Il
apparaît clairement que le président américain
Barack
Obama n’a pas bien lu l’histoire lorsqu’il s’est
aligné tout au début de la révolution sur le régime de
l’ex-président Hosni Moubarak. Encore une fois, il a prouvé
qu’il était contre le mouvement de l’Histoire, lorsqu’il a
refusé la demande palestinienne officielle d’adhésion à
l’Onu.
L’administration d’Obama a été
incapable en janvier dernier de voir pertinemment bien le
vent de changement qui soufflait à peine sur le monde arabe.
Elle a été pour ainsi dire aveuglée par des considérations
électorales relatives aux voix des juifs aux prochaines
présidentielles. Vraisemblablement, elle n’a pu réaliser que
la demande de la Palestine d’adhérer à l’Onu et l’appui
international qui a été son lot ne sont que le résultat
direct du printemps arabe qui ne devait pas être une
surprise pour une superpuissance comme les Etats-Unis qui
effectuent des études et qui calculent les évolutions.
Pour que nos analyses concernant la position américaine
vis-à-vis de la cause palestinienne ne soient pas
lacunaires, nous devons dire que les motifs de l’oncle Sam
ne relèvent pas uniquement des considérations électorales.
D’autant plus que les mutations majeures dont témoigne la
région arabe pour l’heure — qui est sur le point d’en
connaître d’autres prochainement — ont incité Washington à
s’attacher à Israël, qui fait figure d’allié régional
permanent, même s’il est dirigé par Benyamin Netanyahu, qui
ne conforte pas tellement Obama.
Les Etats-Unis ont perdu certains de leurs plus importants
alliés dans la région qui ont été renversés par le vent de
changement qui a accompagné la révolution tunisienne l’année
dernière et qui a consacré la chute du président tunisien
Zineddine Ben Ali. Ensuite, ce
fut au tour de la révolution égyptienne qui a éclaté au
début de l’année courante de renverser Moubarak. Et la chute
des régimes alliés des Etats-Unis se poursuit, ce qui met
Washington bien sûr dans une grande inquiétude en ce qui
concerne l’avenir de sa présence dans la région et la
garantie de ses intérêts politiques et économiques.
Au beau milieu de cette situation instable, où les lignes
démarquant les appartenances restent floues ainsi que les
tendances des prochains régimes qui se substitueraient aux
anciens qui ont dégringolé sous l’effet des révolutions
arabes, il s’avère que l’allié israélien est l’unique
élément de stabilité pour les intérêts américains.
Mais il s’agit là d’une vision courte de vue, nous
remémorant une vision semblable portée par l’administration
américaine à l’ancien régime égyptien face à une révolution
en ébullition.
Washington, en se dressant de cette manière évidente devant
la demande arabe appuyée par une demande internationale
exhortant la mise à jour du rêve palestinien, incite les
nouveaux régimes arabes à prendre une position hostile à son
égard et à leur politique dans la région pour ne pas
susciter la colère populaire alimentée par le discours d’Obama
à l’Onu ainsi que la politique que suit son pays au sein de
l’organisation internationale. Celle-ci consiste à faire
pression sur les pays membres pour rejeter l’adhésion de la
Palestine à l’Onu.
Il est étrange que la résolution n°181, relative au partage
de la Palestine en un Etat juif et un autre arabe, décrétée
par les Nations-Unies en novembre 1947,
avait failli trébucher, sans les efforts exercés à
l’époque par les Etats-Unis sur trois Etats qui étaient sous
son emprise : le Liberia, les Philippines et Haïti.
Aujourd’hui, les Etats-Unis exercent la même pression sur
trois autres pays qui ne sont pas totalement sous sa coupe,
appartenant à l’OCI (Organisation de la Conférence
Islamique), à savoir le Gabon, le Nigeria et la
Bosnie-Herzégovine. Bien que la différence cette fois-ci
soit que les pressions sont exercées dans la direction
opposée pour empêcher l’autre partie d’obtenir l’Etat
stipulé par la résolution de partage.
En réalité, les Etats-Unis dans leur position se dressent
ainsi devant toute l’opinion mondiale. Aujourd’hui, les
Etats-Unis tentent d’exercer une pression sur ces trois pays
membres du Conseil de sécurité, pour empêcher le vote des 9
voix nécessaires à la soumission de ce dossier devant
l’Assemblée générale. Il suffisait que l’Assemblée générale
qui soutient la résolution à une majorité écrasante mette en
garde l’administration américaine contre une telle politique
qui n’accroît pas uniquement l’isolement d’Israël, mais qui
consacre également leur propre isolement du mouvement de
l’Histoire qui est toujours dans l’intérêt des peuples, loin
des intérêts politiques des grandes puissances.
La cause de la Palestine aux Nations-Unies était l’épreuve
pratique n°1 vis-à-vis des directives que retrace la
nouvelle politique américaine qu’a affichée son président
dans son discours au Caire, quelque temps après son
investiture. Un discours qui s’est éclipsé malheureusement
d’une manière honteuse, cédant la place à la politique
américaine traditionnelle qu’il avait promis de changer.
Par ce comportement, il ne s’est pas uniquement attiré
l’hostilité du peuple palestinien, mais également des
peuples arabes. Ceux qui ont pu atteindre le printemps arabe
dont ils rêvaient et ceux qui sont en voie de l’atteindre,
suivant le cours de l’Histoire qu’Obama
a du mal à saisir.