lundi 29 mars 2010 - 06h:39
                                                              
K.Selim - Le Quotidien d’Oran
          Le rédacteur en chef d’Al-Qods Al-Arabi, Abdelbari Atwan,  s’étonnait hier de voir les dirigeants arabes réunis à Syrte parler  comme la rue arabe. Atwan, qui n’est pas un naïf, maniait tout  simplement de l’humour pour montrer que les dirigeants arabes étaient en  panne d’échappatoires.         
           Si les dirigeants arabes parlent comme la « rue arabe », cela ne  signifie pas en effet qu’ils se sont rapprochés de leurs populations. En  réalité, ils cherchent à justifier l’état d’impuissance à laquelle a  mené leur politique d’alignement à l’égard des Etats-Unis.
 Le seul dirigeant à Syrte qui n’était pas distant de sa  population n’était pas arabe mais turc ; il n’était pas un membre de la  Ligue mais un invité. Elu démocratiquement par une majorité de ses  citoyens, Tayyip Erdogan pouvait se permettre d’exprimer le sentiment  des Turcs sans craindre un froncement de sourcils de Washington ou  d’Israël. Ce n’est pas un hasard si les propos fermes du chef du  gouvernement turc ont paru à la presse internationale comme plus  importants que les jérémiades arabes, qui continuent sur le monde du  « retenez-nous ou l’on retire notre plan de paix » ! Washington et les  Européens vont-ils pour autant les prendre au sérieux alors qu’ils  ânonnent, à vide, que la « paix est un choix stratégique » ?
 Il paraît que Mahmoud Abbas a polémiqué avec le  président syrien Al-Assad, car ce dernier a défendu l’idée de  résistance. On ne s’étonne de rien, bien sûr ! Mais qu’un dirigeant  palestinien d’une organisation qui s’appelle encore le Fatah (mouvement  de libération de la Palestine) et de l’OLP (Organisation de libération  de la Palestine) ne supporte plus le mot « résistance », est tristement  significatif.
 Mahmoud Abbas, dirigeant faible, « adoré » par les  Occidentaux mais pas par ses compatriotes, est l’alibi parfait pour les  autres dirigeants arabes. Ils ne peuvent se permettre d’être plus  palestiniens que les Palestiniens ! Argument bien entendu affligeant.  Certains sont plus prompts aux diversions. Quand M. Amr Moussa prône, et  avec quelle prudence, un dialogue avec les Iraniens, certains Arabes  très modérés réagissent de manière pavlovienne, pour dire que ce n’est  pas le moment ! Ce ne sera jamais le moment, bien entendu. Les Arabes  accepteront de dialoguer avec l’Iran quand Washington l’aura fait...  C’est-à-dire quand ce sera totalement inutile.
 Que restait-il à faire ? Parler vaguement de Jérusalem,  assortir la reprise des négociations indirectes à la suspension de la  colonisation, créer un comité - la belle affaire ! - qui va suivre la  mise en œuvre des « décisions » du sommet de Syrte. La ligue de  l’impuissance arabe aime à se gaver de mots, encore que dans les  conditions actuelles, les inventifs sherpas de la langue de bois arabe  paraissent bien dépassés.
 Le subterfuge de dirigeants arabes parlant comme la  « rue arabe » qui étouffe sous leur oppression ne passe pas. A Syrte,  seul le propos d’Erdogan a paru avoir du sens..., car exprimé par un  homme démocratiquement élu, qui n’éprouve pas le besoin de faire  semblant...
                29 mars 2010 - Le Quotidien d’Oran - Vous pouvez consulter  cet article à : 
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