dimanche 27 juin 2010

Nouvelles fissures dans la cuirasse sioniste


Israel - 26-06-2010
Par Comaguer > comaguer@orange.fr
CONTRE LA GUERRE, COMPRENDRE ET AGIR Bulletin n° 216– semaine 25– 2010
Il se confirme que l’édition anglo-saxonne ouvre ses catalogues à des ouvrages documentés, non polémiques mais nettement critiques sur le sionisme et ses actes. Après l’ouvrage central de Mearsheimer et Walt (1) qui ont imposé aux Etats-Unis le débat jusqu’alors impossible sur la soumission de la politique étrangère étasunienne à celle de l’Etat d’Israël, d’autres livres paraissent qui alimentent la réflexion sur le sionisme comme sur la politique de l’Etat d’Israël.

1- La question de la nature du sionisme est abordée dans le nouveau livre de l’historien William A.Cook
La nature du sionisme est une question centrale qui peut être reformulée ainsi : le sionisme est-il un projet progressiste qui s’est dénaturé au fil des années, comme voulait le faire croire toute une imagerie sur les pères fondateurs, leur socialisme, les kibboutz… ou bien sa mise en œuvre a-t-elle dès l’origine (déclaration Balfour, mandat britannique) et bien avant 1948 été marquée par le choix de la violence sur la Palestine et ses habitants et par la politique du fait accompli ?
Son livre s’intitule : « The Plight of the Palestinians » que l’on peut traduire par « La Condition des Palestiniens » au sens où l’on parle de CONDITION OUVRIERE ou de CONDITION PAYSANNE, c'est-à-dire de la situation d’une classe dominée, est publié ce mois-ci chez l’éditeur britannique Mac Millan et apporte une réponse nette à la question.
Les documents que l’auteur apporte à l’appui de cette seconde hypothèse sont très importants et concernent en particulier la période précédant la fin du mandat britannique. Cook utilise une source principale : les archives de Sir Richard Cartling.
Sir Richard Cartling fut chef-adjoint du service spécial des enquêtes criminelles à Jérusalem en 1944 et adjoint à l’Inspecteur général l’année suivante. Près de 500 pages de documents d’où ressortent deux documents principaux : un rapport d’Octobre 1941 du Haut commissaire en Palestine, Harold Mac Michael, adressé au Secrétaire d’Etat (à Londres) et portant la mention « Très secret », et l’autre de Cartling lui-même intitulé « Mémorandum sur la participation des institutions nationales juives à des actions illégales et violentes » et destiné au service central des enquêtes criminelles de la police palestinienne à Jérusalem.
Dans un article récent « The Birth of Israël, a tale of Lies, Deceit and Terrorism », William A. Cook résume les principaux points qu’il développe dans son livre (dont une édition française serait très bienvenue).
L’agence juive, embryon du futur gouvernement d’Israël créé après le vote de la résolution 181 de l’ONU, n’a jamais considéré cette résolution comme donnant naissance à deux Etats mais à un seul qui, avant même le vote de la résolution, a mis en œuvre et par tous les moyens sa politique visant à empêcher la création du second au moyen des accaparements de terres et du nettoyage ethnique dont le massacre de Deir Yassin, qui a lieu du 9 au 11 Avril 1948, un mois avant la déclaration officielle de l’Etat d’Israël, constitue le symbole. Il est établi qu’alors 418 villages palestiniens furent détruits, 292 totalement, 90 largement et les autres occupés par des « colons » israéliens, et que 750.000 palestiniens s’enfuirent.
Le rapport de Mac Michael éclaire les pratiques des organisations juives et souligne que la répression de la violence juive contre la puissance mandataire est plus difficile que celle de la violence arabe en raison du soutien public très important dont bénéficient les organisations juives au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Il souligne que sa position de gouverneur est intenable, que les organisations juives sont déterminées à chasser la puissance mandataire et que son gouvernement à Londres ne le soutient guère.
Et Mac Michaël précise :
« Les juifs en Palestine ne sont en aucune façon en manque d’entrainement dans le maniement des armes …nombre d’entre eux ont été entrainés dans la police palestinienne ou dans les troupes britanniques. Aujourd’hui, en plus des 10.000 juifs membres des troupes de Sa Majesté, il y en a 5.800 dans diverses unités de la police et 15.400 dans les unités spéciales de la police. Quand on ajoute à ces hommes les organisations illégales de défense (la Haganah à elle seule aurait de 60.000 à 70.000 membres en 1945) il devient évident que la population juive en armes serait par ses effectifs et par ses capacités un très formidable adversaire. »
Mac Michael s’inquiète beaucoup de l’organisation de la communauté juive :
« Un second aspect qui m’a beaucoup impressionné est le contrôle de type quasi nazi, bon gré mal gré, exercé par les organisations juives sur la communauté juive par le biais de l’administration des fonds reçus de l’étranger, de la délivrance de permis de travail en relation avec les quotas d’immigration… La Commission Royale était, selon moi, fondamentalement dans l’erreur en décrivant la communauté juive en Palestine comme « intensément démocratique » … L’organisation sioniste, la totalité de la structure sociale qu’elle a créée en Palestine, a les signes extérieurs mais aucune des fondements de la démocratie. La communauté dépend d’une oligarchie fermée des organisations juives officielles qui contrôle la politique sioniste et encadre l’existence de la communauté sous tous ses aspects… La réalité du pouvoir est à l’Agence, avec la Haganah, l’organisation militaire illégale, toujours en arrière-plan. »
De cette analyse il tire la conclusion qu’il n’est pas possible d’imposer quoi que ce soit à la communauté juive et qu’il faudrait pour y parvenir recourir à « un usage de la force à une très grande échelle. »
Cette analyse est confirmée par Catling qui, en introduction de son mémorandum, précise que l’objet de celui-ci est de « fournir les preuves de l’ampleur du recours par les organes suprêmes des institutions nationales juives et par leurs principaux dirigeants à la sédition, à la violence, à l’incitation au non respect des lois en vigueur en Palestine… Le gros de ce mémorandum va donc se concentrer sur le dessein d’établir le lien entre les principales institutions juives et l’activité illégale. » et plus loin : « Ces organisations puissantes et efficaces constituent , en fait, un gouvernement parallèle au gouvernement mandataire. »
Catling détermine six secteurs d’activités subversives de l’Agence Juive :
- Mise en place d’une armée secrète et d’un système d’espionnage,
- Vol et fabrication d’armes,
- Immigration illégale,
- Violence et désobéissance civile,
- Propagande séditieuse et hostile,
- Empiètement des droits civils des citoyens juifs.
William A. Cook analyse ensuite le très fort engagement exigé de ses membres par la Haganah qui va jusqu’à une obéissance aveugle et jusqu’à la mort à tous les ordres reçus même si ceux-ci sont contraires aux lois nationales et internationales et il a ajoute : « l’état d’esprit que favorise ce contrôle [ndt : sur le membre] autorise l’espionnage, la trahison des amis, l’ostracisme contre un membre de la communauté qui pense différemment, l’emprisonnement sans procès, la torture et même les exécutions extrajudiciaires. »
William A Cook (www.drwilliamacook.com) est professeur d’anglais à l’Université La Verne en Californie. Il a déjà publié plusieurs ouvrages sur la Palestine parmi lesquels « Psaumes pour le 21° siècle » et « Le viol de la Palestine » (non traduits en français).
2- La collaboration militaire et nucléaire Israël-Afrique du Sud au temps de l'apartheid
Un autre livre qui concerne ce sujet vient d’être publié en Mai aux éditions Pantheon Books. Son auteur Sasha Polakow-Suransky est un éditorialiste de la revue US très respectée « Foreign Affairs ». Le livre est intitulé « The Unspoken Alliance : Israël's Secret relationship with Apartheid South Africa » (« l’alliance non dite : la relation secrète d’Israël avec l’Afrique du sud de l’Apartheid »).
Issu d’une famille sud-africaine émigrée aux Etats-Unis? Sasha Polakow-Suransky a obtenu de l’actuel gouvernement sud-africain l’ouverture de ses archives, ce qui lui permet d’apporter un éclairage non contestable sur cette question souvent évoquée mais peu documentée jusqu’à présent (il a consulté pas moins de 7000 pages de documents).
Les relations entre les deux Etats prennent donc la forme d’une véritable alliance qui débute après la Guerre des Six-Jours et se scelle définitivement après la Guerre du Kippour. La guerre de 1973 permet en effet à l’Egypte de faire comprendre à nombre de pays africains qu’Israël est devenu un pays impérialiste ayant des visées de domination sur le continent et les relations diplomatiques entre beaucoup d’Etats africains et Israël se détériorent, sauf avec l’Afrique du Sud. Ce pays fournira à Israël des pièces détachées pour ses Mirage que la France ne veut plus fournir et la communauté juive d’Afrique du Sud encouragée par son gouvernement enverra beaucoup d’argent. Les relations entre les deux pays sont également étroites dans le commerce mondial du diamant.
Mais c’est surtout le domaine de l’armement qui est concerné. L’Afrique du Sud, soumise à l’embargo international, achète de plus en plus d’armes à Israël. D’après l’auteur, le commerce des armes va être multiplié par 15 entre 1973 et 1981, les Ministres de la Défense des deux pays, accompagnés des fabricants d’armes, tiennent deux réunions par an et les services de renseignement tiennent chaque année une conférence de coopération stratégique.
Cette politique concrétisée par l’accord Shimon Peres-PW Botha de 1975 se renforce encore quand Begin et le Likoud arrivent au pouvoir en 1977. La coopération nucléaire consiste en fourniture d’uranium sud-africain à Israël et en livraison de tritium israélien à l’Afrique du Sud. Le tritium est utilisé dans l’amorçage des bombes H ce qui confirme que l’Afrique du Sud de l’époque a bien envisagé à l’époque la fabrication de quelques armes thermonucléaires avec l’intention de terroriser par leur possession ses voisins africains qui soutenaient la lutte contre l’apartheid. Sasha Polakow-Suransky fait état des deux essais nucléaires communs réalisés en Septembre 1979 dans l’Atlantique du Sud mais précise que les détails sur ces essais demeurent classifiés. Etait-ce un essai israélien ou un essai sud-africain ? Quand la pression internationale contre l’apartheid s’intensifiera Israël reconnaitra publiquement ses liens militaires étroits avec l’Afrique du Sud et annoncera qu’il ne signera pas de nouveaux accords (ce qui voulait dire que les anciens ne seraient pas dénoncés !).
Si Sasha Polakow-Suransky considère que l’analogie entre l’apartheid sud africain et la politique sioniste est jusqu’à présent inexacte, on lui laisse la responsabilité du propos, mais il ajoute cependant que cela pourrait ne pas durer, se faisant indirectement l’écho du mouvement pour le boycott et le désinvestissement qui commence à prendre corps dans les campus étasuniens.
Dans son édition du 24 Mai 2010 le quotidien britannique Guardian a publié une partie des documents confidentiels dévoilés par le gouvernement sud-africain et utilisés par Sasha Polakow-Suransky. On y trouve des précisions sur l’accord Peres-Botha de 1975. Israël offrait donc des missiles antinucléaires à l’Afrique du Sud mais aussi des armes chimiques et des armes conventionnelles avec aussi peu de scrupules qu’il avait vendu ou vendrait des armes conventionnelles à Pinochet, à Videla en Argentine et à Rios Mont au Guatemala.
Le même Guardian revient sur le sujet le 3 Juin et révèle que Eshel Rhoodie, ministre de l’information du gouvernement sud africain, avait, avant sa mort en 1993, admis avoir transporté en 1975 dans une valise depuis Tel Aviv ce qu’il désignait comme « un composant essentiel, une amorce » d’une bombe thermonucléaire (H). Cette révélation émane de deux journalistes sud-africains connus, Allister Sparks et Mervyn Rees, qui ont considéré que les secrets que leur avait confié Rhoodie avant sa mort pouvaient être révélés après la publication du livre « The Unspoken Alliance » Ce « composant essentiel », peut-être les 30 grammes de tritium mentionnés dans le livre pouvant servir dans l’amorçage d’une douzaine de bombes H. Malgré le caractère rocambolesque du transport du « composant essentiel » les deux journalistes accordent crédit au récit de Rhoodie qui, disent-ils, leur avait régulièrement fourni des informations de qualité.
Ainsi, progressivement, la vérité se fraie un chemin et il convenait de rappeler que si une des premières décisions du nouveau régime sud-africain fut la renonciation définitive à l’arme nucléaire, il n’en a vraisemblablement pas encore fini avec ceux, politiques et militaires, qui l’avaient voulue et ne sont certainement pas tous disparus et qu’il y a encore à apprendre sur l’éphémère mais redoutable alliance des deux régimes d’apartheid.
Sur la question de l’arme nucléaire, le philosophe israélien Avner Cohen, qui enseigne aux Etats-Unis et dont l’ouvrage "Israel and The Bomb" attend toujours la publication d’une traduction française, annoncée par l’éditeur parisien La Demi-Lune, considère que le régime sioniste ne voulait pas vraiment vendre la bombe à l’Afrique du sud, et on en vient à penser que la fourniture d’uranium et la possibilité de réaliser un essai atomique ont conduit Israël à jouer avec les velléités nucléaires d’un régime d’apartheid en difficulté (En 75 les colonies portugaises d’Angola et de Mozambique deviennent indépendantes et Cuba va intervenir avec succès pour défendre l’Angola attaqué par les mercenaires et l’aviation sud-africaine) sans avoir jamais l’intention d’aboutir.
Cette hypothèse d’une manipulation de l’Afrique du Sud par Israël n’a pas pour autant empêché l’Afrique du Sud de continuer à développer seule son programme d’armement nucléaire. La réalité de ce programme nucléaire a en effet été vérifiée par l’AIEA à la suite des nombreuses inspections menées dans le pays après qu’il ait signé en 1991 le traité de non prolifération nucléaire. Les rapports de l’AIEA consécutifs à ces visites font état de 4 bombes prêtes à l’emploi et de quantités d’uranium très enrichi permettant d’en construire trois autres. La volte face du régime de l’apartheid en 1991 ne fut pas le fruit d’une conversion soudaine au pacifisme mais de la volonté de ne pas laisser l’arme nucléaire entre les mains d’un futur gouvernement noir. Puisse ce genre de crainte assaillir, un jour proche, l’establishment militaro-industriel sioniste !

(1) Copie de notre tract du 26.11.2008
Les défauts de la cuirasse sioniste
1- L'idéologie sioniste comme négation des palestiniens
S'inscrivant dans le courant des nouveaux historiens israéliens, SHLOMO SAND vient confirmer avec son dernier livre "Comment fut inventé le peuple juif " que la construction ethno-religieuse d'un peuple qui aurait quitté sa terre d'origine et y reviendrait plus de deux mille ans plus tard n'a aucune réalité historique Il s'en suit que ce « peuple » qui n'existe pas n'a aucun droit particulier à s'installer sur la terre de Palestine et encore moins à en chasser ceux qui y habitent. Le "droit au retour" qui permet à tout juif, quelle que soit sa nationalité d'obtenir un passeport israélien se trouve lui aussi vidé de tout fondement.
2- Le lobby sioniste contesté aux Etats-Unis
Après avoir manifesté très peu d'intérêt pour les juifs européens lorsque le nazisme prit la décision de les éliminer et mit en œuvre cette politique génocidaire, les Etats-Unis ont depuis 1967 adopté une politique de soutien permanent et polymorphe : politique, diplomatique, financier, militaire à la politique de l'Etat sioniste. Cette politique est le fruit d'une action déterminée et sans faille du lobby sioniste organisé sur le territoire des Etats-Unis.
L'action du lobby a enfin été décrite avec soin par deux universitaires étasuniens : WALT et MEARSHEIMER dans leur livre LE LOBBY SIONISTE ET LA POLITIQUE ETRANGERE DES Etats-Unis {traduction française publiée aux Editions La Découverte en 2007, WALT et MEARSHEIMER considèrent qu'il est anormal que la politique étrangère de la grande puissance étasunienne soit dictée par le gouvernement israélien et ils plaident simplement pour que les Etats-Unis retrouvent leur capacité à défendre leurs intérêts même quand ils ne coïncident pas avec ceux d’Israël.
Même si ce que l'on sait aujourd'hui de l'influence du LOBBY sur BARACK OBAMA et sur les premiers collaborateurs qu'il a choisis peut laisser présager: sa totale soumission aux intérêts israéliens" il s'agit d’une brèche décisive et de longue portée clans le carcan de conformisme pro-israélien qui a depuis 40 ans étouffé les responsables politiques et les médias étasuniens et dont I’ invasion de I’ Irak a été la dernière démonstration.
3- La démographie chancelante
Le projet ethno-religieux sioniste ne peut continuer à fonctionner que si les judéo-israéliens demeurent majoritaires sur le sol palestinien. Ceci explique le refus absolu d'accorder aux palestiniens le droit au retour mais cela suppose un flux positif permanent d'émigration vers Israël.
Or, outre le fait que 700.000 citoyens israéliens ayant acquis leur nationalité au titre du « droit au Retour » des juifs vivent à l'extérieur du pays sans aucune intention de s'y installer jamais, les données démographiques récentes montrent que ceux qui quittent Israël sont désormais plus nombreux que ceux qui s'y installent. I)'où le cauchemar sioniste de la perte de la majorité démographique au profit des palestiniens et le terrorisme d'Etat pratiqué par les sionistes pour pousser les habitants des territoires et de la bande de Gaza à choisir entre l'exil ou la mort.
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