Marc Henry - Le Figaro
Les exactions non revendiquées sont attribuées par la police à l’extrême droite militante.
Les exactions anti-Arabes
attribuées aux ultras de l’extrême droite se multiplient en Israël.
Durant le week-end, la police a découvert plusieurs dizaines de tombes
musulmanes et chrétiennes profanées à Jaffa, au sud de Tel-Aviv.
Benyamin Nétanyahou, le premier ministre, ainsi que le président, Shimon
Pérès, ont aussitôt dénoncé ces « actes de vandalisme ». Certains
commentateurs ont, pour leur part, agité le spectre d’un « djihad juif »
(une guerre sainte) mené par des têtes brûlées qui « jouent avec le
feu », comme le titrait dimanche le Yédiot Aharonot, le plus grand
quotidien du pays.
Le ton adopté est d’autant plus alarmiste que cet
incident est loin d’être isolé. La semaine dernière une mosquée a été
incendiée dans une localité bédouine de Galilée, dans le nord du pays.
Auparavant des inconnus avaient tenté de mettre le feu à plusieurs
autres lieux de culte musulmans dans les localités palestiniennes de
Cisjordanie. Des centaines d’oliviers appartenant à des Palestiniens ont
été déracinés.
Ces agressions n’ont pas épargné Tsahal. Pour la
première fois, le mois dernier, des inconnus se sont infiltrés dans une
base militaire de Cisjordanie pour taillader les pneus de jeeps.
Plusieurs officiers de l’armée et de la police, habitant dans les
colonies de Cisjordanie, sont également la cible de harcèlement. Des
menaces de mort ont été peintes sur les murs de la maison à Jérusalem
d’une responsable de La Paix maintenant, une organisation israélienne
hostile à la colonisation.
Renforts autour des mosquées
Ces agressions ne sont pas revendiquées par un groupe
particulier. Leurs auteurs se contentent de signer avec un slogan : « Le
prix à payer », qui fait allusion aux représailles que les éléments les
plus durs de l’extrême droite exercent contre les Palestiniens, chaque
fois que des attaques anti-israéliennes se produisent ou en réaction aux
mesures prises par le gouvernement qui déplaisent aux colons. Le danger
est tel que Ehoud Barak, le ministre de la Défense, a lui-même comparé
ces actions clandestines à celles des « organisations terroristes »
palestiniennes.
Mais il a admis que lutter contre « ce genre de
phénomène n’est pas facile ». Les résultats enregistrés par la police et
le Shin Beth ne sont pas très glorieux. Pratiquement aucun suspect n’a
été traduit en justice jusqu’à présent. Ehoud Barak a attribué cet échec
aux difficultés rencontrées pour infiltrer des informateurs parmi ces
petits groupes d’activistes très méfiants, dont les exactions sont
dénoncées par l’immense majorité des Israéliens vivant dans les colonies
de Cisjordanie.
Pour tenter de relever le défi, la police a créé une
unité spéciale chargée de lutter contre ces extrémistes et déployé des
renforts autour des mosquées et autres institutions musulmanes. Les
autorités redoutent en effet que de nouvelles provocations finissent par
déclencher ce que certains médias présentent déjà comme une possible
« troisième intifada », tant les esprits sont chauffés à blanc.