Abdallah Al-Achaal - Al-Ahram/hebdo
Est-ce que le monde arabe et islamique a reconnu que la perte d’Al-Aqsa et la judaïsation de Jérusalem sont un destin inévitable ? Ou bien ce monde possède-t-il des outils et des moyens qu’il n’a pas encore utilisés pour se justifier devant lui-même et devant l’Histoire ?
Les conjonctures arabes détériorées ont pour cause essentielle le conflit arabo-israélien et le mirage de la paix avec Israël. En effet, le registre des tentatives pacifiques a démontré qu’Israël a remporté le round et qu’elle a réussi à exporter la division vers le monde arabe. Bien que le monde arabe représente un seul corps, il n’est pas un seul cerveau. Il se trouve aussi dans une région entourée de dangers et de menaces. De plus, les dernières décennies et les alliances extérieures au sein de la région ont affaibli le corps et la pensée arabes. En effet, la lecture de la scène arabe montre l’ampleur du déchirement.
En Iraq, les élections ont montré que les voix confessionnelles ont pris le dessus sur l’intérêt d’un pays uni. Si nous admettons qu’Israël est la principale cause du déchirement de la scène palestinienne et du monde arabe, nous devons savoir pourquoi le climat arabe est devenu propice à la dégradation, au démantèlement et à l’effritement comme c’est le cas en Iraq.
La scène est presque la même au Soudan, où les appels à la séparation entre le nord et le sud sont plus forts que les efforts déployés pour sauvegarder l’union du pays.
Quant à la scène palestinienne, elle est connue de tous. Le déchirement entre le Fatah et le Hamas a atteint les plus hauts degrés d’hostilité. Des tentatives répétées pour réaliser la réconciliation palestinienne ont commencé par la conférence de La Mecque. L’inexistence de la légitimité constitutionnelle de toutes les institutions palestiniennes a rendu impossible l’organisation des élections. Le projet sioniste s’est dévoilé clairement. Il vise une paix sur mesure sans accorder aucun intérêt aux revendications des Palestiniens et des Arabes. Il a pour objectif l’accélération évidente de l’exécution du projet sioniste en multipliant les implantations en Cisjordanie et en accordant le plus grand intérêt à Jérusalem et sa judaïsation et à la mosquée d’Al-Aqsa et sa division. C’est ainsi qu’Israël a fermé la mosquée et a interdit l’accès aux fidèles. Sans oublier l’annexion du Tombeau des Patriarches et de la mosquée de Bélal à la liste du patrimoine national hébreu dans une indication claire de l’exécution d’un plan appelé « la restitution des terres des ancêtres et de leurs lieux sacrés ». C’est ainsi que les Arabes et les musulmans ont découvert qu’Israël agissait selon un programme qui était sous couvert dans le passé mais qui n’en a plus besoin aujourd’hui.
L’Organisation de la conférence islamique a été initialement fondée pour protéger les lieux islamiques sacrés en Palestine et leur restitution, à la suite de la tentative de brûler la mosquée d’Al-Aqsa le 21 août 1969. C’est ainsi que s’est tenu le premier sommet islamique à Rabat, lieu de création de cette organisation. Vu son incapacité à mettre en œuvre ses projets à cause de la situation arabe et islamique, il est indispensable de la développer pour qu’elle devienne au moins une scène pour l’action diplomatique islamique. Il est fort drôle que le président Obama ait cru que cette organisation dirigeait la diplomatie islamique, car il a dernièrement nommé un représentant américain auprès d’elle.
Une question s’impose : est-ce que le monde arabe et islamique a reconnu que la perte d’Al-Aqsa et la judaïsation de Jérusalem sont un destin inévitable ? Ou bien ce monde possède-t-il des outils et des moyens qu’il n’a pas encore utilisés pour se justifier devant lui-même et devant l’Histoire ?
La réponse est que des milliards sont injectés pour sauver Jérusalem mais qu’ils n’ont eu aucun effet dans l’arrêt de la locomotive du projet sioniste alimenté par le soutien américain et européen et bénéficiant de la faiblesse de la position arabe et islamique. Si un sommet islamique sérieux est organisé pour affronter ces agressions dangereuses contre les lieux saints de la nation, il pourra étudier des milliers de cartes économiques, diplomatiques, morales, médiatiques, juridiques et judiciaires capables d’arrêter immédiatement Israël. Je ne sais pas pourquoi les institutions se multiplient et les énormes fonds sont dépensés sans aucune efficacité si ce n’est le soutien moral accordé aux habitants de Jérusalem. Il suffit que ce sommet décide de réviser la position d’Israël au sein de l’Onu et demande son expulsion.
Mais rien ne se fait et nous allons perdre Jérusalem et Al-Aqsa au milieu du silence de plus d’un milliard d’Arabes et musulmans.
Al-Ahram/hebdo - Semaine du 24 au 30 mars 2010, numéro 811 (Opinion)