mercredi 22 septembre 2010

Des enfants traités comme des "grands"

Chaque année, près de 700 mineurs palestiniens sont arrêtés par l'armée israélienne. Avant d'être traduits devant un tribunal militaire israélien, ils sont soumis à un interrogatoire qui s'avère souvent particulièrement violent.
Les ONG israéliennes et palestiniennes de défense des droits de l'homme rapportent régulièrement des cas de tortures et de mauvais traitements infligés par l'armée israélienne à des mineurs palestiniens dont certains, âgés de 12 ou 13 ans, ne sont encore que des enfants. La section palestinienne de l'organisation Defence for Children International a ainsi recueilli plus de 100 témoignages de mineurs qui ont été brutalisés par l'armée israélienne en 2009. Les deux-tiers d'entre eux ont déclaré avoir reçu gifles, coups de pieds, coups de crosse de pistolet ou coups de matraque pendant leur interrogatoire. La majorité des mineurs ont été maintenus pendant des heures menottés et les yeux bandés, certains dans des positions douloureuses, et ont été privés d'eau et de nourriture. Quatre d'entre eux ont avoué avoir été agressés sexuellement, tandis que quatorze autres ont été menacés de viol.
DES AVEUX EXTORQUÉS SOUS LA CONTRAINTE
L'objectif principal des interrogateurs israéliens qui recourent à la torture et aux mauvais traitements est de faire avouer le crime reproché. La plupart des enfants arrêtés sont accusés d'avoir jeté des pierres, un crime passible de 20 ans de prison selon la législation israélienne. Comme tous les Palestiniens, les mineurs sont jugés par des tribunaux militaires, les prévenus de moins de 16 ans étant jugés comme des enfants. En 2009, dans 95 % des cas, les juges militaires ont utilisé les aveux des mineurs comme preuves pour justifier leur condamnation. Un tiers des condamnés ont signé des aveux rédigés en hébreu, une langue que très peu d'entre eux maîtrisent.
LA SOLITUDE DES ENFANTS FACE À LA MACHINE RÉPRESSIVE ÉTATIQUE
À la suite de leur condamnation, la grande majorité des mineurs sont incarcérés dans des prisons en Israël, Ils ne peuvent que rarement recevoir la visite de leur famille en raison de l'éloignement géographique et de la grande difficulté d'obtenir un permis d'entrée en Israël.
Les atteintes graves à l'intégrité physique et psychologique des enfants palestiniens sont rendues possibles par le fait que les détenus palestiniens doivent affronter seuls leurs interrogateurs. La loi israélienne ne leur garantit pas l'accès à leur famille ni à un avocat avant leur comparution devant le tribunal militaire. Aucune des nombreuses plaintes déposées par les victimes n'a donné lieu à une sanction. Dans la majorité des cas, les victimes ne portent pas plainte par peur des représailles et parce qu'elles savent cette démarche inutile.
> Zoom - TORTURE D'UN ENFANT PRÉSUMÉ «LANCEUR DE PIERRES»
M. H., un jeune Palestinien de 15 ans, a été arrêté par l'armée israélienne en pleine nuit, le 26 mai 2010. Les poignets menottés et les yeux bandés, il a été conduit dans un centre militaire pour y être interrogé. Son interrogateur voulait le contraindre à avouer avoir jeté des pierres. Comme M.H. niait les faits, l'agent israélien l'a insulté, lui a donné des coups de pied et a menacé de lui faire mal «à un autre endroit». Il s'est absenté pour revenir quelques minutes plus tard. M.H. a senti qu'on attachait quelque chose à ses menottes, puis il a ressenti une sensation de pincement sur son pénis, comme si on utilisait «une pince de câble de démarrage». L'interrogateur a menacé de brancher le câble à l'électricité s'il n'avouait pas, lui promettant qu'il serait alors incapable d'avoir des enfants. M.H. a fini par avouer ce que son interrogateur lui demandait.
Lorsque son avocat a invoqué les violences qu'il avait subies devant le juge militaire, ce dernier s'est contenté de rejeter les allégations pour absence de preuves.

Agir

Après avoir signé cette lettre, il vous suffit de la renvoyer à l'adresse indiquée
À la fin de la lettre, retrouvez le fichier de la lettre d'action, ainsi que tous les documents de l'appel du mois (affiche, appel du mois complet, pétition).

Monsieur le Premier ministre,
À la suite d'informations communiquées par l'ACAT-France, je souhaite exprimer ma profonde inquiétude concernant les mauvais traitements infligés aux mineurs palestiniens fréquemment arrêtés par les forces armées israéliennes. D'après les témoignages recueillis par plusieurs ONG locales et internationales, la grande majorité des mineurs arrêtés sont brutalisés, frappés et parfois torturés lors de leur arrestation et pendant l'interrogatoire. Certains rapportent avoir été victimes d'agression sexuelle et de menaces de viol.
L'une des causes principales de cette banalisation de la violence à l'encontre des mineurs palestiniens réside sans aucun doute dans le fait que la loi israélienne ne leur garantit pas l'accès à leur famille ni à un avocat avant leur comparution devant le tribunal et les oblige ainsi à se confronter seuls à leurs interrogateurs. De plus, ces derniers ont jusqu'alors bénéficié d'une parfaite impunité.
Conformément aux engagements internationaux souscrits par Israël en matière de droits de l'homme, je vous demande instamment de :
  • réviser le droit militaire israélien pour garantir aux mineurs le droit d'être assistés par un conseil et par un parent dès leur arrestation ;
  • permettre aux mineurs d'être détenus ou emprisonnés dans les territoires occupés ;
  • enquêter sur toutes les allégations de tortures et de mauvais traitements infligés à des mineurs et poursuivre leurs auteurs.
Dans cette attente, je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de mes salutations distinguées.

Téléchargez
La lettre
L'appel du mois complet

La pétition

L'affiche

L'appel du mois en version A4
Lien