Dr Hicham Mourad
On ne se lassera jamais de le dire. Les Etats occidentaux usent souvent de la politique de deux poids, deux mesures, lorsqu’il s’agit d’Israël. Ce qui leur fait perdre de leur crédibilité dans le monde arabe, pour ne pas dire plus.
La conférence générale annuelle de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui s’est ouverte lundi 20 septembre à Vienne, en a donné la plus récente preuve. Lors de la tenue, la semaine dernière, de la réunion des gouverneurs de l’agence pour préparer la conférence générale, les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ont exercé un maximum de pression sur les Etats arabes pour qu’ils renoncent à une résolution visant à forcer Israël à signer le Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP). Prétexte : l’adoption d’une telle résolution nuirait aux négociations de paix palestino-israéliennes et compromettrait les chances de l’organisation d’une conférence en 2012 pour faire du Moyen-Orient une région exempte des armes nucléaires.
Le sujet tient à cœur à Washington, comme l’a indiqué la présence à Vienne du principal conseiller du président américain Barack Obama sur la question du nucléaire, Gary Samore. Selon le porte-parole du Département d’Etat, Philip Crowley, l’AIEA « n’est pas la bonne place pour discuter de l’adhésion d’Israël au TNP » !! On se demanderait où l’on peut mieux discuter de l’application du Traité de non-prolifération nucléaire ailleurs qu’à l’Agence de l’Onu chargée de l’énergie atomique. Le responsable américain a également assuré que l’Etat hébreu a « pleinement coopéré avec l’AIEA (sic) » ! De quelle coopération parle-t-il ? Israël garde toujours le flou sur ses capacités atomiques, refuse d’adhérer au TNP et d’ouvrir ses installations à l’inspection de l’AIEA, contrairement à tous les autres pays de la région.
Au moment même où les Etats-Unis et l’Union européenne défendent la position d’Israël, ils exercent leurs pressions sur des pays comme l’Iran ou la Syrie et pressent l’AIEA à prendre des mesures robustes à leur encontre. Américains et Européens ont ainsi réclamé que la Syrie autorise l’accès de l’AIEA au site secret de Daïr Al-Zour, détruit en 2007 par l’aviation israélienne. L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’AIEA, Glyn Davies, a menacé que Washington soutiendrait l’usage par l’agence de « tous les moyens » à sa disposition pour enquêter sur cette ancienne installation. Il faisait allusion au mécanisme dit d’« inspection spéciale » qui donnerait à l’AIEA la possibilité d’examiner tout ce qu’elle juge nécessaire en Syrie sans avertissement préalable. Cette démarche serait le prélude à une éventuelle intervention du Conseil de sécurité de l’Onu : le refus de Damas de l’« inspection spéciale » autoriserait l’AIEA à porter l’affaire devant le Conseil de sécurité, qui pourra lui imposer des sanctions.
Les Etats occidentaux s’acharnent sur des pays — l’Iran et la Syrie — qu’ils soupçonnent de développer des programmes nucléaires secrets à des fins militaires. Mais ils ferment ostensiblement les yeux sur la seule puissance atomique reconnue au Moyen-Orient, qui détient pas moins de 100 ogives nucléaires et les moyens de leur lancement sur ses voisins.