samedi 6 septembre 2014

Du vol ! Purement et simplement...

Regard sur le monde : Israël prend la terre, la Palestine perd la terre ; c’est la façon dont cela fonctionne.

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Les manifestations contre l’occupation et les expropriations en Cisjordanie sont toujours sévèrement et violemment réprimées par les troupes israéliennes, qui régulièrement n’hésitent pas à tuer - Photo : Activestills.org
Donc un peu plus de la Palestine a été avalée. Mille hectares de terres volées aux Palestiniens par le gouvernement israélien - une « appropriation » - c’est du vol, n’est-ce pas ? Et le monde a utilisé les formules habituelles. Les Américains ont trouvé ce vol « contre-productif » pour la paix, ce qui est probablement une réaction un peu moins forte que si le Mexique s’accaparait un morceau de 1000 acres au Texas et décidait d’y construire des maisons pour ses immigrants illégaux aux États-Unis. Mais il s’agit de « la Palestine » (entre des guillemets plus que jamais nécessaires) et Israël n’a cessé de voler, même si pas toujours à cette échelle - c’est le plus grand hold-up sur les terres palestiniennes en 30 ans, depuis qu’il a signé les accords d’Oslo en 1993.
La poignée de main Rabin-Arafat, les promesses de transferts de territoire et deretraits militaires, et la détermination de laisser tous les sujets les plus importants (Jérusalem, les réfugiés, le droit au retour) pour la fin, jusqu’à ce que tout le monde se fasse assez confiance pour que le tout devienne un jeu d’enfant... Pas étonnant que le monde ait accordé sa générosité financière aux deux protagonistes. Mais cette fois-ci l’accaparement des terres réduit non seulement la « Palestine », mais poursuit la construction du cercle de béton autour de Jérusalem pour couper les Palestiniens de la capitale qu’ils sont censés partager avec les Israéliens, et de Bethléem.
Il était instructif d’apprendre que le conseil israélo-juif Etzion ait considéré ce vol comme une punition pour l’assassinat de trois adolescents israéliens en juin. « L’objectif des meurtres de ces trois jeunes était de semer la peur parmi nous, de perturber notre vie quotidienne et de mettre en doute notre droit [sic] à la terre, » a annoncé le conseil Etzion. « Notre réponse est de renforcer la colonisation. » Ce doit être la première fois que la terre en « Palestine » a été accaparé non pas avec des excuses au sujet de la sécurité ou de prétendus actes de propriété - ou sous l’autorité personnelle et directe de Dieu lui-même - mais par pur esprit de vengeance.
Et cela pose un précédent intéressant. Si la vie d’un Israélien innocent - cruellement prise - est d’une valeur d’environ 330 acres de terre, alors une vie palestinienne innocente - tout aussi cruellement prise - doit certainement correspondre à la même valeur. Et si seulement la moitié des 2200 morts palestiniens de la bande de Gaza le mois dernier - et c’est un chiffre minimum - étaient considérés comme « innocents », les Palestiniens ont sans aucun doute maintenant le droit de prendre plus de 330 000 hectares de terres israéliennes, et en réalité beaucoup plus. Mais aussi « contre-productif » que cela pourrait être, je suis sûr que l’Amérique ne le supporterait pas. Israël prend des terres, les Palestiniens perdent la terre ; c’est la façon dont cela fonctionne. C’est ainsi depuis 1948, et c’est ainsi que cela va continuer.
Il n’y aura jamais de « Palestine » et le dernier vol de territoire est simplement un autre petit signe de ponctuation dans le livre des douleurs que les Palestiniens doivent consigner tout en rêvant d’un État croupion. Nabil Abu Rudeineh, le porte-parole du « président » palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré que son patron et les « forces modérées » en Palestine avaient été « poignardés dans le dos » par la décision israélienne, ce qui est un euphémisme. À ce compte-là, Abbas a le dos couvert de coups de couteau. Qu’attend-t-il d’autre après avoir écrit un livre sur les relations israélo-palestiniennes où il n’utilise pas une seule fois le mot « occupation » ?
Donc, nous sommes revenus au même vieux jeu. Abbas ne peut pas négocier avec personne, sauf s’il parle au nom du Hamas en même temps que de l’Autorité palestinienne. Comme Israël le sait. Comme le sait l’Amérique. Comme le sait l’Union Européenne. Mais à chaque fois que Abbas tente de mettre sur pied un gouvernement d’union, nous entendons tous hurler que le Hamas est une organisation « terroriste ». Et Israël dit qu’il ne peut pas parler à une organisation « terroriste » qui veut la destruction d’Israël - même si Israël a utilisé la même formule à propos d’Arafat et, à la même époque, a toléré que le Hamas construise plus de mosquées à Gaza et en Cisjordanie, comme contrepoids au Fatah et à tous les autres « terroristes » alors à Beyrouth.
Bien sûr, si Abbas ne parle que pour lui-même, Israël lui dira ce qu’il lui a dit auparavant : que s’il ne contrôle pas la bande de Gaza, Israël n’a personne avec qui négocier. Mais quelqu’un s’en soucie-t-il ? Il devrait y avoir un titre réservé sur tous les rapports à ce sujet : « Au revoir, la Palestine ».
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Robert Fisk est le correspondant du journal The Independent pour le Moyen Orient. Il a écrit de nombreux livres sur cette région dont : La grande guerre pour la civilisation : L’Occident à la conquête du Moyen-Orient.

http://www.independent.co.uk/voices...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib