Makram M. Ahmad
Le président américain veut-il réaliser un règlement juste de la crise du Proche-Orient ? Je ne pense pas qu’il faut poser la question ainsi. En effet, Obama a, à plusieurs reprises, assuré que la stabilité au Proche-Orient et l’instauration d’un Etat palestinien indépendant constituent un intérêt américain relatif à la sécurité des Etats-Unis. Obama a mis cet objectif en haut de son agenda depuis la première semaine de son accession au pouvoir, malgré la crise économique importante que subissent actuellement les Etats-Unis. Il a également nommé Georges Mitchell émissaire spécial dans la région dès le deuxième jour de son entrée à la Maison Blanche. Et quelques semaines après, il a prononcé son célèbre discours à l’Université du Caire, par lequel il a ravivé l’espoir d’instaurer un règlement rapide et ce, avant d’être encerclé par les groupes de pression sionistes, les forces du Parti républicain, ce qui reste des néo-conservateurs, les amis d’Israël au Congrès et les grands financiers juifs aux Etats-Unis. Ceux-ci ont demandé à Obama d’alléger les pressions sur le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et ont mené contre lui une campagne de haine qui l’a obligé à revenir sur sa réclamation de la nécessité qu’Israël arrête toutes les formes de colonisation avant la reprise des négociations de paix. De plus, nombreux partisans d’Obama à l’intérieur du parti démocrate ont exprimé leur inquiétude croissante envers la possibilité que les positions du président influencent les positions électorales d’un nombre de sénateurs démocrates de façon à menacer la majorité du parti au Congrès et au Sénat.
Et bien que le recul d’Obama sur sa position ait énormément influencé son image, sa volonté ne s’est pas brisée, renforcée par une forte conviction à l’intérieur du Pentagone et de l’institution militaire, selon laquelle l’échec du processus de paix aurait créé un climat antagoniste aux Etats-Unis au Proche-Orient. Assurant ainsi l’impression ambiante, selon laquelle les Etats-Unis prennent sans cesse la part d’Israël. Ce qui menace la sécurité et la vie des forces américaines dans la région.
Malgré tout ce qui se passe, Obama pense encore que la réalisation de la sécurité et de la stabilité au Proche-Orient réside dans la résolution du conflit arabo-israélien et que le règlement de la cause palestinienne renforcera la position américaine et sa capacité de résoudre le dossier nucléaire iranien. Par conséquent, pour poser la question de façon correcte, il faut dire : le président Obama est-il toujours capable de respecter ses promesses envers la réalisation de la paix au Proche-Orient et l’instauration du processus de paix, bien qu’il ait perdu une grande partie de sa popularité ?
Il se peut que l’erreur commise par Obama soit d’avoir lutté sur plusieurs fronts en même temps et d’avoir perdu trop de temps à tenter de réaliser une conciliation dans une tentative de réaliser une entente entre les démocrates et les républicains. Et ce au lieu de battre le fer quand il est chaud et d’exploiter son énorme popularité pour instaurer les politiques qu’il croit être les meilleures. La plupart des Américains ne nient pas qu’Obama a déployé de très importants efforts pour remédier à un héritage important de problèmes laissés par son prédécesseur. De plus, il est encore trop tôt pour dire si Obama est dans une impasse, surtout après qu’il eut récupéré une part de sa popularité puisqu’il a tenu ses promesses et retiré les forces américaines d’Iraq à la date qu’il avait fixée. Il a également réussi à lancer les négociations directes entre Palestiniens et Israéliens dans l’objectif de se concentrer sur les dossiers du règlement final.