OLJ/Agences | 12/10/2011
Au lendemain de l'accord historique conclu par Israël avec le Hamas pour
la libération de Gilad Shalit, et alors que les proches du soldat ont
célébré l'accord une bonne partie de la nuit, certains commentateurs
israéliens exprimaient ce matin leurs réserves sur "le prix à payer"
pour le retour de ce tankiste de 25 ans enlevé il y a plus de cinq ans.
Israël et le Hamas ont révélé hier avoir conclu un accord sous
médiation égyptienne pour échanger le sergent franco-israélien contre
1.027 détenus palestiniens, dont 27 femmes. Le gouvernement israélien,
réuni en séance d'urgence, a entériné cet accord par 26 voix contre
trois. Selon le chef du Hamas en exil à Damas, Khaled Mechaal, l'échange
doit se dérouler en deux phases : 450 détenus seront libérés "dans une
semaine" et 550 autres "dans deux mois". Le chef du service de sécurité
intérieure israélien, le Shin Beth, a précisé que sur les 450, 163
détenus de Cisjordanie seraient expulsés vers la bande de Gaza et 40
vers des pays étrangers, alors que le Hamas refusait toute mesure de
bannissement.
Pour le journal national-religieux Makor Rishon, l’équation se
résumait ainsi : "Une bonne nouvelle pour la famille, une mauvaise pour
l'Etat". "Le prix est excessif. Les risques sont grands et c’est un
précédent déplaisant mais un Etat qui pendant cinq ans est incapable de
sauver un de ses soldats de la captivité par d’autres moyens n’a pas
d’autre choix que de payer le prix", estimait, pour sa part, Nahum
Barnéa, un des éditorialistes israéliens les plus influents, dans le
tabloïd à grand tirage Yediot Aharonot. "Le Hamas a montré aux
Palestiniens que la voie du terrorisme est la meilleure. Chaque jeune
Palestinien saura qu’on peut tuer des juifs et se retrouver libre en
vertu d'un marchandage. Et tout cela avant même de faire le décompte des
futures victimes", regrettait aussi le Maariv, alors qu'un
éditorialiste du même journal dénonçait carrément une "capitulation".
Les faucons nationalistes du cabient Netanyahu, Avigdor Lieberman
(Affaires étrangères), Ouzi Landau (Infrastructures) et Moshé Yaalon
(Affaires stratégiques), se sont opposés à l'accord d'échange.
D'autres médias estimaient néanmoins que, sur le plan politique,
Benjamin Netanyah sort grandi de l'épreuve. Même le Haaretz (gauche),
quotidien d'opposition, a salué "la décision la plus difficile de sa
vie". "Depuis 30 mois qu’il est au pouvoir, il n’a pas lancé de guerre,
il n’a pas fait la paix, il n’a pas trouvé de solutions pour apaiser le
mouvement de contestation sociale, mais il restera dans l’Histoire comme
le Premier ministre qui a ramené Gilad Shalit à la maison", écrit Yossi
Verter, un des plus virulents critiques de la politique de Netanyahu.
Gilad Shalit, qui a aussi la nationalité française, a été enlevé en
juin 2006 par un commando de trois groupes armés palestiniens, dont la
branche militaire du Hamas. Il est depuis détenu au secret. Le Hamas
voulait l'échanger contre un millier de Palestiniens, mais les
négociations achoppaient sur l'identité des détenus concernés et le lieu
de leur libération, le gouvernement israélien se refusant à relâcher en
Cisjordanie des Palestiniens impliqués dans des attentats. Des
centaines de Palestiniens détenus par Israël -sur un total de plus de
6.000- participent depuis le 27 septembre à une grève de la faim pour
protester contre l'isolement carcéral.