Joharah Baker
C’est entre ses propres mains que le conflit palestino-israélien détient toujours sa solution, que le gouvernement des Etats-Unis soit composé de Démocrates libéraux ou de Républicains conservateurs.
Nombre d’entre nous ont été découragés, à juste titre, par les résultats des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Depuis des dizaines d’années les Républicains n’avaient pas connu une victoire d’une telle ampleur, s’emparant de la Chambre des Représentants et augmentant leur importance au Sénat.
Ceci a déclenché la sonnette d’alarme non seulement chez les Démocrates mais chez beaucoup de gens dans le monde entier. Les Palestiniens, qui regardent toujours de près les élections américaines, l’ont fait cette fois encore, non pas que les affaires internes des USA les intéressent mais parce qu’ils semblent toujours croire que les élections américaines, un peu comme les israéliennes, auront un impact direct sur le processus de paix.
Si l’on exclut des délires comme ceux du Secrétaire général de l’OLP, Yasser Abed Rabbo, qui a accusé Israël d’interférence dans les élections de mi-mandat, pratiquement tous les autres Palestiniens n’ont été que légèrement inquiets des risques graves que fait courir au processus de négociation la « main-mise » des Républicains sur la Chambre. C’est que, si on ne l’avait pas déjà constaté, il est déjà gravement détérioré. ’’Il semble que le gouvernement de droite israélien s’est entendu avec des puissances à l’intérieur des Etats-Unis pour se livrer à des manoeuvres et des jeux politiques ’’ a dit Abed Rabbo. “Ceci prouve une nouvelle fois qu’il y a en Israël un gouvernement qui veut utiliser tous les moyens pour rejeter le processus de paix.”
M. Abed Rabbo ne le réalise peut-être pas mais, théories conspirationnistes mises à part, c’est entre ses propres mains que le conflit palestino-israélien détient toujours sa solution, que le gouvernement des Etats-Unis soit composé de Démocrates libéraux ou de Républicains conservateurs (dont les durs du Tea Party).
C’est sans doute vrai qu’avoir un gouvernement divisé avec davantage de Républicains favorables à Israël à la Chambre et au Sénat peut entraîner un moindre contrôle de l’aide financière envoyée à Israël et un affaiblissement des exigences à son égard.
Le président Obama a montré que même le mieux intentionné des présidents peut se laisser entraîner dans les eaux glauques de la politique moyen-orientale.
If anything, les Palestiniens sont déçus de la façon dont les choses se passent jusqu’ici avec l’administration Obama. Au début de son mandat, Obama a été perçu comme un dirigeant attentif, intelligent et énergique qui comprend la position précaire des laissés pour compte. Pour être juste, il faut dire qu’Obama semble avoir fait de son mieux au début en nommant presque tout de suite George Mitchell au poste d’envoyé spécial dans la région et en pressant plus que d’habitude Israël d’arrêter la construction des colonies.
En accéléré jusqu’à aujourd’hui, et l’affaire d’amour est moribonde. Tout récemment, le président Obama, pressant Israël de prolonger le moratoire sur la construction des colonies, aurait incité ses dirigeants [précisément le Premier ministre Benjamin Netanyahu] à accepter une proposition plus flexible. Si Israël acceptait de prolonger de deux mois seulement le gel prévu pour 10 mois au début, les Etats-Unis s’engageaient à, premièrement, mettre leur véto à toute résolution des Nations unies contre Israël et deuxièmement, à appuyer l’exigence israélienne la plus discutable, à savoir conserver une présence militaire dans la vallée du Jourdin dans le cadre de tout accord final avec les Palestiniens.
"Nous ne voulons pas d’intervention américaine, merci bien," a commenté Nabil Shaath à propos de cette dite proposition, ajoutant que les pressions d’Obama sur Israël sont « un jeu de séduction ». "Ce jeu de séduction ne sert qu’à inciter Netanyahu à être encore plus catégorique et à exiger toujours plus."
Mais, attention, ce n’est pas John Boehner,le nouveau président républicain de la Chambre, fervent partisan d’Israël, qui le prédit, c’ est Obama.
Ces déclarations prouvent que tous les présidents américains sont tombés dans le même piège indépendamment de leurs intentions. L’argument incontournable est toujours le même : la sécurité d’Israël prime sur tout le reste parce que c’est le préalable qu’Israël impose pour tout dialogue sur le cadre d’un accord de paix et les Etats-Unis, même s’ils savent au fond que c’est un argument bidon, avalent l’hameçon.
C’est ainsi depuis des décennies, depuis que les Etats-Unis ont commencé à jouer le rôle de parrain du processus de paix. Même sous Bill Clinton, dont le mandat a vu la signature des Accords d’Oslo et failli voir celle de Camp David 2, les paradigmes étaient plus ou moins les mêmes. On pouvait établir un Etat palestinien mais sous certaines conditions, des conditions auxquelles les Palestiniens ne pourraient jamais souscrire, telle l’exclusion de Jérusalem.
Ceci ne veut pas dire qu’une présidence avec un président démocrate ouvert et une Chambre et un Sénat dirigés par les Démocrates n’aurait pas la préférence de la direction palestinienne.
Pour ce qui est de la politique étrangères, il n’y a pas de doute qu’il y ait davantage de bruit de bottes contre le Hamas et même l’Autorité palestinienne dans les couloirs du pouvoir américain maintenant que des politiciens favorables à Israël s’y sont installés. Et le président subira plus de pressions pour lâcher prise sur Israël et se concentrer davantage sur l’Iran. Il y aura peut-être même des restrictions à l’aide apportée à l’Autorité palestinienne mais une aide plus importante vers Israël. Il est difficile de dire quels changements pourront prendre place dans les deux prochaines années avant l’élection présidentielle.
Pourtant, qui prend la Chambre n’aura malheureusement que peu d’importance pour la cause palestinienne. Au bout du compte, les Palestiniens sont confrontés à un Israël qui ne fait pratiquement aucun « effort de paix », mais qui rejette toute la responsabilité sur les Palestiniens. De façon idéale, les Etats-Unis pourraient jouer un rôle crucial pour imposer le changement en Israël rien qu’en réduisant l’afflux des fonds qu’ils lui envoient chaque année. Rien ne parle mieux à Israël que de bons vieux dollars.
Cela n’arrivera pas, bien sûr. La relation entre Israël et les Etats-Unis est un « lien indéfectible », comme l’a dit clairement Obama, et bien d’autres avant lui.
Aussi il est possible que les Palestiniens aient à appliquer certaines des alternatives qu’ils ont proposées si le processus de paix n’avance toujours pas. Si les Etats-Unis ne peuvent pas produire de solution, alors les Palestiniens n’ont sans doute pas d’autre choix que d’aller de l’avant.