La reconnaissance de l'Etat palestinien par la Grande-Bretagne et la Suède relance le débat en France. Quatre cartes pour mieux comprendre l'enjeu.
La reconnaissance de la Palestine par le Parlement britannique, le 13 octobre 2014,puis par la Suède le 30 octobre, a relancé le débat en France. Le 11 décembre, le Sénat votera sur une proposition de résolution du groupe Communiste, républicain et citoyen (CRC) pour que la France «affirme solennellement son attachement au principe d’un Etat Palestinien viable, vivant en paix aux côtés de l’Etat d’Israël et exprime le souhait que la France reconnaisse l’Etat Palestinien souverain et démocratique».
Les députés socialistes préparent également une proposition de résolution. Ce vote, comme celui du Parlement britannique, serait surtout symbolique. Mais le gouvernement n’y est pas prêt : la France reconnaîtra l’Etat palestinien «le moment venu», mais cette décision doit être «utile à la paix» et non pas seulement«symbolique», avait temporisé mi-octobre le chef de la diplomatie Laurent Fabius. «La reconnaissance internationale de l’Etat palestinien» était pourtant l’un des 60 engagements du candidat Hollande en 2012.
Les chiffres de la Palestine comparée à Israël et la France
Aujourd’hui 135 pays ont reconnu l’Etat palestinien, selon l’Autorité palestinienne. La plupart des pays qui reconnaissent la Palestine l’ont fait à la suite de la proclamation de la création d’un «Etat palestinien» le 15 novembre 1988 par le Conseil national palestinien à Alger. La Suède est le premier pays de l’Union européenne actuelle à reconnaître la Palestine. Sept membres l’avaient reconnue avant leur entrée dans l’UE : la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre. Plusieurs pays d’Amérique latine ont franchi le pas en 2010, en partie pour marquer leur indépendance par rapport à la politique de Washington.
En novembre 2012, la Palestine a accédé au rang d’Etat observateur des Nations unies, avec le vote de la France mais contre l’avis des Etats-Unis qui craignent que la Palestine ne profite de ce statut pour accéder à la Cour pénale internationale (CPI) et réclamer une enquête sur des «crimes de guerre» perpétrés par les soldats israéliens dans les territoires occupés et la bande de Gaza.
FLAMBÉE DE VIOLENCE À JERUSALEM
Mercredi 5 novembre, Jérusalem a connu une de ses pires flambées de violence récentes avec une nouvelle attaque à la voiture bélier qui a fait un mort et des heurts sur le site ultrasensible de l’esplanade des Mosquées. Cette esplanade s’étend sur 14 hectares en surplomb de la Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur arabe occupé et annexé par Israël depuis 1967 et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat.
Le site, appelé par les musulmans Al-Haram al-Charif («Noble sanctuaire»), et Har HaBayit («mont du Temple») par les juifs, abrite la mosquée du Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa («la Lointaine», car c’est le sanctuaire le plus lointain où, selon la tradition musulmane, le prophète Mahomet se soit rendu). L’esplanade est le troisième lieu saint de l’islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la mosquée du Prophète de Médine, en Arabie saoudite. Elle est aussi le site le plus sacré du judaïsme.
UN ETAT BASÉ SUR LES «FRONTIÈRES DE 1967»
L'évolution de la Palestine de 1948 à nos jours
Quand, en 1948, David Ben Gourion proclame la création de l’Etat d’Israël dans une région jusqu’alors administrée par les Britanniques, c’est la guerre. Les pays arabes voisins (Egypte, Syrie, Jordanie, Irak) attaquent le nouvel Etat, marquant le début de la première guerre israélo-arabe. C’est une défaite pour les pays arabes, plusieurs centaines de milliers de Palestiniens sont contraints à fuir. L’armistice de 1949 acte la ligne de démarcation entre Israël et certains pays arabes voisins, la fameuse «ligne verte».
En juin 1967 éclate la guerre des Six-Jours. A l’issue du conflit, l’Etat hébreu triple sa superficie : Israël a conquis les territoires annexés par la Jordanie en 1949, ainsi que la bande de Gaza et le Golan syrien. Les Israéliens ont aussi annexé la Vieille Ville de Jérusalem qui devient capitale d’Israël, non reconnue par la majorité de la communauté internationale. C’est sur la base du tracé d’avant 1967, les fameuses «frontières de 1967», que les Palestiniens et leurs soutiens réclament un Etat indépendant.