Publié le 1er-01-2011
Etonnante information, qui en dit long sur le caractère structurel de l’apartheid dans l’Etat d’Israël, depuis sa proclamation il y a soixante-deux ans : pour la première fois dans l’histoire du pays, des agriculteurs des minorités vont enfin être autorisés à vendre quelques oeufs, sur un marché jusqu’à présent ouvert aux seuls exploitants juifs. A lire, ci-dessous, l’article d’Amiram Cohen, publié samedi par le quotidien Haaretz (traduction CAPJPO-EuroPalestine)
Titre : Des paysans arabes autorisés à vendre des œufs pour la première fois
Par Amiram Cohen
La Commission des Affaires économiques de la Knesset a décidé, cette semaine, que pour la première fois, des agriculteurs arabes seraient désormais éligibles à l’allocation de quotas de vente d’œufs.
La commission a ainsi alloué un quota de 6 millions d’œufs susceptibles d’être commercialisés par les producteurs des localités habitées par des Arabes et autres minorités. Les quotas sont réévalués chaque année par l’Association des Eleveurs de Volailles, qui fixe les niveaux de production et vente, et en assure le contrôle.
Une augmentation des quotas de 26 millions d’œufs a été décidée, portant le total de la production annuelle autorisée à 1.900 millions. Il faut savoir que le marché des œufs a été strictement règlementé en Israël, depuis la création de l’Etat. La raison officielle en est qu’il ne s’agit pas d’un marché à but lucratif, mais d’un service public.
Aux termes de cette règlementation, ne peut vendre des œufs que l’exploitant qui en a reçu l’autorisation, chiffrée, de la part du gouvernement. A des fins de contrôle, le fermier doit ensuite mettre son timbre humide sur chaque pièce de sa production. L’acheteur est de son côté tenu de vérifier que le producteur a bien l’autorisation requise pour procéder à la vente.
D’une manière générale, les exploitants situés en périphérie sont privilégiés, en matière d’allocations de quotas. Par exemple, les fermes installées aux frontières reçoivent une subvention de 6 agora (1 cent d’euro, environ) par œuf. Ce programme de subventions a été mis en place dans les années 1990, et coûte 70 millions de shekels (13 millions d’euros) au budget national.
Sur les 26 millions d’œufs supplémentaires inclus dans le système, 10 millions iront aux installations déjà participantes, à Avivim, Zeraït, Margaliot, et Netua (des installations juives, NDLR). Les autres seront alloués à des exploitations situées en Galilée.
Sur ces 16 millions restant, 6 millions sont réservés aux « minorités », lesquelles comprennent les Arabes, les Druzes et les Circassiens, au prorata de leurs poids démographiques respectifs (NDLR : sachant que le plafond de production destinée à la vente est de 1,9 milliard d’unités, les 6 millions cités représentent 0,3 % du total, alors même que les minorités citées représentent 20 % de la population générale d’Israël : 60 fois plus que ce qui leur est effectivement alloué !)
Qui plus est, la Knesset a décidé que 10 % du total des nouveaux quotas iraient aux familles ayant perdu l’un des leurs à la guerre ou dans des attaques terroristes.
Un système analogue existe déjà pour la production laitière. Il y a un an, pour la première fois dans l’histoire de l’Etat d’Israël, deux paysans arabes ont été autorisés à participer au marché.
CAPJPO-EuroPalestine