vendredi 13 août 2010

Netanyahu entrave la médiation US et refuse toute garantie aux Palestiniens

13/08/2010
Le message du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l’émissaire américain au Proche-Orient George Mitchell a été ferme. Il ne veut aucune condition, notamment le gel de la colonisation, et refuse toute garantie à la reprise des pourparlers avec le président palestinien Mahmoud Abbas, entravant ainsi la médiation américaine. Abbas s’est rendu hier au Caire où le président égyptien Hosni Moubarak recevait le roi Abdallah II de Jordanie pour tenter précisément d’accélérer le processus de paix israélo-palestinien.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le roi Abdallah II de Jordanie ont été reçus séparément hier par le chef de l'État égyptien Hosni Moubarak, dans le cadre des efforts visant à relancer les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. Aucun des dirigeants ne s'est exprimé à l'issue des discussions. M. Abbas et Abdallah II se sont entretenus de leur côté à l'aéroport du Caire avant de quitter tous deux l'Égypte, selon l'agence officielle égyptienne MENA. Ces concertations express visent à accélerer la reprise des négociations avec Israël.
Ces visites interviennent après une nouvelle rencontre, il y a deux jours à Ramallah en Cisjordanie occupée, entre M. Abbas et l'émissaire américain George Mitchell, qui tente de convaincre les Palestiniens de reprendre les négociations directes.
Un responsable palestinien avait fait état de progrès lors de cet entretien, tout en indiquant que les Palestiniens maintenaient leurs demandes, à savoir un gel de la colonisation juive en Cisjordanie, et particulièrement à Jérusalem-Est, et des garanties sur le tracé des frontières d'un futur État palestinien.
M. Abbas demande également que le « quartette » des médiateurs internationaux pour la paix au Proche-Orient réaffirme sa prise de position de mars dernier quant aux conditions de ces futures discussions. Le « quartette », composé des États-Unis, de l'Union européenne, de la Russie et des Nations unies, avait appelé à un gel total de la colonisation juive et à des négociations de paix visant à la création dans un délai de 24 mois d'un État palestinien sur la base des frontières d'avant la guerre de 1967. De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a refusé le préalable diplomatique réclamé par le président palestinien pour reprendre un dialogue direct avec lui après une pause de 18 mois, compliquant les efforts de l'émissaire américain au Proche-Orient.
Le refus présumé d'Israël « ne change rien » à la disponibilité du « quartette » à réitérer sa position pour inciter les parties à reprendre langue, précise-t-on toutefois de source diplomatique occidentale. M. Mitchell a incité l'UE à faire preuve d'unité sur cette question.
Les journaux israéliens Haaretz et Maariv ont précisé hier que M. Netanyahu a signifié la veille à George Mitchell qu'il n'acceptait aucune condition à la reprise des pourparlers. Les deux journaux de gauche jugent que la cinquième mission en quatre mois de Mitchell, qui a regagné Washington sans en dévoiler l'issue, s'est donc soldée par un « échec », appréciation que le porte-parole de Netanyahu, Mark Regev, s'est refusé à confirmer ou infirmer. « Le gouvernement d'Israël appelle depuis maintenant plus d'un an à un démarrage immédiat de pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens », a rappelé M. Regev. Devant Mitchell, Netanyahu avait montré des signes d'impatience : « Allons-nous commencer ? Commençons ! Tel est mon seul message. » De source palestinienne, on souligne que se référer aux frontières d'avant 1967 ne revient nullement à fixer des conditions puisqu'il s'agit d'une base de discussion figurant dans tous les accords passés avec Israël depuis 18 ans, y compris avec Netanyahu il y a près de 10 ans.
De même source, on espère toujours que, en dépit de la fin de non-recevoir de M. Netanyahu, le « quartette » fera droit à la demande de M. Abbas en renvoyant ainsi la balle dans le camp du Premier ministre israélien. « C'est dans l'air », confirme-t-on de source diplomatique occidentale en précisant que l' « on saura dans quelques jours s'il y a accord sur une formulation qui soit suffisamment adaptée pour déboucher sur des pourparlers directs ». Catherine Ashton, haut-commissaire de la Diplomatie européenne, a estimé que M. Abbas était « très près » d'accepter la reprise du dialogue et fournirait sa réponse « dimanche ou au début de la semaine prochaine ».