les normes. Elle est devenue, comme nous en ont habitués certains médias, une guerre plus qu’une information et rien, absolument rien, ne justifie pourquoi des chaînes en font leur info préférée, du matin au... matin.

S’ils veulent s’inscrire en défenseur des démocraties (il faut utiliser le pluriel pour bien marquer la différence qui n’a jamais aussi fortement existé), et comme l’ont si bien signalé d’autres, il fallait faire la même chose lorsque la démocratie fut piétinée à Nouakchott. Il fallait crier au scandale, oeuvrer pour un blocus, militer pour sauvegarder les restes d’une démocratie en panne parce que, et c’est ce qu’ignorent ou font semblant d’ignorer les Occidentaux, à chaque fois qu’une démocratie est violée ou violentée quelque part dans le monde, c’est leur propre régime, leur manière de voir, leurs idéaux, leurs repères qui sont frappés. Il ne fallait surtout pas se taire au moment du putsch de Mauritanie pour venir aujourd’hui faire la pleureuse au chevet de la démocratie.

S’ils veulent manifester leur soutien aux droits de l’homme à Téhéran, disons simplement que ce qui se passe à Téhéran ne veut rien dire sur ce plan-là. Du moins pas devant ce qu’est en train de vivre le peuple palestinien à Ghaza où les aides humanitaires n’entrent que selon le bon vouloir des bourreaux israéliens. Ni ciment, ni bois, ni autres matériaux de construction ne sont tolérés aux passages qui demeurent fermés à une longue liste de produits si nécessaires pourtant. De quels droits de l’homme peut-on parler à Téhéran lorsqu’on tourne le dos à Ghaza ?

Parce que les droits de l’homme sont indivisibles, universels et indifférents aux races, aux rites, aux endroits, aux religions... il est déplacé qu’on justifie la campagne médiatique qui se focalise sur l’Iran par les droits de l’homme alors que, à Ghaza, on se tait, on ne dit rien sur ce que font les Israéliens et... certains Arabes.

Que Ahmadinejad remporte les présidentielles ou quelqu’un d’autre, cela ne peut être ni un problème de démocratie, ni un problème de droits de l’homme. C’est tout juste une information à donner avant de repartir pour... Ghaza où des innocents continuent de souffrir du silence de la communauté internationale plus que des Israéliens eux-mêmes.

Analyse