27-01-2011
C'est le Premier ministre de l'Autorité palestinienne. Mais pour aller de son bureau, situé à Ramallah, à son domicile, situé à Jérusalem, Salam Fayyad doit néanmoins passer les checkpoints israéliens. Mais tout cela pourrait bientôt changer. Cette année, cet économiste passé par la Banque Mondiale, va demander à l'Assemblée Générale des Nations Unies de reconnaître l'Etat de Palestine.
Salam Fayyad a déjà transformé Ramallah, la capitale provisoire des Palestiniens, en une ville stable, qui attire des compagnies internationales et des hôtels cinq étoiles. De nouveaux building se construisent à côté du centre-ville traditionnel, avec ses cafés réservés aux hommes et ses marchés aux fruits. A vrai dire, Salam Fayyad tente de construire un Etat palestinien officieux qui puisse prouver au reste du monde que les Palestiniens peuvent se gouverner eux-mêmes, et le faire dans la paix.
Interview
Le quotidien israélien Haaretz vous a récemment décrit comme l'ennemi numéro un d'Israël, notamment parce que vous êtes sympathique, que vous n'êtes pas corrompu et que vous avez du succès. En quoi cela est-il un révélateur des relations israélo-palestiniennes ?
L'important, c'est le fond, et non la forme. Nous faisons de notre mieux pour atteindre nos objectifs, mais le contexte dans lequel nous évoluons est tellement compliqué qu'il ne faut pas se laisser perturber par ce genre de choses. Nous sommes en train d'essayer de finaliser un Etat palestinien, et nous faisons tout ce qui est possible pour précipiter la fin de l'occupation israélienne. Les Palestiniens doivent changer d'attitude et ne plus attendre que quelque chose arrive. Nous construisons quelque chose de positif pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens. Avoir une Palestine stable et en paix est dans l'intérêt de tout le monde. Ce sera un Etat fondé sur des valeurs universelles comme le respect mutuel, la non-discrimination et l'égalité, quel que soit la religion, le genre ou l'origine ethnique.
Le quotidien israélien Haaretz vous a récemment décrit comme l'ennemi numéro un d'Israël, notamment parce que vous êtes sympathique, que vous n'êtes pas corrompu et que vous avez du succès. En quoi cela est-il un révélateur des relations israélo-palestiniennes ?
L'important, c'est le fond, et non la forme. Nous faisons de notre mieux pour atteindre nos objectifs, mais le contexte dans lequel nous évoluons est tellement compliqué qu'il ne faut pas se laisser perturber par ce genre de choses. Nous sommes en train d'essayer de finaliser un Etat palestinien, et nous faisons tout ce qui est possible pour précipiter la fin de l'occupation israélienne. Les Palestiniens doivent changer d'attitude et ne plus attendre que quelque chose arrive. Nous construisons quelque chose de positif pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens. Avoir une Palestine stable et en paix est dans l'intérêt de tout le monde. Ce sera un Etat fondé sur des valeurs universelles comme le respect mutuel, la non-discrimination et l'égalité, quel que soit la religion, le genre ou l'origine ethnique.
Vous essayez donc de faire de la Palestine un modèle du Moyen-Orient ?
Tout ce que nous voulons, c'est un Etat à nous. Et c'est d'autant mieux si nous pouvons baser ce processus sur des standards élevés. Notre droit à la liberté a toujours été quelque chose que nous devions gagner, ce qui est injuste. Mais si nous pouvons montrer au monde une Palestine stable, qui fonctionne bien, cela prouvera la réalité d'un Etat. Il sera difficile pour le reste du monde de l'ignorer, et cela va accélérer le processus.
Tout ce que nous voulons, c'est un Etat à nous. Et c'est d'autant mieux si nous pouvons baser ce processus sur des standards élevés. Notre droit à la liberté a toujours été quelque chose que nous devions gagner, ce qui est injuste. Mais si nous pouvons montrer au monde une Palestine stable, qui fonctionne bien, cela prouvera la réalité d'un Etat. Il sera difficile pour le reste du monde de l'ignorer, et cela va accélérer le processus.
Vous avez l'intention d'officialiser la création d'un Etat palestinien le 26 août prochain. Ce qui veut dire qu'en septembre, on pourra vous appeler Monsieur le Premier ministre ?
Vous pourrez certainement appeler quelqu'un Monsieur le Premier ministre. Et je serai la première personne à le féliciter. Nous attendons ce moment depuis tant d'années !Vous êtes certain que cela va arriver ?
Oui. En août 2009, nous nous sommes fixés l'objectif de créer un Etat palestinien en août 2011. Nous y sommes presque. Je n'ai pas de plan de rechange. Nous n'avons que celui-ci, et je pense que cela va marcher. Mais pour cela, il faut que les Palestiniens y croient. Avec notre détermination et notre persévérance, les choses deviendront inévitables. Nous travaillons chaque jour sur le terrain pour être entièrement prêts pour un Etat palestinien.
A quoi ressemblera l'Etat palestinien ?
Il comprendra Gaza et la Cisjordanie, en incluant Jérusalem Est. Ce sont les territoires occupés en 1967. Les deux régions seront reliées par un passage sécurisé, qui est quelque chose qui existe dans l'accord intermédiaire, mais qui n'a pas encore été appliqué. La séparation entre Gaza et la Cisjordanie se justifie par les problèmes de sécurité pour Israël. Il faut, de notre côté, désarmer les milices et parier sur la non-violence. La non-violence a porté ses fruits aux Etats-Unis, lors des mouvements pour les Droits civiques, mais aussi en Inde. Je pense que cela peut également marcher pour nous.
Les colonies continuent de s'installer à Jérusalem Est. Est-ce que Jérusalem Est fera partie du nouvel Etat palestinien ?
Jérusalem est d'une importance capitale pour les Palestiniens et les Israéliens, mais aussi pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans du monde entier. Et la foi de chacun doit être respectée. Pour résoudre des conflits d'une telle importance, il est important de séparer la souveraineté et les choses relatives à la foi et à la religion. Une fois que vous avez bien distingué ces deux choses, il est possible de résoudre l'équation "Jérusalem". Tout le monde doit avoir les mêmes droits, à tout moment, d'accéder à des sites religieux. C'est la ville trois fois sainte, le creuset des trois grandes religions monothéistes. Israël a récemment déclaré certains sites palestiniens comme "sites d'intérêt religieux particulier". Si je prends l'exemple de la tombe d'Abraham, père du judaïsme, du Christianisme et de l'Islam, elle est située en territoire palestinien, occupé par Israël depuis 1967. La solution israélienne qui consiste à dire que tout site qui a un intérêt pour la religion juive doit faire partie de l'Etat d'Israël n'est pas tenable. Il faut que ce type de site soit accessible à tous.
Que pensez-vous du mur ?
C'est moche, n'est-ce-pas ? Et pour ceux qui vivent à proximité, c'est un vrai monstre. Et 85% du mur est à l'intérieur du territoire palestinien. Mais cela ne rend pas compte entièrement de ce que les gens pensent sur place. Le mur est construit sur des terrains privés. Certaines personnes ont tout perdu.
L'Etat palestinien va-t-il exister avec le mur et les colonies ?
Au regard de la loi internationale, le mur est illégal, tout comme les colonies. Suis-je supposé, puisque le mur et les colons sont là, prendre pour argent comptant leur présence ? Et en quoi le mur apporte-t-il de la sécurité à Israël ? Si Israël veut un mur, qu'il le construise à l'intérieur de ses frontières.
Quand est-ce que l'économie palestinienne sera-t-elle viable ?
Un des instruments pour le mesurer, c'est de savoir si un pays peut satisfaire ses habitants avec ses propres ressources sans avoir besoin de recourir à l'aide extérieure. Notre dépendance vis à vis des pays étranger baisse, tout comme notre déficit. Imaginez le potentiel quand nous serons libres ! Quand nous aurons accès aux marchés internationaux, je pense que nous connaîtrons des taux de croissance à deux chiffres.
Vous avez une photo d'un olivier sur votre bureau. Pourquoi ?
J'y suis très attaché. J'ai cueilli des olives quand j'étais jeune, et un des aspects que je préfère dans mon travail, c'est aller à la rencontre des cultivateurs.
Oui. En août 2009, nous nous sommes fixés l'objectif de créer un Etat palestinien en août 2011. Nous y sommes presque. Je n'ai pas de plan de rechange. Nous n'avons que celui-ci, et je pense que cela va marcher. Mais pour cela, il faut que les Palestiniens y croient. Avec notre détermination et notre persévérance, les choses deviendront inévitables. Nous travaillons chaque jour sur le terrain pour être entièrement prêts pour un Etat palestinien.
A quoi ressemblera l'Etat palestinien ?
Il comprendra Gaza et la Cisjordanie, en incluant Jérusalem Est. Ce sont les territoires occupés en 1967. Les deux régions seront reliées par un passage sécurisé, qui est quelque chose qui existe dans l'accord intermédiaire, mais qui n'a pas encore été appliqué. La séparation entre Gaza et la Cisjordanie se justifie par les problèmes de sécurité pour Israël. Il faut, de notre côté, désarmer les milices et parier sur la non-violence. La non-violence a porté ses fruits aux Etats-Unis, lors des mouvements pour les Droits civiques, mais aussi en Inde. Je pense que cela peut également marcher pour nous.
Les colonies continuent de s'installer à Jérusalem Est. Est-ce que Jérusalem Est fera partie du nouvel Etat palestinien ?
Jérusalem est d'une importance capitale pour les Palestiniens et les Israéliens, mais aussi pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans du monde entier. Et la foi de chacun doit être respectée. Pour résoudre des conflits d'une telle importance, il est important de séparer la souveraineté et les choses relatives à la foi et à la religion. Une fois que vous avez bien distingué ces deux choses, il est possible de résoudre l'équation "Jérusalem". Tout le monde doit avoir les mêmes droits, à tout moment, d'accéder à des sites religieux. C'est la ville trois fois sainte, le creuset des trois grandes religions monothéistes. Israël a récemment déclaré certains sites palestiniens comme "sites d'intérêt religieux particulier". Si je prends l'exemple de la tombe d'Abraham, père du judaïsme, du Christianisme et de l'Islam, elle est située en territoire palestinien, occupé par Israël depuis 1967. La solution israélienne qui consiste à dire que tout site qui a un intérêt pour la religion juive doit faire partie de l'Etat d'Israël n'est pas tenable. Il faut que ce type de site soit accessible à tous.
Que pensez-vous du mur ?
C'est moche, n'est-ce-pas ? Et pour ceux qui vivent à proximité, c'est un vrai monstre. Et 85% du mur est à l'intérieur du territoire palestinien. Mais cela ne rend pas compte entièrement de ce que les gens pensent sur place. Le mur est construit sur des terrains privés. Certaines personnes ont tout perdu.
L'Etat palestinien va-t-il exister avec le mur et les colonies ?
Au regard de la loi internationale, le mur est illégal, tout comme les colonies. Suis-je supposé, puisque le mur et les colons sont là, prendre pour argent comptant leur présence ? Et en quoi le mur apporte-t-il de la sécurité à Israël ? Si Israël veut un mur, qu'il le construise à l'intérieur de ses frontières.
Quand est-ce que l'économie palestinienne sera-t-elle viable ?
Un des instruments pour le mesurer, c'est de savoir si un pays peut satisfaire ses habitants avec ses propres ressources sans avoir besoin de recourir à l'aide extérieure. Notre dépendance vis à vis des pays étranger baisse, tout comme notre déficit. Imaginez le potentiel quand nous serons libres ! Quand nous aurons accès aux marchés internationaux, je pense que nous connaîtrons des taux de croissance à deux chiffres.
Vous avez une photo d'un olivier sur votre bureau. Pourquoi ?
J'y suis très attaché. J'ai cueilli des olives quand j'étais jeune, et un des aspects que je préfère dans mon travail, c'est aller à la rencontre des cultivateurs.
Le plan pour la Palestine
• L'Autorité palestinienne est un corps autonome en charge de la gestion des territoires palestiniens.
• Depuis l'élection victorieuse du Hamas en 2006 dans la bande de Gaza, l'Autorité, présidée par Mahmoud Abbas, ne gouverne plus que la Cisjordanie.
• Le 26 août 2009, Salam Fayyad a présenté un plan pour la création d'un Etat palestinien le 26 août 2011. Il veut présenter ce plan à l'Assemblée générale des Nations Unies pour qu'il soit approuvé.
• Depuis quelques mois, plusieurs pays comme le Chili, le Brésil, l'Argentine ont formellement reconnu l'indépendance palestinienne. L'Espagne et la Russie devraient leur emboiter le pas.
• Le 26 août 2009, Salam Fayyad a présenté un plan pour la création d'un Etat palestinien le 26 août 2011. Il veut présenter ce plan à l'Assemblée générale des Nations Unies pour qu'il soit approuvé.
• Depuis quelques mois, plusieurs pays comme le Chili, le Brésil, l'Argentine ont formellement reconnu l'indépendance palestinienne. L'Espagne et la Russie devraient leur emboiter le pas.