AFPS, dimanche 23 mars 2014
Les 1,7
millions d’habitants de la Bande de Gaza vivent, du fait du blocus et
des attaques incessantes de l’armée israélienne, une situation
insoutenable qui tourne à la catastrophe humaine et écologique
malgré l’énergie, la vitalité et l’envie de vivre des habitants de
Gaza.
Au-delà des déclarations qui condamnent le blocus de Gaza, il est
temps que la France et l’Europe mettent leurs actes en conformité avec
leurs paroles. Des exigences fortes doivent être portées par notre
gouvernement comme par l’Union Européenne vis-à-vis de l’Etat
d’Israël, pour la levée du blocus de Gaza, la liberté de circulation
de ses habitants, et le rétablissement du lien territorial entre la
Cisjordanie et Gaza. Ces exigences doivent être assorties de
sanctions si Israël ne s’y conforme pas.
Depuis plus de 6 ans, la Bande de
Gaza vit sous un blocus inhumain et illégal, imposé par l’Etat d’Israël,
puissance occupante, en violation flagrante de la quatrième
convention de Genève et des conventions pour les droits de l’Homme.
Ce blocus, associé aux attaques meurtrières de 2008-2009 et de 2012,
aux restrictions injustifiables à la pêche dans les eaux
territoriales de Gaza, à l’impossibilité de cultiver dans la zone
tampon décrétée
unilatéralement par Israël, ruine l’économie de Gaza et fait vivre
à sa population un calvaire insupportable. La fermeture des
tunnels, décidée par l’Egypte, a supprimé cette voie bien précaire
d’approvisionnement, stoppé net la reprise de l’activité de construction
du secteur privé, et
considérablement aggravé la situation des 1,7
millions de personnes qui vivent à Gaza. Et les bombardements par
l’aviation israélienne, les assassinats ciblés, les attaques de la
marine contre les pêcheurs, les tirs de l’armée contre les paysans,
n’ont jamais cessé.
Un an après le cessez-le feu qui a suivi l’opération militaire d’Israël contre Gaza en novembre 2012, l’ONU constate que la situation des Palestiniens de Gaza s’est encore considérablement dégradée.
Et l’UNRWA (organisation de l’ONU
pour l’aide aux réfugiés palestiniens) ne peut plus faire face aux
besoins d’urgence compte tenu de ses moyens financiers. Même les
constructions ou reconstructions d’écoles ont dû être stoppées faute
de matériaux de construction. Les services hospitaliers sont
sévèrement atteints, et les égouts se déversent dans les rues faute
d’énergie pour le pompage. L’eau est impropre à la consommation dans 95% des cas, avec une perspective de destruction irrémédiable de la nappe phréatique à court terme.
Aux autorités égyptiennes, il faut demander de rouvrir largement
aux personnes le terminal de Rafah, et de l’ouvrir aux marchandises,
mesure rendue urgente par la destruction des tunnels qu’ils
ont décidée.
Mais le premier responsable de la situation à Gaza est l’Etat
d’Israël, puissance occupante au sens du droit international, et
tenu de ce fait par les obligations de la 4ème
convention de Genève.
Gaza est victime d’une stratégie délibérée d’Israël pour l’étrangler,
ruiner son économie et son environnement, et l’isoler du reste de la
Palestine. Et cela, alors que les habitants de Gaza demandent avant
tout de pouvoir travailler, étudier, produire, exporter et importer,
échanger avec le reste du monde comme dans tous les pays de la planète
et accéder à leurs droits légitimes.
Les déclarations qui condamnent le blocus de Gaza ou demandent
qu’il soit levé au plus vite sont nombreuses de la part de l’Europe,
des Nations-Unies et de la France (même si nous regrettons l’absence
de déclaration publique sur ce point lors de la visite du Président de
la République en Israël et Palestine en novembre 2013).
Il est temps de mettre les actes en conformité avec les paroles. Il
n’est plus possible de s’en tenir à quelques gestes humanitaires,
comme si Gaza était victime d’une catastrophe naturelle, sans
s’attaquer
au blocus et à l’occupation. Le blocus de Gaza doit être levé, la
liberté de circulation pour les personnes et pour les marchandises
doit être rétablie dans les deux sens aux postes frontières avec
Israël, les zones
de pêche et de culture rétablies, une liaison assurée entre la Bande de
Gaza et la Cisjordanie. Un plan d’urgence doit être adopté pour
l’eau, en limitant strictement les prélèvements d’eau par Israël
entre la
Cisjordanie et Gaza, et en assurant un approvisionnement d’urgence
de Gaza en eau potable.
Au-delà de ces mesures d’urgence, Gaza a le droit de vivre : son
aéroport doit être reconstruit, les travaux du port démarrés, la
liaison permanente et sécurisée entre Gaza et la Cisjordanie
assurée
comme prévu par les accords d’Oslo, des ressources en eau mobilisées
en proportion du nombre d’habitants. C’est, au-delà de la résolution
de la crise actuelle à court terme, un ensemble d’objectifs
essentiels sans lesquels aucune paix ne sera juste et durable.
Ces exigences doivent être portées fermement par la France et
l’Europe, elles doivent être assorties de sanctions si Israël ne s’y
conforme pas.
Le Bureau National