la réponse à cette interrogation peut sembler difficile, en revanche, les gouvernements israéliens de façon unanime répètent inlassablement, année après année et ce, telle une incantation, leur opposition systématique à la création d’un Etat Palestinien indépendant ayant pour capitale Jérusalem Est. L’origine de ce conflit ne remonte ni, comme on l’entend souvent à juin 1967, ni au vote à l’ONU de la partition de la Palestine en 1947, mais bel et bien à la promesse du ministre britannique des affaires étrangères Balflour qui, publia le 2 novembre 1917, une longue lettre dans laquelle il indiquait que son gouvernement est disposé à créer en Palestine un "foyer national juif". A cette époque, en pleine première guerre mondiale, l’accord entre un parlementaire britannique et spécialiste du Moyen Orient, dénommé Sykes et le consul de France à Beyrouth et délégué à l’ambassade de France à Londres, dénommé Picot, vise à se partager les dépouilles de l’Empire Ottoman en Syrie, en Irak et en Palestine. Cet accord gravé dans l’histoire comme l’accord Sykes-Picot favorisera une négociation entre le Haut commissaire d’Egypte Sir Henry Mc Mahon, le responsable de la Mekke : Hussein Ibn Ali afin d’aider le nationalisme arabe contre l’Empire Ottoman. Henry Mc Mahon va jusqu’à promettre au responsable de la Mekke un Etat arabe englobant des villes de Syrie, d’Arabie et le Nord de l’Irak.
Le fils du reponsable de la Mekke : Fayçal Ibn Ali et le représentant du mouvement sioniste Chaim WEIZMANN signent un accord à Paris qui reconnait mutuellement la loi Balflour et la promesse d’un Etat palestinien indépendant, le texte dit "un Etat arabe" après la fin de la première guerre mondiale. Cet accord suscita une grande espérance, tant du coté palestinien que juif mais très vite la population arabe va comprendre le subterfuge lorsque la première guerre mondiale terminée, les Britanniques qui deviennent la puissance mandataire sur la Palestine favorisent des vagues importantes d’immigration juive sans concrétiser les termes de l’accord Fayçal/Weizmann. Les dirigeants du mouvement national palestinien comprennent très vite dès 1918 que la promesse de l’Etat arabe était devenue une chimère. Autrement dit le colonisateur britannique venait de trahir la parole non seulement donnée mais ratifiée dans un document. Aussi, lorsque l’ONU propose et vote un plan de partage de la Palestine en 1947, soit trente-six ans après la loi Balflour et la promesse d’un Etat arabe, le mouvement palestinien et la ligue arabe récusent ce principe, le mouvement sioniste l’accepte. De 1947 à la création de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948, le mouvement sioniste par le biais de ses organisations militaires va déclencher un climat de terreur au sein des populations palestiniennes à travers un conflit qui durera jusqu’au 7 janvier 1949. Selon les sources : 700.000 à 900.000 palestiniens fuiront les combats et se réfugieront dans des camps de fortune installés au Liban, en Syrie, Gaza, etc... Aujourd’hui, ces camps existent toujours et on y voit grandir la deuxième génération de réfugiés, bientot la troisième....
Plusieurs guerres tout au long du XXème siècle opposèrent dans un premier temps, les armées arabes et Israël. La guerre des six jours en 1967 accroit l’occupation israélienne sur les territoires de Gaza et de Cisjordanie. La résolution 242 des Nations-Unies exige le retrait des forces isréliennes de ces territoires. De 1967 à aujourd’hui, aucun gouvernement israélien n’appliquera cette injonction. Le conseil de sécurité vote des sanctions contre le président Poutine pour occupation illégale de La Crimée mais demeure sans voix lorsqu’il s’agit d’Israël. Dès 1964, le mouvement palestinien structure sa résistance autour de l’OLP, consacrée par l’ONU en 1974 comme le représentant unique et légitime du peuple palestinien. La guerre des pierres en 1986, montre à la communauté internationale la véritable nature de ce conflit, à savoir, une occupation de territoires palestiniens par un colonisateur appelé Israël. Les autorités israéliennes vont même jusqu’à encourager en 1987 la création du Hamas afin d’affaiblir l’OLP. Beaucoup de tractations secrètes, rencontres officielles, échanges divers aboutissent aux fameux accord d’Oslo de septembre 1993. Ces accords bien timides prévoient : Une autonomie sur la bande de Gaza, une série de retraits par étapes de six villes en Cisjordanie, installation d’une autorité dénommée Palestinienne sur 9 % des terres de la Cisjordanie alors que les Palestiniens en réclamaient, au minimium, 30 %. Malgré tous les efforts et concessions des Palestiniens, les dirigeants israéliens continuent l’implantation des colonies en Cisjordanie : plus de 400.000 colons sont prévus dès la fin 2014, décident en contradiction totale avec l’Autorité Palestinienne du nom de la capitale de l’hypothétique Etat palestinien : Abou Dis, une localité proche de Jérusalem Est.
Les accords d’Oslo perdent tout sens lors de l’offfensive lancée par le gouvernement israélien en 2002 dont le but est de détruire le quartier général du président Arafat et de le couper du monde. Ainsi, nous arrivons à la population de Gaza qui, le 25 janvier 2006 à travers une élection considérée comme démocratique par une mission de l’Union Européenne dépêchée sur place pour superviser le scrutin, donne la majorité absolue aux listes du Hamas, présentées sous le sigle : "changement et réforme." Le Hamas est un mouvement politique composée de musulmans mais aussi d’élus chrétiens. Dès la publication des résultats, L’union Européenne, les Etats-Unis et Israël, mécontents du choix démocratique du peuple palestinien imposent une stratégie du blocus économique afin d’asphyxier la population. La voix du peuple doit être respectée de la même manière à Paris, Londres, Alger, au Caire et tout naturellement en Palestine. En 2014, rien n’a changé, le blocus économique toujours présent oblige les habitants de Gaza à consentir des sacrifices énormes. Ce contexte explique la résistance du Hamas qui ne peut accepter, au nom des palestiniens de la Bande de Gaza une situation comparable à celle de Soweto en Afrique du Sud pendant les pires moments de l’Apartheid. Depuis 2009, les dirigeants israéliens ont déclenché quatre opérations de bombardements massifs et de destructions d’immeubles, d’hôpitaux, d’écoles, même celles sous tutelles de l’ONU sont visées avec leur cortège sanglant de victimes civiles pour la plupart, des personnels des Nations-Unies font partie de la liste des morts et des disparus sous les décombres. Plus de 2000 palestiniens viennent de perdre la vie, des milliers sont blessés, pendant ce temps, les chefs d’Etat et de gouvernements relayés par les medias officiels s’interrogent sur la durée de la trêve ! La Palestine a connu et connaîtra sans doute malheureusement de nouvelles trêves entrecoupées d’une volonté de destructions à grande échelle des infrastructures, des personnes et des biens...Le peuple palestinien ne nécessite nullement des trêves car se limiter à cet horizon présuppose une logique de guerre permanente.
La seule solution que tout le monde connaît mais dont Israël ne veut pas est la création d’un Etat palestinien indépendant et souverain ayant pour capitale Jérusalem Est. Tant qu’il y aura les réfugiés, les détenus, les blocus, les colonies, la "torture morale" des prisonniers palestiniens, la dépossession, les assassinats et l’occupation israélienne, la paix globale ne pourra être atteinte. Contrairement aux idées reçues, le conflit entre Israël et les Palestiniens n’est pas un conflit religieux mais la résistance légitime (incarnée à la fois par l’OLP et le Hamas) à une occupation illégitime exercée par les dirigeants israéliens pour qui, dans la continuité des affirmations de Golda Meir en 1967 :" il ne peut y avoir de problème palestinien puisque le peuple palestinien n’existe pas".
Je conclurai mon propos par cette citation de Abouna Manuel curé à Gaza de 1995 à 2009 : "Pourquoi les Occidentaux ont volontiers pitié de nous mais qu’ils votent toujours pour Israël". Luis-Nourredine PITA (Le Port).
Auteur anonyme - Courrier des lecteurs JIR du 9/9/2014