Publié le 2-11-2010
La Coalition Israélienne des Femmes pour la Paix tire la sonnette d’alarme sur une nouvelle violation du droit international par Israel : la construction en cours d’une voie férrée entre Tel Aviv et Jérusalem, passant illégalement par deux zones du territoire palestinien occupé, en lésant gravement des agglomérations palestiniennes, pour un moyen de transport qui sera destiné exclusivement à des Israéliens.
Dans un rapport de plus de 20 pages (en anglais) publié par whoprofits.org*, on apprend en outre que des entreprises européennes sont partie prenante dans la conception et la construction de cette nouvelle ligne ferroviaire.
"Une nouvelle ligne ferroviaire rapide est programmée pour relier Tel Aviv et Jérusalem, avec deux ou trois trains par heure sur un trajet de 28 minutes. Cette nouvelle ligne, parfois désignée comme le train A1, est l’un des plus importants projets d’infrastructures que le gouvernement israélien a lancés au cours de la dernière décennie. A deux endroits, la voie traverse les frontières officielles de l’état pour pénétrer en Cisjordanie occupée, utilisant des terres palestiniennes, dont certaines sont propriété privée, pour un projet israélien de transport destiné exclusivement à des Israéliens.
Dans sa première partie, le rapport de whoprofits.org suit le tracé prévu pour la voie ferrée et ses implications. Il discute le processus de planification et les considérations légales relatives au tracé ; il décrit la situation des communautés palestiniennes les plus affectées par ce tracé et présente des témoignages de première main venant des résidents.
En franchissant la Ligne Verte pour pénétrer en Cisjordanie, la ligne ferroviaire A1 est illégale et immorale. Selon le droit international, un occupant ne peut utiiiser les ressources d’une zone occupée pour le seul bénéfice de ses propres ressortissants. Cette ligne a été programmée pour l’usage exclusif de citoyens israéliens ; elle est imposée aux résidents palestiniens locaux par les diktats d’un régime militaire au sein duquel ils ne sont aucunement représentés ; et elle serait totalement inaccessible aux habitants du territoire.
En outre, les 6 kilomètres de voie ferrée qui débordent les frontières officielles de l’état israélien produisent des effets dévastateurs sur les trois agglomérations palestiniennes de la zone.
Dans sa deuxième partie, le rapport se concentre sur l’implication d’entreprises israéliennes et internationales dans la planification et la construction de la ligne ferroviaire. Parce que le projet exige une expertise particulière, des contrats ont été passés avec plusieurs firmes internationales pour qu’elles fournissent des services de consultants dans les secteurs de l’économie et de l’ingénierie, et des équipements spécialisés dans le creusement des tunnels.
Le rapport identifie un certain nombre d’entreprises internationales engagées dans le projet et recense quelques-uns des principaux concepteurs, consultants et fournisseurs pour chaque segment de la voie.
Parmi ces fournisseurs se trouvent deux entreprises publiques : Deutsche Bahn (Allemagne) et Moscow Metrostroy (Russie), tout comme des firmes européennes privées telles que Pizzarotti (Italie). En octobre 2010, la construction est bien engagée sur la plus grande partie du tracé, mais le principal creusement de tunnel n’a pas encore débuté et la date limite d’achèvement a été reportée à juillet 2016.
Le conseil municipal du village de Beit Surik a explicitement appelé à une intervention et à un soutien internationaux : "Nous, habitants de Beit Surik, ne voulons pas que la voie ferrée soit construite sur nos terres. Il est important que, à travers le monde, les gens soutiennent notre droit à décider de l’utilisation de notre propre sol et qu’ils nous aident à faire modifier le tracé de cette ligne ferroviaire’" . (Voir le texte intégral de la lettre dans la section 1.3.1 du rapport).
En tant qu’association engagée pour la fin de l’occupation, nous soutenons l’appel du conseil municipal de Beit Surik. Nous avons établi ce rapport afin que d’autres en prennent conscience et s’opposent concrètement aux effets destructeurs de la ligne ferroviaire A1.
(Traduit par Anne-Marie PERRIN pour CAPJPO-EuroPalestine)
*Intégralité du rapport consultable par le lien suivant : http://www.whoprofits.org/articlefiles/WP-A1-Train.pdf
CAPJPO-EuroPalestine