Palestine - 20-11-2009 |
Il y a de nombreuses années, mon fils avait deux hamsters qui faisaient des tours en courant sur une roue métallique, ce qui ne les menaient nulle part, bien sûr (mais de temps en temps, nous les laissions courir librement dans une pièce de la maison). Je me suis souvenu de ces deux hamsters cette semaine parce que les hommes politiques font eux aussi de temps en temps, avec la même précipitation, des tours qui ne les mènent nulle part, avec leur langue (exerçant ainsi seulement leurs muscles de la parole).
Le régime israélien vient de décider de continuer à violer le droit international en construisant 900 nouveaux logements dans la colonie exclusivement juive de Gilo (photo ci-dessus), près de chez nous, à Bethléem.
Le district de Bethléem a perdu près de 80% de son domaine et les 20% qui restent (le camp de concentration) sont maintenant surpeuplés, avec la moitié de la population constituée de réfugiés ou de Palestiniens déplacés.
Pourtant les politiciens, de la Chancelière allemande au Ministre français des Affaires étrangères, du Premier ministre britannique au Président des Etats-Unis, se sont relayés pour répéter des mots creux sur cette action qui « retarde» ou « nuit » au « processus de paix » (comme s’il y avait un processus de paix, ou la moindre possibilité de négociations justes entre la 4ème armée du monde et un peuple colonisé et occupé !).
Ariel Sharon, qui est à peu près aussi vivant que le processus de paix, avait l’habitude de le prononcer « piss process » (1).
Dans les années 1972 et 1980, les dirigeants européens et nord-américains décrivaient avec justesse les colonies comme ILLEGALES (Israël viole le droit international en construisant dans les secteurs occupés), mais n’ont pourtant rien fait à leur sujet (en réalité, dans beaucoup de cas, ils les ont financées et soutenues).
Aujourd’hui, elles « n’aident pas », elles sont « unilatérales », et « elles retardent » !
Il y a effectivement de nombreuses résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies (celles contre lesquelles les USA n’ont pas apposé leur veto) qui énoncent clairement l’illégalité des colonies. Si Israël était forcé à se conformer à seulement la moitié des 35 résolutions qu’il viole actuellement, nous aurions la paix depuis longtemps. Prenons simplement l’exemple de la Résolution 446 du CSNU :
« Le Conseil de sécurité, Ayant entendu la déclaration du Représentant permanent de la Jordanie et d'autres déclarations faites devant le Conseil, Soulignant la nécessité urgente de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, Affirmant une fois de plus que la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949 1 / est applicable aux territoires arabes occupés par Israël depuis 1967, y compris Jérusalem,
1. Considère que la politique et les pratiques israéliennes consistant à établir des colonies dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 n'ont aucune validité en droit et font gravement obstacle à la réalisation d'un règlement global, juste et durable au Moyen-Orient ;
2. Déplore vivement l'échec d'Israël à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité 237 (1967) du 14 Juin 1967, 252 (1968) du 21 Mai 1968 et 298 (1971) du 25 Septembre 1971 et la déclaration de consensus par le Président du Conseil de Sécurité le 11 Novembre 1976 2 / et les résolutions de l'Assemblée Générale 2253 (ES-V) et 2254 (ES-V) du 4 et 14 Juillet 1967, 32 / 5 du 28 Octobre 1977 et 33/113 du 18 Décembre 1978 ;
3. Engage une fois de plus à Israël, puissance occupante, à se conformer scrupuleusement à la Quatrième Convention de Genève de 1949, d'annuler ses actions antérieures et de renoncer à toute action qui conduirait à modifier le statut juridique et le caractère géographique et d'affecter substantiellement la composition démographique des territoires arabes occupés depuis 1967, y compris Jérusalem, et, en particulier, à ne pas transférer une partie de sa propre population civile dans les territoires arabes occupés ... »
Pourtant, un demi-million de colons ont été transférés dans les territoires occupés sans qu’aucune sanction ne soit appliquée à Israël (grâce au droit de veto des USA utilisé au nom d’une politique étrangère prise en otage par le lobby israélien à Washington). Les hommes politiques régurgitent des déclarations ridicules et pitoyables sur le « processus de paix » qui serait « mis à mal »… C’est comme si on était devant un cadavre décomposé aux os apparents et qu’on dise à l’assassin que les actions en cours réduisent les chances de survie de la victime.
Mais ce qui nous irrite le plus, ici, en Palestine, ce sont les régimes arabes collaborationnistes et certains « leaders » palestiniens autoproclamés dont le rouet grince aussi sans mener nulle part. Ils pensent que le seul moyen de maintenir leur situation privilégiée, c’est de dorloter la politique US/Israël tout en essayant de conserver une certaine légitimité auprès de leur peuple en «condamnant » ou en « déplorant » les actions israéliennes sur le terrain qui «nuisent » au « processus de paix ». La plupart ne comprennent ni même ne lisent l’histoire. Ils ne croient pas en leur peuple, ni au pouvoir des mouvements sociaux pour changer l’histoire, même lorsque certains d’entre eux viennent de la base des mouvements sociaux qui ont effectivement changé l’histoire (par exemple les soulèvements de 1987-1991, qui amenèrent des transformations, comme le soulèvement de 1936).
Et si nous regardons les autres pays, nous voyons que de tels mouvements sociaux qui ont fait l’histoire (par exemple, aux Etats-Unis, l’obtention du droit de vote des femmes, la fin de la guerre au Vietnam, la fin du soutien US à l’Afrique du Sud de l’Apartheid, le mouvement des droits civiques, etc.).
Au fur et à mesure des flux et reflux du militantisme, nous voyons maintenant les prémices d’une nouvelle énergie et de mouvements, précisément au moment où l’on assiste aux dernières tentatives de prolonger les Accords d’Oslo à la dérive, des accords qui étaient voués à l’échec parce qu’ils n’étaient pas basés sur le droit international ou les droits de l’homme mais sur le besoin du régime dominant de mater la résistance des indigènes sans leur rendre leurs droits.
Mazin Qumsiyeh, PhD
A Bedouin in Cyberspace, a villager at home
(1) “peace process” (processus de paix) prononcé “piss process” (processus de pisse, ou de merde).
Le régime israélien vient de décider de continuer à violer le droit international en construisant 900 nouveaux logements dans la colonie exclusivement juive de Gilo (photo ci-dessus), près de chez nous, à Bethléem.
Le district de Bethléem a perdu près de 80% de son domaine et les 20% qui restent (le camp de concentration) sont maintenant surpeuplés, avec la moitié de la population constituée de réfugiés ou de Palestiniens déplacés.
Pourtant les politiciens, de la Chancelière allemande au Ministre français des Affaires étrangères, du Premier ministre britannique au Président des Etats-Unis, se sont relayés pour répéter des mots creux sur cette action qui « retarde» ou « nuit » au « processus de paix » (comme s’il y avait un processus de paix, ou la moindre possibilité de négociations justes entre la 4ème armée du monde et un peuple colonisé et occupé !).
Ariel Sharon, qui est à peu près aussi vivant que le processus de paix, avait l’habitude de le prononcer « piss process » (1).
Dans les années 1972 et 1980, les dirigeants européens et nord-américains décrivaient avec justesse les colonies comme ILLEGALES (Israël viole le droit international en construisant dans les secteurs occupés), mais n’ont pourtant rien fait à leur sujet (en réalité, dans beaucoup de cas, ils les ont financées et soutenues).
Aujourd’hui, elles « n’aident pas », elles sont « unilatérales », et « elles retardent » !
Il y a effectivement de nombreuses résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies (celles contre lesquelles les USA n’ont pas apposé leur veto) qui énoncent clairement l’illégalité des colonies. Si Israël était forcé à se conformer à seulement la moitié des 35 résolutions qu’il viole actuellement, nous aurions la paix depuis longtemps. Prenons simplement l’exemple de la Résolution 446 du CSNU :
« Le Conseil de sécurité, Ayant entendu la déclaration du Représentant permanent de la Jordanie et d'autres déclarations faites devant le Conseil, Soulignant la nécessité urgente de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, Affirmant une fois de plus que la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949 1 / est applicable aux territoires arabes occupés par Israël depuis 1967, y compris Jérusalem,
1. Considère que la politique et les pratiques israéliennes consistant à établir des colonies dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 n'ont aucune validité en droit et font gravement obstacle à la réalisation d'un règlement global, juste et durable au Moyen-Orient ;
2. Déplore vivement l'échec d'Israël à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité 237 (1967) du 14 Juin 1967, 252 (1968) du 21 Mai 1968 et 298 (1971) du 25 Septembre 1971 et la déclaration de consensus par le Président du Conseil de Sécurité le 11 Novembre 1976 2 / et les résolutions de l'Assemblée Générale 2253 (ES-V) et 2254 (ES-V) du 4 et 14 Juillet 1967, 32 / 5 du 28 Octobre 1977 et 33/113 du 18 Décembre 1978 ;
3. Engage une fois de plus à Israël, puissance occupante, à se conformer scrupuleusement à la Quatrième Convention de Genève de 1949, d'annuler ses actions antérieures et de renoncer à toute action qui conduirait à modifier le statut juridique et le caractère géographique et d'affecter substantiellement la composition démographique des territoires arabes occupés depuis 1967, y compris Jérusalem, et, en particulier, à ne pas transférer une partie de sa propre population civile dans les territoires arabes occupés ... »
Pourtant, un demi-million de colons ont été transférés dans les territoires occupés sans qu’aucune sanction ne soit appliquée à Israël (grâce au droit de veto des USA utilisé au nom d’une politique étrangère prise en otage par le lobby israélien à Washington). Les hommes politiques régurgitent des déclarations ridicules et pitoyables sur le « processus de paix » qui serait « mis à mal »… C’est comme si on était devant un cadavre décomposé aux os apparents et qu’on dise à l’assassin que les actions en cours réduisent les chances de survie de la victime.
Mais ce qui nous irrite le plus, ici, en Palestine, ce sont les régimes arabes collaborationnistes et certains « leaders » palestiniens autoproclamés dont le rouet grince aussi sans mener nulle part. Ils pensent que le seul moyen de maintenir leur situation privilégiée, c’est de dorloter la politique US/Israël tout en essayant de conserver une certaine légitimité auprès de leur peuple en «condamnant » ou en « déplorant » les actions israéliennes sur le terrain qui «nuisent » au « processus de paix ». La plupart ne comprennent ni même ne lisent l’histoire. Ils ne croient pas en leur peuple, ni au pouvoir des mouvements sociaux pour changer l’histoire, même lorsque certains d’entre eux viennent de la base des mouvements sociaux qui ont effectivement changé l’histoire (par exemple les soulèvements de 1987-1991, qui amenèrent des transformations, comme le soulèvement de 1936).
Et si nous regardons les autres pays, nous voyons que de tels mouvements sociaux qui ont fait l’histoire (par exemple, aux Etats-Unis, l’obtention du droit de vote des femmes, la fin de la guerre au Vietnam, la fin du soutien US à l’Afrique du Sud de l’Apartheid, le mouvement des droits civiques, etc.).
Au fur et à mesure des flux et reflux du militantisme, nous voyons maintenant les prémices d’une nouvelle énergie et de mouvements, précisément au moment où l’on assiste aux dernières tentatives de prolonger les Accords d’Oslo à la dérive, des accords qui étaient voués à l’échec parce qu’ils n’étaient pas basés sur le droit international ou les droits de l’homme mais sur le besoin du régime dominant de mater la résistance des indigènes sans leur rendre leurs droits.
Mazin Qumsiyeh, PhD
A Bedouin in Cyberspace, a villager at home
(1) “peace process” (processus de paix) prononcé “piss process” (processus de pisse, ou de merde).