22/06/2010
Marchands et contrebandiers craignent une chute des prix.
Les premières marchandises à « usage civil » autorisées par Israël ne sont même pas encore arrivées à Gaza que les commerçants de produits de contrebande à Rafah s'empressent de liquider leurs stocks, de crainte d'une brutale chute des prix. Au marché al-Najma, où aboutissent les marchandises acheminées par les tunnels creusés sous la frontière avec l'Égypte, les tarifs ont déjà commencé à baisser. « Un carton de coca, pour 20 shekels (5 dollars) seulement ! » crie Abou Hassan à l'intention des passants, devant une pile de boissons gazeuses, qu'il vendait auparavant 50 % plus cher. « Si le coca israélien est autorisé à passer avant que je liquide mon stock, je vais perdre un paquet » d'argent, s'inquiète-t-il. Après quatre ans, Israël - sous pression internationale depuis l'assaut meurtrier de sa marine le 31 mai contre une flottille humanitaire internationale qui tentait de « briser » le blocus de Gaza - a changé les régulations imposées à l'entrée des marchandises. Il a annoncé dimanche qu'il laisserait désormais passer tous les biens ne figurant pas sur une liste de produits interdits comprenant les armes et tout matériel susceptible d'être utilisé à des fins militaires, notamment les matériaux de construction. Jusqu'alors, seules les marchandises explicitement mentionnées sur une liste restrictive d'une centaine d'articles étaient autorisées. « Mon tunnel est vide en ce moment parce que nous avons tout fait entrer à Gaza, le marché est saturé », confie Abou Mohammad, l'exploitant d'un des nombreux tunnels par lesquels transite l'essentiel - 80 % selon la Banque mondiale - de l'approvisionnement du territoire. « En important de nouvelles marchandises, on risque de perdre de l'argent parce que Israël dit qu'il va lever le blocus », confirme-t-il, précisant que les autorités égyptiennes ont renforcé les contrôles de leur côté de la frontière. « Les seules choses dont le marché de Gaza a besoin maintenant, ce sont le ciment, le bois, le fer, le marbre et le carrelage, mais le bénéfice sur ces produits est faible, c'est pourquoi je n'ose pas en faire venir », explique Abou Mohammad. Son voisin, autre propriétaire de tunnel, affirme qu'il ne travaille plus que sur « commandes spéciales ».
Avant même le raid du 31 mai, l'économie des tunnels était menacée par des allègements ponctuels du blocus pour des produits notamment alimentaires, et la construction d'une barrière souterraine par l'Égypte. L'autorisation le 16 juin par Israël de l'entrée de huit camions de couverts et autres ustensiles de cuisine, pour la première fois depuis 2006, a fait baisser les prix de ce type de produits de moitié, ce qui a touché également l'électroménager. « Il y a un mois, j'aurais vendu cette télévision 40 pouces 8 000 shekels (environ 2 000 dollars), aujourd'hui elle n'en vaut plus que 4 700 (1 200 USD) », témoigne Abou Ahmad, un autre commerçant du marché al-Najma. Mais, doutant de la bonne foi d'Israël, il voit encore de beaux jours pour la contrebande à Rafah. « Les Israéliens disent qu'ils vont alléger le blocus et préserver la situation humanitaire à Gaza afin d'atténuer la pression internationale, ironise-t-il, mais ils ne font jamais ce qu'ils disent. » Maï YAGHI (AFP)
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Avant même le raid du 31 mai, l'économie des tunnels était menacée par des allègements ponctuels du blocus pour des produits notamment alimentaires, et la construction d'une barrière souterraine par l'Égypte. L'autorisation le 16 juin par Israël de l'entrée de huit camions de couverts et autres ustensiles de cuisine, pour la première fois depuis 2006, a fait baisser les prix de ce type de produits de moitié, ce qui a touché également l'électroménager. « Il y a un mois, j'aurais vendu cette télévision 40 pouces 8 000 shekels (environ 2 000 dollars), aujourd'hui elle n'en vaut plus que 4 700 (1 200 USD) », témoigne Abou Ahmad, un autre commerçant du marché al-Najma. Mais, doutant de la bonne foi d'Israël, il voit encore de beaux jours pour la contrebande à Rafah. « Les Israéliens disent qu'ils vont alléger le blocus et préserver la situation humanitaire à Gaza afin d'atténuer la pression internationale, ironise-t-il, mais ils ne font jamais ce qu'ils disent. » Maï YAGHI (AFP)
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