Scandaleux ! Le Directeur de L’I.E.P (Institut d’Etudes Politiques) de Lyon interdit une conférence d’ Ivar Ekeland intitulée « Les relations universitaires franco-israéliennes : enjeux et perspectives » au motif que ce thème est jugée "potentiellement conflictuelle" .....
Les organisateurs (Génération Palestine et le Meg)
maintiennent cette conférence qui se tiendra dans le cadre de
l’"Israeli apatheid week" ce mardi 25 mars à 17h30 sur les quais du
Rhône à LYON, au niveau du pont de l’Université !
Ci-dessous le communiqué de Génération Palestine :"Thématique potentiellement conflictuelle" nous ont-ils dit. 18 mars 2014, 19:36
Nous sommes au mois de mars et comme chaque année, l’Israeli
Apartheid Week (IAW) se tient avec l’organisation d’une série
d’événements à travers le monde. Cette campagne internationale annuelle
vise à démontrer que l’Etat israélien repose sur un système
d’apartheid opprimant le peuple palestinien. Que se passe-t-il en
France ? Dans ce pays qui se vante de faire jouir pleinement ses
citoyen-ne-s de toutes les libertés fondamentales et qui aime se
présenter comme le « pays des droits de l’Homme », ce même pays qui
incite d’autres à suivre son modèle démocratique et à prendre la parole
au nom de la liberté d’expression, nous avons été censuré-e-s.
L’histoire se répète ; déjà à Lyon, le 2 mars 2012, avec nos
intervenants Mbuyiseni Ndlozi et Wassim Ghantous venus respectivement
d’Afrique du Sud et de Palestine, nous nous retrouvions à la rue où
nous donnions coûte que coûte notre conférence « Israël : un Etat
d’apartheid ? ». L’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Lyon, qui
s’était engagé à nous prêter ses locaux pour le 2 mars le temps de notre
conférence, avait cédé à des pressions (dont nous ne savons toujours
pas, au jour d’aujourd’hui, d’où elles venaient) en décidant d’évacuer
ses propres étudiant-e-s de ses locaux et de fermer l’institut sans
même daigner nous prévenir.
Malgré tout, nous avons une nouvelle fois tenté cette année de faire
une demande officielle de salle à l’IEP pour une conférence avec Ivar
Ekeland, mathématicien réputé, ex-Président de l’université
Paris-Dauphine et président de l’Association des Universitaires pour le
Respect du Droit International en Palestine (AURDIP). Après un long
échange de mails, l’IEP a décidé de refuser d’accueillir notre
conférence intitulée « Les relations universitaires
franco-israéliennes : enjeux et perspectives ». Motif de ce refus ?
« La thématique est jugée potentiellement conflictuelle ».
Cette interdiction et le motif qui l’accompagne sont
incompréhensibles. Que peut donc bien sous-entendre l’emploi de
l’expression « thématique conflictuelle » ? L’IEP n’ayant à ce jour pas
daigné répondre à cette question, nous nous hasardons à proposer ici
notre propre analyse.
Soit il renvoie à un trouble potentiel à l’ordre public, un motif qui
seul justifie l’interdiction d’une conférence. Cependant, nous avons
rappelé à la direction de l’IEP que deux conférences organisées dans le
cadre de l’IAW ont pu se tenir sans heurts au début du mois de mars.
L’une s’est déroulée à l’université Paris 8, tandis que la seconde,
intitulée « Apartheid israélien et luttes palestiniennes », s’est tenue
à Sciences Po Paris. L’IEP de Lyon lui-même avait accueilli dans ses
locaux une conférence intitulée « Palestine : étudier et enseigner sous
la colonisation » que nous avions organisée en octobre 2013. Des
dizaines d’autres conférences de ce type se tiennent régulièrement dans
les universités françaises depuis plusieurs années, sans qu’il n’y ait
eu à déplorer de « troubles à l’ordre public ».
Soit il insinue que l’organisation d’une conférence ayant pour thème
la colonisation israélienne en Palestine et le rôle des universités
françaises face à cette situation provoquerait un débat qui risque
d’opposer des avis potentiellement contradictoires et de fournir une
réflexion critique sur l’Etat d’Israël. Or, nous avons ici la
définition même d’un débat, qu’une université se doit d’encourager afin
d’aboutir à la formation d’esprits informés et critiques sur tout ce
qui s’est passé et se passe dans le monde. Mais le cadre universitaire
ne semble plus être l’espace d’analyses, de débats et de constructions
politiques qu’il devrait être.
Est-ce qu’étudier le politique doit se limiter à une analyse froide
et utilitariste des faits, des dates et des intérêts de chaque
protagoniste ? Ou est-ce que c’est réfléchir de manière critique à la
pertinence et la légitimité de ces faits, dates et intérêts ? Est-ce
que c’est analyser et parler d’hommes politiques, de partis et d’Etats,
ou est-ce que c’est aussi savoir se placer du point de vue des peuples
qui les subissent, les suivent ou les rejettent ?
La direction de l’IEP nous a aussi proposé de les rencontrer pour
« en parler plus en détails ». Mais nous ne voulons plus discuter avec
les censeurs. Nous avions déjà rencontré le directeur de l’IEP en mars
2012 après avoir été contraint-e-s de faire notre conférence en pleine
rue. Cela ne nous avait rien apporté et n’avait rien changé. Pour
preuve : deux ans après nous sommes à nouveau censuré-e-s.
Il est intéressant de noter que l’IEP propose depuis plusieurs années
un diplôme spécialisé sur le monde arabe contemporain, dans lequel le
processus historique de colonisation de la Palestine par Israël est
abordé. En outre, l’IEP n’a jusqu’à présent aucun partenariat avec une
université israélienne. Au contraire, il a entretenu pendant plus de
cinq ans un jumelage avec l’université palestinienne de Birzeit, en
Cisjordanie. Ces faits paraissent contradictoires au regard de
l’interdiction de notre conférence. En effet, ils indiquent que la
direction de l’IEP a une connaissance particulièrement poussée de la
situation vécue par les Palestinien-ne-s. Ce n’est donc pas par
ignorance mais bel et bien par un choix délibéré que la conférence a
été interdite. Nous ne pensons pas que ce choix de la part de la
direction de l’IEP est guidé par un quelconque « pro-sionisme », mais
plutôt par conformisme, par lâcheté et par peur de se voir catégorisé
« anti-israélien ». Ce mal semble répandu au sein des universités
françaises, dressant en véritable tabou toute réflexion critique sur la
situation en Israël/Palestine qui pourrait servir de base à un
engagement politique.
A présent, il s’agit moins de crier contre une censure que de
s’organiser pour continuer à diffuser cette dénonciation qui dérange
tant les défenseurs du sionisme.
Oui, l’Etat d’Israël est un Etat d’apartheid et la campagne de
Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) est un des outils dont le
mouvement de solidarité peut se saisir pour soutenir les
Palestinien-ne-s. Le système universitaire israélien participe
pleinement à la politique coloniale d’Israël ; c’est pourquoi la
campagne BDS s’est dotée d’un volet sur les coopérations universitaires
entre Israël et le reste du monde.
Oui, en se liant avec des universités israéliennes, les universités
françaises soutiennent la colonisation de la Palestine, elles
participent à banaliser, à normaliser les relations avec la force
occupante. A partir de là, l’université est un espace légitime
d’engagement et de lutte.
Oui, il ne s’agit pas seulement d’analyser de manière détachée le
régime d’apartheid israélien mais bien de construire une réflexion
politique propre à porter une solidarité concrète avec le peuple
palestinien. Nous ne voulons pas être des « experts » dont les
recherches servent d’abord les dominant-e-s, nous voulons produire des
savoirs dont nous pourrons nous saisir nous-mêmes pour agir
politiquement.
La lutte continue.pour l’auto-détermination du peuple palestinien et le droit au retour.
contre l’apartheid israélien et le racisme d’Etat dans nos sociétés.
contre les systèmes coloniaux, en Palestine comme ailleurs.
Génération Palestine Lyon