jeudi 10 juin 2010

Blocus : Israël se dérobe, mais pour combien de temps ?

mercredi 9 juin 2010 - 09h:02
Dr Hicham Mourad - Al-Ahram/hebdo
Comme à son habitude, Israël cherche une échappatoire à l’impasse dans laquelle il se trouve depuis son agression sanglante contre la flottille de la Liberté. Soumis aux pressions de la communauté internationale, l’Etat juif envisagerait, sans céder sur le principe même de l’embargo, d’alléger le blocus imposé à la bande de Gaza depuis 2006.
(JPG) Même s’ils ont fait en sorte que le Conseil de sécurité de l’Onu s’abstienne de stigmatiser Israël dans sa déclaration condamnant les pertes en vies humaines occasionnées par l’attaque commando, les Etats-Unis, le principal allié de Tel-Aviv, ont dénoncé les conséquences humaines du blocus pour le million et demi de Palestiniens entassés dans l’étroite bande côtière.
L’incident tragique a incité la plupart des alliés d’Israël à revoir leur position. Ils estiment désormais que le blocus de Gaza cause un préjudice injustifié aux Palestiniens et aurait in fine plus bénéficié que nui au mouvement islamiste du Hamas, qui y tient les rênes du pouvoir depuis 2007. Ces alliés iront-ils cependant plus loin que les simples condamnations verbales de circonstance ?
Aurait-il fallu que survienne cet épisode tragique de l’attaque israélienne meurtrière contre des humanitaires pour que les alliés de l’Etat hébreu se rendent enfin compte des conditions inhumaines dans lesquelles vit la population de Gaza depuis quatre ans ? Ces alliés auraient-ils ignoré que près de 80 % des Gazaouis dépendent de l’aide étrangère et qu’en raison des nombreuses limitations imposées par Israël à l’entrée des marchandises, en particulier les matériaux de construction, les habitants de Gaza n’ont d’autres moyens que de faire passer l’essentiel des marchandises, qui s’échangent à des prix supérieurs à la période pré-blocus, par les tunnels de contrebande creusés par des ouvriers au péril de leur vie sous la frontière avec l’Egypte ? Les chiffres du drame sont implacables : selon un récent rapport de l’Onu, seuls 25 % des dégâts causés par l’agression d’Israël contre la bande de Gaza, en décembre 2008-janvier 2009, ont été réparés. Très peu d’habitations parmi les 6 000 gravement endommagées ou détruites ont été réparées, faute de matériaux. Les services essentiels sont inappropriés, l’économie est en lambeaux et les principales infrastructures se détériorent. Israël, avec la compréhension complice des ses alliés, ne cesse d’évoquer sa sécurité pour justifier toute sorte d’agression contre les Palestiniens et ceux qui les soutiennent. Qui, parmi les alliés de Tel-Aviv, se souvient aujourd’hui des 1 400 civils palestiniens sacrifiés sur l’autel de la sécurité d’Israël, lors de l’offensive « Plomb durci » ? Et qui, parmi eux, se préoccupe réellement du sort d’un million et demi de Palestiniens, mis sous les verrous par Israël dans la bande de Gaza ?
L’an dernier, le Conseil des droits de l’Homme de l’Onu avait mandaté le juge Richard Goldstone pour enquêter sur l’offensive israélienne à Gaza. Tel-Aviv a refusé de coopérer avec cette commission d’enquête qui, dans ses conclusions, a accusé Israël d’avoir commis des crimes de guerre et recommandé la saisine de la Cour pénale internationale si l’Etat hébreu refusait d’ouvrir une enquête « crédible ». Israël cherche aujourd’hui, comme il l’avait fait hier, à se dérober par des moyens dilatoires à ses obligations. Mais pour combien de temps ?
Al-Ahram/hebdo - Semaine du 9 au 15 juin 2010, numéro 822 (Opinion)
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8904