Khaled Walid Mahmoud
De temps à autres, le Premier ministre
israélien appelle les palestiniens à reconnaitre « Israël » comme un
pays juif. C’est une condition pour établir l’Etat palestinien à la
souveraineté bafouée.
La dernière déclaration de Netanyahu a
été tenue lors de son discours au Congrès annuel du comité des
relations extérieures américano-israéliennes, l’AIPAK. Il déclarait « Président Abbas ; reconnait l’Etat juif… et dis aux palestiniens de délaisser l’illusion de noyer Israël avec les réfugiés ». Toujours s’adressant à Abbas il ajoute : « La reconnaissance de l’Etat juif, prouvera que tu es totalement prêt pour mettre fin au conflit ».
C’est une allusion à une question sensible qui est devenu un point
important dans les négociations de paix menées par les États-Unis.
De telles déclaration tirent la sonnette
d’alarme, et relie la création de l’Etat palestinien à l’obligation des
arabes de reconnaitre le caractère juif d’Israël. C’est une évolution
grave et porte dans ses entrailles une forme de dévouement aux discours
de l’extrême droite israélienne qui refuse la paix, et l’existence
même des palestiniens.
En conséquence nous pouvons affirmer que :
le fait de croire au caractère juif d’Israël était une chose acquise
pour les américains et les fondateurs d’Israël depuis les premiers
instants. Sauf que la reconnaissance [du caractère juif d’Israël] des
palestiniens en premier lieu, puis des pays arabes a de nombreux impacts
qui ont fait qu’Israël attende le moment propice pour proposer cette
condition. Ces impacts sont l’abandon du droit au retour [des refugiés]
et les restrictions sur les arabes de 48 pour les chasser par la suite.
C’est pourquoi on songeait à « la solution des deux Etats » avec un Etat
juif et un autre palestinien. Le but derrière cela est d’assurer le
caractère juif de l’Etat d’Israël, ainsi que la séparation nette des
palestiniens afin de les couper du monde pour ne pas qu’ils imposent aux
israéliens le choix de l’Etat unique lorsque la démographie jouera en
faveur du peuple palestinien.
L’obsession du caractère juif de l’Etat ne
cesse d’être promue au sein des élites gouvernantes et dominantes en
Israël. Il semble que le recul des ambitions du premier projet sioniste
et des premiers fondateurs qui avaient assuré le caractère juif de
l’Etat hébreux et qui n’ont jamais hésité à renverser les slogans de
libération et de construction de l’Etat démocratique tout en préservant
l’identité juive de l’Etat, à trouver aujourd’hui sa résonnance dans les
différents partis politiques israéliens ainsi que dans des secteurs
variés de l’institution politique et militaire, voire même dans les
académies israéliennes. Il semble aussi que le but d’évoquer cette idée
aujourd’hui est la consécration et la consolidation du caractère juif de
l’Etat d’Israël. C’est-à-dire que c’est un pays pour les juifs et non
pour ses citoyens ce qui entraine, en réalité, la reconnaissance du
racisme.
Nul doute que la reconnaissance du
caractère juif d’Israël induit l’acceptation de la version israélienne
et à toutes les légendes sur lesquelles ce pays s’est construit, comme :
tout le territoire palestinien appartient aux juifs, aucun droit pour
les arabes et les musulmans sur ces terres, mais aussi, considérer que
toute l’histoire islamique et arabe qui a un lien avec la Palestine et
la ville de Jérusalem n’est pas vraie.
L’acceptation du caractère juif d’Israël et
une acceptation de toutes les fabrications du mouvement sioniste et sa
volonté de nier toute forme de civilisation en Palestine et leur
prétention que c’est la « terre promise » au peuple juif. C’est pourquoi
il est nécessaire de prendre conscience qu’il n’y a pas lieu d’entamer
des négociations avec un gouvernement extrémiste afin de trouver une
solution politique avec Netanyahu dont l’idéologie est « la sécurité
d’abord » et « la paix économique » et dont la création de l’Etat
palestinien selon ses critères, sur une partie de la Cisjordanie plus ou
moins large selon ses envies du moment, ne dérangerait pas. Mais il
faut que cela ait lieu en contrepartie de sommes faramineuses que
paieraient les palestiniens sur le dos des « droits des réfugiés et la
ligne du 4 juin », de Jérusalem, des eaux et de la souveraineté.