publié le mardi 31 août 2010
Hélène Bekmezian
Hélène Bekmezian
A quelques jours de la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, jeudi 2 septembre, la presse internationale résonne des multiples obstacles auxquels les protagonistes vont devoir faire face et se demande s’ils seront surmontables.
Les négociations commenceront jeudi mais, dès mercredi soir un dîner réunira, outre Benyamin Nétanyahou, premier ministre israélien, et Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, le président égyptien, Hosni Moubarak, et le roi Abdallah de Jordanie. Dans un article intitulé Devine qui vient dîner ?, Ron Kampeas, du Jerusalem Post, explique que cette rencontre sera essentielle pour restaurer la confiance des différents convives et décrit les raisons de chacun pour venir à table.
TROUVER UNE "APPROCHE ORIGINALE"
"Benyamin Nétanyahou veut régler la question de la sécurité avant d’aborder les problèmes de fond tels que Jérusalem ou le statut des réfugiés palestiniens. Mahmoud Abbas, lui, veut arriver à ces problèmes le plus vite possible" car "ces négociations sont pour lui le seul moyen de démontrer aux Palestiniens que la diplomatie marche mieux que la violence pour obtenir un Etat", écrit le journaliste. Quant à Barack Obama, il "veut juguler les autres crises de la région", notamment en Irak et en Iran.
"Je demande vigoureusement au président Obama (...) de résister à la tentation de regarder en arrière", écrit le diplomate et chercheur américain Stephen Cohen dans le Huffington Post. Il appelle à une "approche originale" passant par exemple par un accord autour du terme "sécurité" pour qu’il ne soit plus l’apanage d’Israël comme "frontière" est celui des Palestiniens.
"UN MARIAGE ARRANGÉ QUE SEULS LES PARENTS VEULENT"
De son côté, l’ex-ministre israélien Yossi Beilin, figure centrale des accords d’Oslo (1993), estime lui dans Le Temps que "l’administration américaine se conduit de manière irresponsable en poussant Nétanyahou et Abbas à s’asseoir à la même table". "Si, par miracle, les négociations annoncées devaient donner des résultats concrets (...) l’accord serait inapplicable sur le terrain en raison de la désunion des Palestiniens", poursuit-il.
Pour Herb Keinon, du Jerusalem Post, il n’y a d’ailleurs que les Etats-Unis pour espérer un accord. "Imaginez un mariage arrangé par des parents, dans lequel ni la promise ni le prétendant n’auraient envie de se marier mais qui auraient accepté à contrecœur juste parce que leur parents – desquels ils sont tous les deux dépendants – l’exigent", résume le journaliste.
"Nétanyahou et Abbas, vivant à 15 minutes l’un de l’autre, se préparent à faire 10 000 kilomètres jusqu’à la ’maison des parents’ à la Maison Blanche pour se rencontrer et faire un mariage qu’ils ne veulent pas vraiment. Même deux des invités [Moubarak et Abdallah] n’ont pas confiance en ce mariage, selon des diplomates israéliens, mais se sentent obligés de venir parce qu’ils sont fortement liés aux Etats-Unis", poursuit le journaliste.
SIMULATION DES NÉGOCIATIONS
Pour tenter d’évaluer les chances de succès d’une telle rencontre, le Jerusalem Post a lui simulé, dimanche, ces négociations directes avec d’anciens hauts dirigeants de l’armée israélienne. Chacun des participants incarnait un personnage – Obama, Nétanyahou, Abbas, Moubarak et Abdallah – avec le plus de réalisme possible. Le scénario s’est déroulé ainsi : Obama demande le gel des colonisations israéliennes tout en s’efforçant de convaincre Abbas de rester à la table des négociations malgré le refus de Nétanyahou.
"Même avec une approche agressive des Etats-Unis, il n’est pas sûr que Abbas restera. Son intérêt est aussi de montrer le vrai visage de Nétanyahou pour ensuite pouvoir faire appel à l’ONU", écrit le journaliste Yaakov Katz. Conclusion de la simulation : "Le profond niveau de méfiance entre Israël et les territoires palestiniens est en soi un obstacle important." Mais ce qui comptera le plus, rappelle le journaliste, sera la sincérité que mettra chacun des participants dans les négociations. Et "cela ne peut être simulé".
Sans compter les événements de dernière minute qui peuvent encore changer la donne comme ceux de ce week-end, que rappelle le New York Times. D’un côté, "Israël était en ébullition dimanche après le refus d’une troupe de théâtre israélien de jouer dans les colonies juives", et de l’autre "les Palestiniens ont été eux scandalisés par un sermon violemment anti-palestinien d’un rabbin de Jérusalem". "Cela n’a fait qu’électrifier de plus en plus l’atmosphère à quelques jours de la reprise des négociations."