Michel Warschawski
Le Premier ministre israélien a pris le parti de contrarier le président américain. Au risque de se couper du reste de la communauté internationale. Contrairement à la coutume, la rencontre qui a eu lieu [1] entre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et Barack Obama n’a pas été suivie d’une séance-photo. A la demande de la Maison Blanche, cette rencontre a eu lieu tard dans la soirée et Netanyahou s’y est rendu dans une voiture normale et pas dans la limousine utilisée d’habitude pour les rencontres officielles avec le président. En outre, la Maison-Blanche n’a pas voulu qu’il y ait un briefing pour la presse.
Ces signes reflètent l’état des relations entre Tel-Aviv et Washington, et la colère de l’équipe d’Obama à qui Netanyahou a imposé cette rencontre. « Ils en ont assez des titres, dictées par les attachés de presse du Premier ministre israélien, selon lesquels Netanyahou a « forcé la main à Obama » et « a gagné la partie de bras de fer avec la Maison-Blanche », explique au quotidien Haaretz (11 novembre 2009) un des dirigeants de la communauté juive américaine.
Même si, comme il se doit, tout le monde se dit satisfait du contenu des entretiens entre les dirigeants israéliens et états-uniens, le courant ne passe pas entre les deux administrations.
Le néo-conservateur Netanyahou n’a pas du tout aimé le discours du Caire et la demande américaine d’un gel total de la colonisation en Cisjordanie, et considère l’administration Obama comme un sale moment à passer jusqu’au retour aux affaires de ses amis « néo-cons ». Obama, de son côté, n’apprécie pas du tout le fait que le Premier ministre israélien ait réagi à sa demande d’un gel de la colonisation par un haussement d’épaules et une accélération des constructions dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés. On comprend alors pourquoi Obama n’avait pas très envie de recevoir Netanyahou, et qu’il ait de la peine à digérer cette visite quasiment imposée. « Bêtises », a répondu le Premier ministre israélien aux journalistes qui lui demandaient si la rencontre avec Obama avait été tendue, et, avant de prendre l’avion pour Paris où il espérait être mieux compris, Netanyahou a laissé entendre que les malentendus avec la Maison-Blanche étaient résolues.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a vraisemblablement d’autres informations et, une fois n’est pas coutume, encouragé par l’attitude d’Obama, a violemment attaqué la politique israélienne : « il me semble que le peuple israélien ne croit plus à la paix et n’y aspire pas », a-t-il déclaré la radio, ajoutant : « Ce qui fait peine d’autant plus, et qui, en fait, nous surprend, c’est qu’autrefois, il y avait en Israël un très grand mouvement pacifiste, une gauche qui se faisait entendre et aspirait à la paix … ».
A la lumière de la rencontre avec Nicolas Sarkozy, le Premier ministre israélien réalise-t-il qu’avec sa politique de refus de tout compromis, l’Etat d’Israël est en train de s’isoler du reste de la communauté internationale ?
[1] le 10 novembre