mardi 22 juin 2010

Les démolitions de maisons à Jérusalem Est sont une dangereuse initiative qui nécessite l’intervention du monde

Jérusalem - 21-06-2010
Par Nir Hasson 
L'Autorité palestinienne a critiqué lundi la décision d'Israël de raser 22 maisons palestiniennes à Jérusalem-Est, en affirmant que cette dangereuse initiative nécessitait des interventions américaines et internationales.
Le Comité municipal d’Urbanisme de Jérusalem a approuvé lundi un projet controversé prévoyant la démolition de 22 maisons palestiniennes à Silwan pour faire place à un centre touristique qui permettrait, selon les Palestiniens, de renforcer la mainmise d’Israël sur le secteur Est de la ville.


Photo : Quartier Al Siwan, Jérusalem-Est

Le projet qui affecte le quartier de Silwan à Jérusalem-Est, risque de causer de nouvelles frictions entre les Américains et les Israéliens, juste deux semaines avant la rencontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le président américain Barack Obama.
Le gouvernement palestinien a publié une déclaration au sujet du projet, dans laquelle il a insisté sur le fait que «ces mesures dangereuses nécessitaient une intervention américaine et internationale."
Selon la radio israélienne, le négociateur en chef Saeb Erekat a commenté aussi le projet en disant que l’initiative montrait qu’Israël veut détruire les pourparlers de paix indirects avec les Palestiniens.
M. Erekat a appelé la communauté internationale à "mettre fin à ces mesures dangereuses» et a déclaré que l’initiative "montrait qu'Israël avait décidé de détruire les pourparlers indirects avec les Palestiniens."
Le département d'Etat américain a également publié une déclaration au sujet de l'annonce de Netanyahou dans laquelle ils se sont opposés à toute action «unilatérale qui pourrait préjuger des négociations."
"Les Etats-Unis ont clairement fait savoir leur désaccord avec certaines pratiques israéliennes affectant les Palestiniens à Jérusalem dans des domaines tels que le logement, notamment les expulsions et les démolitions, et a exhorté toutes les parties à éviter toute action qui pourrait ébranler la confiance", indique une déclaration publiée par le Département d’Etat américain.
"Cela souligne la nécessité d'un accord de statut permanent qui résoudrait tous les problèmes en suspens entre les parties, y compris Jérusalem, qui aboutirait à une solution à deux Etats pour le conflit israélo-palestinien", indique le communiqué.
Des tensions ont déjà eu lieu à Jérusalem, lorsqu’une dispute a éclaté pendant la réunion entre les membres du comité et les habitants de Silwan. Les habitants de Silwan se sont nettement opposés au projet et ont demandé au comité de parler de leur projet de rechange, qui n’inclut pas la démolition des maisons.
Plusieurs avocats représentant les résidents ont condamné la décision du comité.
"Je veux aussi un parc dans le quartier où je pourrais m'asseoir le week-end et tremper mes pieds dans l'eau, mais si le comité a le courage d'approuver un projet contre la volonté des résidents, et de raser leurs maisons pour cela, alors il devrait avoir le même courage pour parler aussi de son projet de rechange", a déclaré l’un des avocats.
Barkat avait lancé le projet il y a quelques mois mais il avait accepté une demande de dernière minute du Premier ministre israélien de consulter les résidents palestiniens avant de casser le sol. La démolition par Israël de maisons palestiniennes avait, par le passé, provoquée des réactions virulentes des États-Unis.
Les Palestiniens espèrent construire la capitale de leur futur Etat à Jérusalem-Est et considèrent toute construction israélienne comme une attaque de leurs revendications du leur droit à la terre.
Bien qu'Israël prétende qu'il ne fait qu’appliquer la loi en démolissant les structures construites illégalement, la plupart des maisons construites sans autorisation l’ont été parce que les Palestiniens ont du mal à obtenir des permis de construire à Jérusalem-Est.
Barkat estime que ce projet donnerait un lifting bien nécessaire au quartier délabré d’Al-Bustan à Jérusalem, projet qu’Israël nomme Gan Hamelech, ou Jardin du Roi.
Le projet prévoit la construction de magasins, de restaurants, de galeries d'art et un grand centre social sur le site où, affirment certains, le Roi David de la Bible aurait écrit ses psaumes. Les 22 familles déplacées seraient autorisées à construire des maisons ailleurs dans le quartier, bien qu’on ne sache pas qui paierait pour elles.
Israël a annexé Jérusalem-Est immédiatement après l’avoir pris à la Jordanie pendant la Guerre des Six-Jours en 1967.
Icic, la souveraineté d'Israël n'a pas été reconnue ni par les Palestiniens ni par la communauté internationale, et le sort de la ville est l'une des questions fondamentales qui divise les deux côtés. Près de 200.000 Juifs se sont installés à Jérusalem-Est depuis qu'Israël s'en est emparé, vivant dans une cohabitation difficile avec les 250.000 Palestiniens.
Les militants d’Al-Bustan, qui avait cherché à bloquer les démolitions, ont déclaré dans un communiqué que le projet s'inscrivait dans le contexte général de judaïsation rapide de Jérusalem-Est.
Cela fait barrage à toute "possibilité que Jérusalem devienne une ville partagée, voire la capitale d'un Etat palestinien", indique le communiqué. "C’est, en soi, une opposition à la paix."
Le site contesté fait partie plus grand quartier appelé Silwan, où vivent environ 50.000 Palestiniens et 70 familles juives. Les démolitions ailleurs dans Silwan ont transformé le quartier en un pôle de tensions entre des Palestiniens qui craignent l'expulsion et des Juifs déterminés à conserver la ville comme étant la capitale indivisible d'Israël.
Apparemment, craignant une dure critique des Américains, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait fait pression sur Barkat en Mars pour qu’il retarde le projet et qu’il consulte les Palestiniens qui risquent de perdre leurs maisons.
«Maintenant, après avoir peaufiné le projet et recherché une plus grande coopération avec les habitants au sujet de leurs besoins et de l’amélioration de leur qualité de vie, la municipalité est prête à présenter les projets de la première étape d'approbation», a déclaré le porte-parole de Barkat, Stephan Miller.
Le bureau du Premier ministre a déclaré que M. Netanyahu "espérait que, puisque ce projet n’est qu’à un stade préliminaire, le dialogue pourrait continuer avec ceux qui ont construit leurs maisons sur des terrains publics et qu’il sera possible de trouver une solution négociée, conformément à la loi."
L'ambassade américaine n'a fait aucun commentaire.
Depuis que Netanyahu a retardé le plan, il s'est retrouvé en profond conflit avec l'administration Obama au sujet de la construction juive à Jérusalem-Est.