L’incapacité de l’administration américaine à faire évoluer la politique de Tel-Aviv vis-à-vis du processus de paix doit lui donner à réfléchir pour la suite à donner à sa stratégie dans la région. Les erreurs de l’approche des Etats-Unis, qui ont finalement contribué à l’impasse actuelle, sont légion. D’abord, la reprise, le 2 septembre à Washington, des pourparlers s’est faite, pour plaire au gouvernement de Netanyahu, sans faire référence à aucun des principes de base d’un règlement équitable et global. Contrairement à ce qui fut fait par exemple avant la conférence de paix de Madrid en 1991, ou avant les négociations palestino-israéliennes à Camp David en 2000. Tout se passait comme si, pour Washington, le fait de réunir les deux parties était une réussite en soi. Du coup, les négociations ont d’emblée perdu tout sens d’orientation, pour s’arrêter net à peine un mois plus tard.
L’administration américaine a également multiplié les erreurs de parcours, donnant l’impression de ne pas connaître son chemin, de manquer de consistance. Il suffit de passer en revue l’évolution de la position de Washington sur la question-clé de la colonisation pour s’en rendre compte. L’administration a d’abord fait de l’arrêt des constructions dans les colonies une condition sine qua non pour la reprise des pourparlers. Elle a dû ensuite, face à l’intransigeance de l’Etat hébreu, faire marche arrière et accepter un simple moratoire sur les constructions, uniquement en Cisjordanie, et à l’exclusion de Jérusalem-Est. Washington a fini par se trouver dans la position de marchander un prolongement d’à peine 2 mois du gel partiel de la colonisation, contre des promesses d’un large soutien à Israël.
L’inconsistance de la politique des Etats-Unis était aussi visible dans leurs rapports avec Israël. Alors qu’ils pressaient Tel-Aviv de faire des concessions permettant de relancer le processus de paix, ils multipliaient les actions de soutien à sa politique, en intervenant régulièrement auprès des capitales étrangères pour empêcher toute condamnation ou isolement d’Israël sur la scène internationale, ou, tout simplement, pour le gratifier, comme ce fut le cas lors de l’adhésion en 2010 d’Israël à l’OCDE, grâce à l’intervention énergique de Washington qui avait réussi à alléger les conditions de cette adhésion tant souhaitée par Tel-Aviv.
Il est temps pour Obama de changer de politique et de considérer sérieusement d’apporter son soutien à l’intention de l’Autorité palestinienne de recourir au Conseil de sécurité de l’Onu pour obtenir la reconnaissance internationale d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Les Etats-Unis étaient incapables jusqu’ici à faire bouger la politique d’Israël pour promouvoir la paix au Proche-Orient. Qu’ils laissent l’Onu tenter sa chance l
Dr Hicham Mourad