Nicole Johnston - Al Jazeera
« Israël a tout rasé, la terre, les arbres, les maisons et maintenant nous vivons comme des morts. »
Photo : AFP
Point de passage Keram Abou Salem
Nous avons vu les camions entrer à gaza, chargés de produits qu’Israël n’avait pas autorisés depuis plus de trois ans. Quand nous avons fait signe aux conducteurs de s’arrêter pour pouvoir examiner les cargaisons, nous y avons trouvé des articles inoffensifs : des ballons de football pour les enfants, des boîtes de crayons, des sacs à dos pour écoliers, des couverts et du matériel de couture. Est-ce cela, l’allégement du blocus ou s’agit-il d’une poudre aux yeux de la part d’Israël pour apaiser le reste du monde ?
Depuis jeudi, la liste des marchandises autorisées à entrer à Gaza inclura les pièces détachées de voitures, l’huile pour moteurs, les pièces de rechange pour l’agriculture et la pêche,les pneus,les parfums et les produits de maquillage.
La population de Gaza considère que l’allégement du siège est bénin. Tous ces produits y sont déjà disponibles bien que de piètre qualité. Ils viennent d’Égypte et sont acheminés à travers des tunnels sous-terrains, ce qui augmente leur prix.
La famille Khadr
Mais les habitants de Gaza ont besoin d’autres choses que de biens de consommation : « nous n’avons pas besoin d’un laisser-passer pour des verres, des assiettes ou des brosses à dents. Ce que nous leur demandons, c’est de tout laisser entrer, pas seulement les aliments. Nous lançons un appel à Israël, à l’Europe et aux pays arabes pour qu’ils facilitent l’entrée de matériel de construction à Gaza. C’est extrêmement important pour la reconstruction des maisons, des fermes et des usines ».
La maison de Zaed Khadr a été détruite pendant la guerre à Gaza. Il n’a plus de travail bien qu’il ait travaillé pendant des années dans des exploitations agricoles en Israël. Mais aujourd’hui il ne peut plus quitter Gaza à cause du blocus. Il est coincé entres les frontières de cette bande de terre. Mohammed, qui habite en face, élève ses sept enfants sous une tente.
Lui aussi, il a vu sa maison réduite en cendres. De minces matelas sont empilés dans un coin. Un ventilateur souffle sur l’air chaud de la tente en plastique. Il y a aussi trois filles assises qui regardent en silence des dessins animés. Les vêtements de Mohammed sont usés, troués, déchirés. La situation de sa famille le remplit de colère : « Israël a tout rasé, la terre, les arbres, les maisons et maintenant nous vivons comme des morts. »
Assise sur le balcon de mon hôtel à Gaza, je repense à la famille Khadr. Mohammed disait : « le monde entier voulait traverser les mers pour venir à notre secours ». Mais il n’y est pas parvenu et tant que le siège ne sera pas complètement levé, le monde continuera à faillir au peuple de Gaza.
* Nicole Johnston est une journaliste basée à Doha. Elle a travaillé à Londres, au Kenya, à Jérusalem et à Gaza. Avant Al Jazeera, Nicole était journaliste d’ABC en Australie pendant 7 ans.
23 juin 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://blogs.aljazeera.net/middle-e...
Traduction de l’anglais : Sami Zannad
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