Le choix du nouveau chef du gouvernement est le dossier le plus épineux qui menace la réconciliation, chaque parti campant sur ses positions.
Un nouveau point d’achoppement peut entraver la poursuite du processus de la réconciliation palestinienne : le chef du nouveau gouvernement divise toujours les deux camps. D’une part, le Fatah du président Mahmoud Abbass soutient le premier ministre Salam Fayyad, favori de la communauté internationale, tandis que ce choix est rejeté par le Hamas d’autre part.
Ainsi, une nouvelle phase de discussions sont entamées au Caire entre les deux mouvements sur la formation du chef de cet exécutif transitoire, et l’application des autres clauses de l’accord de réconciliation conclu le 27 avril s’annonce par conséquent délicate.
A cet égard, une délégation du Fatah, dirigée par Azzam Al-Ahmad, a quitté dimanche Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne, pour l’Egypte, « afin de discuter avec le Hamas de la composition du gouvernement et de la question du premier ministre, avec l’espoir d’arriver à un accord le plus tôt possible », explique Azzam Al-Ahmad.
Après des semaines de délibérations, le Comité central du Fatah s’est prononcé pour M. Fayyad, un indépendant, s’attirant le refus sans surprise du Hamas, favorable à un premier ministre de la bande de Gaza, qu’il contrôle. « Lors d’une réunion au quartier général de la présidence palestinienne (à Ramallah), nous avons décidé de présenter Salam Fayyad à la tête du gouvernement palestinien de transition », a affirmé un membre du Comité central du Fatah sous couvert de l’anonymat.
En première réaction de ce choix, l’autre camp palestinien a refusé cette désignation. « Le Hamas a déjà informé le Fatah au cours de leur dernière réunion (les 16 et 17 mai au Caire, ndlr) qu’il rejette le choix de Salam Fayyad », a répliqué le Hamas, par la voix de son porte-parole à Gaza, Sami Abou-Zouhri. « La désignation de Salam Fayyad par le Comité central du Fatah n’est qu’une nomination du Fatah, et tout chef de gouvernement doit être choisi par consensus et non, évidemment, par l’une des deux parties », a souligné M. Abou-Zouhri.
Défendant le choix de M. Fayyad, l’Autorité palestinienne a annoncé que ce choix rassurerait la communauté internationale sur l’orientation du gouvernement d’indépendants, bien que le mandat de celui-ci se résume essentiellement à organiser des élections d’ici mai 2012 et à engager la reconstruction de la bande de Gaza, sinistrée par l’opération israélienne « Plomb durci » de décembre 2008/janvier 2009. Déjà, le président américain Barack Obama a qualifié, le 22 mai, la réconciliation Fatah/Hamas d’« énorme obstacle à la paix », tandis qu’Israël, qui refuse de « négocier avec un gouvernement soutenu par la version palestinienne d’Al-Qaëda », en allusion au Hamas, a retardé la rétrocession en mai des fonds qu’il perçoit pour le compte de l’Autorité palestinienne, à titre de « carton jaune ».
Pour les rassurer, tout en essayant de lancer la roue du processus de paix, Abbass a rappelé à maintes reprises que depuis 1993, la conduite des pourparlers avec Israël revenait à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) qu’il préside, dont le Hamas ne fait pas partie. Les autres membres du Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Onu, Russie) ont, en revanche, accueilli favorablement la réconciliation palestinienne comme un facteur de paix, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, jugeant lundi dernier à Washington nécessaire de « favoriser tout ce qui peut faire évoluer le Hamas ».
En cas de blocage persistant sur son nom, un candidat de compromis pourrait néanmoins émerger. Le 30 mai, le président du Fonds d’investissement de la Palestine et conseiller économique de M. Abbass, Mohammad Moustapha, n’a pas exclu d’assumer les fonctions de premier ministre si elles lui étaient proposées, une candidature à laquelle le Hamas n’a pas jusqu’à présent mis son veto. Au-delà de la question théorique des négociations, suspendues depuis plus de huit mois sans perspective de reprise, et qui ne dépendent pas du gouvernement, la communauté internationale se préoccupe de la préservation de l’héritage de M. Fayyad, crédité par les donateurs d’avoir assaini les finances de l’Autorité palestinienne. Victime d’un malaise cardiaque lors d’une visite privée aux Etats-Unis en mai, M. Fayyad s’est attiré depuis 2 ans les éloges du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale, qui ont conclu récemment que les Palestiniens étaient désormais prêts à gérer un Etat.
Maha Salem