Artistes de Gaza
Vous avez chanté autrefois votre complainte des soldats partant en guerre, « En rang, soldats de l’amour », en les exhortant, « Partez au nom de l’amour ». Et pourtant vous projetez d’aller divertir les forces armées israéliennes...
Vendredi 18 novembre 2011
Gaza assiégée, Palestine occupée
Chère Mireille Mathieu,
Nous sommes un groupe d’artistes, musiciens et chanteurs
de Gaza. Nous avons appris que vous projetiez de donner un spectacle
dans l’Israël de l’Apartheid ! Pour nous cela a été une surprise,
considérant vos positions contre la guerre, et une musique qui se voue à
dénoncer ce genre d’agressions que nous, Palestiniens, vivons jour
après jour sous l’occupation militaire de la quatrième puissance
militaire du monde. Vous avez chanté autrefois votre complainte des
soldats partant en guerre, « En rang, soldats de l’amour », en les exhortant, « Partez au nom de l’amour ».
Et pourtant vous projetez d’aller divertir les forces armées
israéliennes qui contrôlent, limitent et abaissent notre existence
elle-même, et beaucoup d’entre ces soldats seront dans la foule pour
laquelle vous avez l’intention de chanter. En ce moment même, des
soldats israéliens commettent en toute impunité toutes sortes de crimes
de guerre largement établis contre nous, la population indigène de
Palestine.
Nous vous demandons, maintenant, de prendre en
considération notre appel à boycotter le seul régime d’apartheid au
monde qui nous garde emprisonnés (1).
De l’intérieur de ce que les principales organisations pour les droits
de l’homme appellent la plus grande prison à ciel ouvert de l’histoire
contemporaine, nous vous le disons, il faut que cessent ces cinq ans de
blocus d’Israël et ces 63 ans de dépossession et de nettoyage ethnique.
D’ici-là, nous comptons sur les personnes de conscience, et notamment
les artistes et musiciens, pour prendre position et refuser de se
produire en Israël.
Vous êtes connue comme une personne ayant de la
compassion, qui est passée par la pauvreté et les privations ; votre
propre mère était une réfugiée. Imaginez alors la vie que nous avons
dans Gaza ! Plus des deux tiers d’entre nous sommes des réfugiés
reconnus par les Nations-Unies, victimes d’un nettoyage ethnique et
jetés hors de nos maisons par la toute nouvelle armée israélienne en
1948, pour aller vivre le reste de notre vie dans le camp de
concentration de Gaza. Des millions d’autres réfugiés, vivant en exil,
se voient toujours privés de leur droit à revenir dans leur foyer et de
revoir leurs êtres chers, à cause de la politique d’Israël qui entrave
nos déplacements et de son refus à se conformer au droit international.
Avec le patrimoine de musique et de
danse qui est le nôtre et que nous aimons faire vivre en scène, nous
sommes privés des instruments, de la possibilité d’accueillir des
spectacles internationaux et de faire connaître notre musique à
l’étranger.
Cinq années de blocus continu de la bande de Gaza où
nous vivons ont rendu notre existence encore plus insupportable, elles
réduisent au minimum les nourritures et les gens qui pénètrent dans
Gaza, provoquant de graves pénuries de vivres, de produits de base et de
matériaux essentiels comme le ciment, indispensable à la reconstruction
des 17 000 maisons détruites par les attaques israéliennes. Nos blessés
et nos malades ne sont pas autorisés à aller à l’étranger recevoir
toutes sortes de traitements médicaux devenus indisponibles à Gaza :
ainsi, 600 malades sont décédés parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix
que de rester dans la bande de Gaza assiégée, où ils vécurent leurs
derniers jours, au désespoir de leurs familles. Pour nous, musiciens,
avec le patrimoine de musique et de danse qui est le nôtre et que nous
aimons faire vivre en scène, nous sommes privés, par le siège israélien
des instruments, de la possibilité d’accueillir des spectacles
internationaux et de faire connaître notre musique à l’étranger. Le
blocus aérien, terrestre et maritime d’Israël sur toutes nos frontières
fait que depuis des années, les instruments de musique sont interdits
d’entrer dans Gaza (2).
En plus de ce siège barbare, pendant l’hiver 2008/2009,
Israël a attaqué Gaza, commettant des crimes de guerre et des violations
des droits humains contre une population dont plus de la moitié, soit
800 000 êtres humains, se compose de mineurs. Durant cet assaut sans
merci qui dura 23 jours, 1417 personnes ont été tuées, dont des
centaines d’enfants, et plus de 5500 furent blessées. Ces crimes odieux
ont été rapportés en détail dans un rapport des Nations-Unies, le
rapport Goldstone (3).
Face à une conspiration internationale du silence, la
société civile palestinienne, quasi unanimement, a appelé les artistes
de niveau international à refuser de se produire en Israël, dans le
cadre d’une campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions),
méthode non violente visant à ce qu’Israël soit tenu responsable de ses
violations des normes relatives à l’égalité et aux droits des êtres
humains et auxquelles sont coutumières toutes les nations modernes.
Votre spectacle en Israël serait un rejet de cet appel qui est celui de
tout le mouvement BDS mondial. Un mouvement qui comprend des centaines
de vos fans luttant pour la justice pour le peuple palestinien à travers
la campagne BDS. L’appel BDS est aussi approuvé par beaucoup de héros
anti-apartheid d’Afrique du Sud, tel l’archevêque Desmond Tutu qui a
qualifié d’« inadmissible » (4) le spectacle de Cape Town Opera, sud-africain, présenté en Israël au début de cette année.
Une foule de musiciens de renommée internationale a déjà
rejoint cet appel en refusant de se produire en Israël, notamment
Carlos Santana, Annie Lennox, Faithless, Elvis Costello, les Pixies, Gil
Scott Heron, Massive Attack, Leftfield, Gorillaz Sound System, Bono,
Snoop Dogg, Jean-Luc Godard, Devendra Banhart. Roger Waters des Pink
Floyd, autre icône des années soixante qui se dévoue contre la guerre et
l’oppression, a écrit une lettre annonçant son soutien au boycott
culturel d’Israël. Il dit que selon son opinion, « ...le
contrôle épouvantable et draconien qu’Israël exerce sur les
Palestiniens assiégés dans Gaza, et sur les Palestiniens en Cisjordanie
occupée, ajouté à son déni des droits des réfugiés à revenir dans leurs
foyers en Israël, exige que les gens empreints d’honnêteté à travers le
monde soutiennent les Palestiniens dans leur résistance civile, non
violente » (5).
Nous vous demandons de rejoindre leur combat, notre
combat pour les droits fondamentaux des êtres humains, pour l’égalité et
la justice. Il est temps pour le monde d’agir réellement pour que
cessent les crimes de guerre d’Israël contre les enfants, les femmes et
les hommes ; il est temps pour les personnes de conscience de se placer
du bon côté de l’histoire en refusant de cautionner les crimes de guerre
de l’État israélien.
Nous, musiciens, chanteurs et artistes palestiniens, ici
dans le ghetto de Gaza, nous espérons profondément qu’un jour, nous
aurons tous les droits qui nous sont refusés et auxquels tout musicien a
légitimement droit, c’est tout ce que nous demandons. Nous ne serons
pas parmi le public qui assistera à votre concert à Tel Aviv !
Nous vous exhortons à dire oui à l’appel palestinien
pour un boycott de l’Israël de l’apartheid, jusqu’à ce que ce pays
respecte le droit international ; nous vous demandons de vous mettre du
bon côté de l’histoire et de vous abstenir de divertir un régime qui a
commis, et continue de commettre, des crimes de guerre et des crimes
contre l’humanité. Accepterez-vous de revenir sur votre projet ?
[1] http://www.pacbi.org/etemplate.php?...
[2] http://www.gazagateway.org/tag/musi...
[3] http://www2.ohchr.org/english/bodie...
[4] http://www.guardian.co.uk/global/20...
[5] http://www.bdsmovement.net/2011/wat...
Lettre signée par :
[2] http://www.gazagateway.org/tag/musi...
[3] http://www2.ohchr.org/english/bodie...
[4] http://www.guardian.co.uk/global/20...
[5] http://www.bdsmovement.net/2011/wat...
Lettre signée par :
Mohammed Musa (chanteur)
Mohammed Shahwan (violoniste)
Yousuf Fares (jouer d’oud)
Saadullah El Banna (chanteur)
Khamis Wafi (musicien)
Wael Wafi (musicien)
Isam Banna (joueur d’oud)
Said Wafi (musicien)
Khaled Faraj (chanteur)
Mohammed Shaath (violoniste)
Mohammed Assaf (chanteur)
Fahmy Saqqa (chef d’orchestre)
Mounir Hallaq (violoniste)
Jammal Abu Shammala (chanteur)
Mohammed Ahmed (chanteur)
Fedaa Jerjawi (chanteur)
Amjad Masri (tambours)
Jaber El Hajj (guitariste)
Mahmoud Nawajha (joueur d’oud)
Belal Shaaer (musicien)
Issa Abu Oudeh (tambours)
Jamal Abu Oudeh (chanteur)
Khaled Salim (chanteur)
Ahmed Musran (Musician)
Mohammed Najjar (flutiste)
Mohammed Abu Ghalioun (musicien)
Fawqi Jawadeh (joueur de kanoun)
Shadi El Aqqad (musicien)
Basem El Haj (tambours)
Emad Masoud (chanteur)
Bassam Abu Jiab (chanteur)
Fadl Lelli (compositeur)
Samir Shataly (chorégraphe)
Ismail El-Agha (musicien)
Naim Nasr (compositeur)
Samir Mousa (chanteur)
Ibrahim Zinaty (musicien)
Ibrahim Lulu (joueur d’oud)
Mohammed Abu Eisha (musicien)
Basem Shakhsa (chef d’orchestre)
Salah Abu Hamad (compositeur)
Akram Ubaid (directeur)
Soud Mohanna (directeur)
Wael Yazji (compositeur)
Mohammed El Masri (compositeur)
Hassan Kharoubi (musicien)
Akram Hassan (chanteur)
Mohammed Bardawil (joueur d’oud)
Rami Okasha (chanteur)
Samir Shatali (chorégraphe)
Ali Abu Yasin (directeur)
Zuhair Balbisi (acteur)
Sami Sattoum (acteur)
Hassan Khatib (acteur)
Inas Saqqa (actrice)
Majeda Taleb (actrice)
Hazem Abu Humaid (directeur)
Wael Hajjou (acteur)
Jawad Harrouda (acteur)
Said Eid (directeur, acteur)
Rami Abu Shawish (acteur)
Mervat Hafez (actrice)
Hassan Aydi (directeur)
Abdulnaser Eid (acteur)
Mohammed Lelli (acteur)
Fadi Ledawi (acteur)
Daoud El Haj Ahmed (joueur d’oud)
Mohammed Abu Sido (directeur)
Ahmed Abu Nasr (dramaturge)
Mohammed Abu Nasr(dramaturge)
Mohammed Shahwan (violoniste)
Yousuf Fares (jouer d’oud)
Saadullah El Banna (chanteur)
Khamis Wafi (musicien)
Wael Wafi (musicien)
Isam Banna (joueur d’oud)
Said Wafi (musicien)
Khaled Faraj (chanteur)
Mohammed Shaath (violoniste)
Mohammed Assaf (chanteur)
Fahmy Saqqa (chef d’orchestre)
Mounir Hallaq (violoniste)
Jammal Abu Shammala (chanteur)
Mohammed Ahmed (chanteur)
Fedaa Jerjawi (chanteur)
Amjad Masri (tambours)
Jaber El Hajj (guitariste)
Mahmoud Nawajha (joueur d’oud)
Belal Shaaer (musicien)
Issa Abu Oudeh (tambours)
Jamal Abu Oudeh (chanteur)
Khaled Salim (chanteur)
Ahmed Musran (Musician)
Mohammed Najjar (flutiste)
Mohammed Abu Ghalioun (musicien)
Fawqi Jawadeh (joueur de kanoun)
Shadi El Aqqad (musicien)
Basem El Haj (tambours)
Emad Masoud (chanteur)
Bassam Abu Jiab (chanteur)
Fadl Lelli (compositeur)
Samir Shataly (chorégraphe)
Ismail El-Agha (musicien)
Naim Nasr (compositeur)
Samir Mousa (chanteur)
Ibrahim Zinaty (musicien)
Ibrahim Lulu (joueur d’oud)
Mohammed Abu Eisha (musicien)
Basem Shakhsa (chef d’orchestre)
Salah Abu Hamad (compositeur)
Akram Ubaid (directeur)
Soud Mohanna (directeur)
Wael Yazji (compositeur)
Mohammed El Masri (compositeur)
Hassan Kharoubi (musicien)
Akram Hassan (chanteur)
Mohammed Bardawil (joueur d’oud)
Rami Okasha (chanteur)
Samir Shatali (chorégraphe)
Ali Abu Yasin (directeur)
Zuhair Balbisi (acteur)
Sami Sattoum (acteur)
Hassan Khatib (acteur)
Inas Saqqa (actrice)
Majeda Taleb (actrice)
Hazem Abu Humaid (directeur)
Wael Hajjou (acteur)
Jawad Harrouda (acteur)
Said Eid (directeur, acteur)
Rami Abu Shawish (acteur)
Mervat Hafez (actrice)
Hassan Aydi (directeur)
Abdulnaser Eid (acteur)
Mohammed Lelli (acteur)
Fadi Ledawi (acteur)
Daoud El Haj Ahmed (joueur d’oud)
Mohammed Abu Sido (directeur)
Ahmed Abu Nasr (dramaturge)
Mohammed Abu Nasr(dramaturge)
18 novembre 2011 - The One Democratic State Group - traduction : JPP