Les activistes palestiniens ont repris lundi les tirs de roquettes
sur Tel Aviv, après 24 heures d'accalmie pour la capitale économique
d'Israël, et les bombardements se sont poursuivis sur la bande de Gaza
malgré les appels de plus en plus pressants à la négociation d'une
trêve.
L'armée israélienne a annoncé avoir abattu un drone tiré
de la bande de Gaza, au septième jour d'une offensive israélienne qui a
fait, selon les autorités médicales palestiniennes, 169 morts, dont 138
civils.
C'est la première fois qu'est signalée l'utilisation d'un
avion sans pilote par les mouvements palestiniens du territoire côtier.
Les
débris du drone, qui a été intercepté par un missile Patriot, sont
tombés près d'Ashdod, ville portuaire israélienne située à 25 km de la
bande de Gaza, a dit l'armée qui s'employait à déterminer s'il emportait
des explosifs.
La branche armée du Hamas, qui contrôle la bande
de Gaza depuis 2007, a dit avoir envoyé plusieurs drones chargés de
"missions spéciales" loin à l'intérieur du territoire israélien.
"Le
Hamas cherche l'exploit à n'importe quel prix", a déclaré le ministre
israélien de la défense, Moshe Yaalon. "Nous allons continuer à frapper
le Hamas et les autres organisations terroristes, jusqu'à ce que la
sécurité des Israéliens soit assurée."
Avions et navires
israéliens ont de leur côté ouvert le feu sur plusieurs dizaines
d'objectifs situés dans l'enclave palestinienne.
Selon l'armée
israélienne, une vingtaine de roquettes ont visé le territoire
israélien, faisant un blessé léger dans la ville d'Ashdod, où une maison
a été endommagée.
REPORT DE L'ESCALADE ANNONCÉE
A
Tel Aviv, les sirènes d'alerte ont de nouveau retenti et le système de
défense "Dôme de fer" est entré en action. Les autorités israéliennes
n'ont pas fait été de victimes ou de dégâts dans la ville.
On ne
notait pas d'escalade notable des attaques israéliennes dans le nord de
la bande de Gaza, où Israël avait menacé dimanche d'intensifier ses
frappes contre les sites de lancement de roquettes à Beit Lahiya et
avait appelé des milliers d'habitants à quitter les lieux.
Selon
l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de
Palestine (UNRWA), un quart des 70.000 habitants de la ville ont
obtempéré pour échapper aux bombardements.
Interrogé sur le report
des raids annoncés, un membre de l'état-major a déclaré sans plus de
précision que la situation était en cours d'évaluation.
La radio
militaire parle, elle, de "signes clairs" montrant que les mouvements
armés cherchent l'apaisement, sans toutefois citer de sources.
Par
la voix du secrétaire d'Etat John Kerry, les Etats-Unis ont à nouveau
proposé dimanche leur médiation, tout comme la France et l'Allemagne,
dont le ministre des Affaires étrangères était attendu lundi dans la
région.
L'Union européenne a dit être en contact avec "toutes les parties dans la région" afin d'obtenir une cessation des hostilités.
Ni
Washington ni les Européens ne sont toutefois prêts à négocier avec le
Hamas, qu'ils considèrent comme un mouvement terroriste, et, en
l'absence d'intermédiaires locaux, leurs efforts semblent avoir peu de
chances d'aboutir.
OUVERTURES
En 2012, la
précédente offensive israélienne dans la bande de Gaza s'était achevée
après une médiation de l'Egypte, alors gouvernée par les Frères
musulmans.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a
téléphoné à l'actuel président égyptien, Abdel Fattah al Sissi, pour lui
signifier que son pays était à ses yeux l'interlocuteur le plus
crédible auprès des deux camps.
Mais, depuis l'éviction des Frères
musulmans il y a un an, Le Caire est à couteaux tirés avec le Hamas,
soupçonné de collusion avec les groupes armés du Sinaï.
L'organisation
palestinienne évoque toutefois des ouvertures américaines relayées par
le Qatar ou par Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne. La
Turquie a également proposé d'intervenir, selon la presse israélienne.
John
Kerry s'est entretenu dimanche avec le Premier ministre israélien,
Benjamin Netanyahu, mais les services de ce dernier ont refusé de
révéler la nature de leur conversation. "Il n'est pas question de
considérer telle ou telle proposition", a assuré un membre du
gouvernement ayant requis l'anonymat.
L'Etat hébreu, a-t-il
poursuivi, va pour le moment poursuivre son offensive "pour ramener le
calme en infligeant des dégâts significatifs au Hamas et aux autres
organisations terroristes de la bande de Gaza".
"Netanyahu a
commencé cette guerre folle, c'est à lui d'y mettre fin", a affirmé
Izzat al Rechik, membre du Hamas, sur l'antenne d'Al Arabiya.
En
Israël, trois personnes - un homme de 29 ans et deux mineurs de 17 ans -
ont avoué avoir brûlé vif début juillet un jeune Palestinien de 16 ans
pour venger le meurtre de trois Israéliens au moins de juin.
Ces
deux affaires ont contribué à exacerber les tensions qui ont abouti au
déclenchement mardi dernier des hostilités, les plus meurtrières dans la
bande de Gaza depuis novembre 2012, lorsque 180 Palestiniens et six
Israéliens avaient péri.
(Avec Maayan Lubell et Dan
Williams à Jérusalem, Michael Georgy au Caire et Amena Bakr à Doha,
Jean-Philippe Lefief, Eric Faye et Simon Carraud pour le service
français)