mardi 30 mars 2010

43 ans de faits accomplis

lundi 29 mars 2010 - 17h:57
Juan Miguel Muñoz - El Païs
Une toile d’araignée qui compte 120 colonies juives, des zones sécurisées et militaires contrôlent 60% de la Cisjordanie... L’objectif est d’empêcher un Etat Palestinien, écrit Juan Miguel Muñoz.
(JPG)
Véritables incrustations endogènes en Palestine occupées, justifiées par un délire millénariste, les colonies juives sont un des pires aspects du projet colonialiste de l’état sioniste.
Le mur en béton, les barbelés, les tours en béton gris, des routes qu’on a écartées, des check points et des chemins coupés par des blocs de granit. Les barrières métalliques et les buttes de sable dessinent le paysage vallonné de la Cisjordanie occupée, tout cela couronné par de coquettes colonies juives avec leurs maisons aux toits de briques rouges. Près de 43 ans après la conquête du territoire, plus d’un demi-million de colons vivent (dont environ 200 000) à Jérusalem-Est, insérés parmi les 2,5 millions de Palestiniens.
Ils habitent les 120 colonies dont plusieurs sont dispersées, alors que d’autres sont regroupées en trois grands blocs : Ariel, Maale Adoumim et Goush Etzion. Au sein de ce dernier qui est un bastion du sionisme religieux, est née l’aventure d’une colonisation qui dispose d’une machine superbement huilée par un fanatisme messianique et le soutien des gouvernements qui ne se sont jamais confrontés (ou non jamais voulu s’opposer) aux plus extrémistes. Le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, les considère « ses frères ».
Levy Eskhol gouvernait Israël lorsque le 8 Juin 1967, quelques heures après que l’armée israélienne eut prit Jérusalem, Ben-Gourion affirmait : « Maintenant, nous contrôlons Jérusalem, ce qui suppose un événement des plus importants. Une des premières choses que nous avons à faire c’est de construire des quartiers, des colonies juives dans le quartier juif de la Vieille Ville. S’il y avait des maisons arabes vides, nous y mettrons des Juifs. Ce procédé est extensible aussi à Hébron. Je suis convaincu que les gens voudrons y aller ». Et ils le voulaient. Les colons ont immédiatement appelé et exigé l’autorisation au Premier Ministre Eshkol, pour construire des communautés dans ce que les juifs appellent Judée et Samarie.
Ce sont quatre décennies de faits accomplis de violation de la résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. On n’a jamais perdu de temps. Simon Peres avait rédigé en septembre 1967, quels seraient les contours des politiques à appliquer au sein du parti qu’il avait crée avec son mentor Ben Gourion. Peres avait alors encouragé la construction de quartiers au nord, au sud et à l’est de Jérusalem, et ajoutait : « les lieux qui ont été abandonnés en 1948 seront rénovés », et cela fut fait.
À Hébron, Kfar Etzion, Kedumin ou Elon Moreh, les leaders fanatiques qui aujourd’hui mènent la colonisation, ne cachaient pas leurs desseins. Quatre décennies durant, les religieux sionistes ont mené un plan qui a toujours compté avec l’aide de la droite Likoud, sous la direction d’Ariel Sharon, mais aussi du Parti Travailliste, qui était leur concurrent et finit par s’imposer comme le champion de l’expansion coloniale.
Quelques jours après cette guerre, on entendait les voix qui avaient averti du risque qu’il y avait à s’emparer de la Cisjordanie et l’euphorie avait aveuglé les dirigeants israéliens : « La Jérusalem unifiée restera en territoire israélien... en guise de phase intérimaire, la situation militaire perdurera en Cisjordanie... ». `Le communiqué du Gouvernement du 19 juin 1967 n’était pas exactement prémonitoire : l’occupation militaire n’allait plus être transitoire.
En plus des 120 colonies, une autre centaine de minuscules colonies sont le foyer aujourd’hui de jeunes religieux éduqués dans la promesse de prendre la terre sacrée d’Israël, depuis la Jordanie jusqu’à la Méditerranée. Ils sont le fer de lance d’un mouvement radical que nie toute possibilité d’accord avec les palestiniens. « La terre de Judée et Samarie a été donnée par Dieu aux juifs. Un point, c’est tout », affirment-ils. Ils ne veulent pas non faire connaître leurs intentions aux gouvernements d’Israël.
Ils arrivent dans leur maison roulante sur la colline d’une montagne et montent leur maison préfabriquée. Quelques mois plus tard ils pourront bénéficier de l’électricité et aussi d’eau et bien entendu de la protection de l’armée. Ce sont des colonies illégales au regard du gouvernement israélien lui-même, qui a déjà à maintes reprise promis de les démanteler. Toutefois, elles ont poussé comme des champignons.
Cet enchevêtrement de colonies, d’espaces sécurisés qui se trouvent autour ainsi que des emplacements militaires fermés, mangent près du 60% du territoire de la Cisjordanie, qui a une superficie similaire à La Rioja [communauté autonome du nord de l’Espagne de 5045 km² - N.d.T]. Les Accords d’ Oslo l’ont baptisé « Zone C ». Ce sont les zones sous contrôle israélien où les Palestiniens ne peuvent pas construire. Le territoire sur lequel l’Autorité Palestinienne exerce son pouvoir se limite à 20%.
Il n’y a aucune souveraineté, mais des raids pratiquement chaque jour de l’armée israélienne, d’énormes difficultés pour se déplacer ou aller étudier ou se rendre dans les hôpitaux, des problèmes souvent insurmontables pour voyager à l’étranger. La destruction de terres cultivées et les attaques des colons sur les villages ne font plus la une. L’activité économique, en phase avec les incidents politiques et des affrontements violents, se se heurte au labyrinthe bureaucratique ou aux décisions arbitraires d’un quelconque soldat de garde se trouvant dans un quelconque poste isolé. Un supplice pour la population palestinienne.
Est-il possible de fonder un Etat Palestinien sans démonter en grande partie cet enchevêtrement ? Impossible. Est-ce qu’il existe un dirigeant palestinien qui accepterait un État Palestinien qui n’aurait pas Jérusalem Est comme capitale ? Ce dirigeant n’est pas encore né. En attendant, les fonctionnaires continuent de dessiner des plans urbains pour mettre des juifs dans les quartiers arabes de la ville sainte. Parfois, comme cela est arrivé lors de la visite du vice-président des Etats Unis Joseph Biden, cela ressort au moment le moins opportun, ou peut être-il au moment souhaité ?
(JPG)
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Inés Molina V.
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8434