dimanche 6 septembre 2009

Sarkozy et Abbas dénoncent la colonisation israélienne

publié le samedi 5 septembre 2009

Alain Barluet
Nicolas Sarkozy, qui considère une relance rapide des pourparlers de paix comme l’une de ses priorités diplomatiques, s’est entretenu avec son homologue palestinien, vendredi à l’Élysée.

Le rendez-vous entre le président de l’Autorité palestinienne et Nicolas Sarkozy, vendredi à l’Élysée, s’est déroulé sous la pression des dernières déclarations israéliennes.

C’est peu dire que la rencontre entre Mahmoud Abbas et Nicolas Sarkozy, vendredi à l’Élysée, s’est déroulée dans un contexte de pessimisme. L’annonce, le jour même, par les Israéliens de leur intention de donner un coup d’accélérateur à la colonisation en Cisjordanie avant tout gel partiel touche en effet le problème crucial sur la route d’une improbable relance de pourparlers de paix israélo-palestiniens. « Ce n’est pas acceptable. Nous voulons un gel de la colonisation et également le lancement des négociations de la phase finale », a réagi Mahmoud Abbas à l’issue de sa discussion d’environ une heure avec le président de la République [1].

Cette étape parisienne, souhaitée par le président palestinien, s’inscrivait dans les préparatifs de l’Assemblée générale de l’ONU qui débutera dans quelques jours. À cette occasion, il serait question d’une rencontre organisée à New York entre le dirigeant palestinien et le premier ministre israélien. Mais vendredi, Mahmoud Abbas a été clair en indiquant qu’une éventuelle rencontre « dépendra des pas, des mesures qui l’auront précédée concernant le gel de la colonisation ». Le principal négociateur palestinien Saëb Erakat a, pour sa part, jugé « totalement inacceptable » le projet israélien d’extension des colonies juives. « La seule chose qui sera suspendue après ces annonces, c’est le processus de paix », a-t-il ajouté.

Paris a également condamné « sans aucune ambiguïté » l’accélération de la colonisation israélienne. Lors de l’entretien avec son homologue palestinien, Nicolas Sarkozy a « souligné qu’il était déterminant, pour permettre la reprise du processus de paix, que cessent les activités de colonisation ainsi que le demande l’ensemble de la communauté internationale », selon un communiqué de l’Élysée.

Obama attendu à l’ONU

« C’est évidemment totalement contraire à l’esprit du processus et des engagements israéliens et à la dynamique du processus de paix », a déclaré pour sa part le porte-parole du Quai d’Orsay.

Les surenchères israéliennes ne font pas l’affaire de Nicolas Sarkozy, qui considère une relance rapide des pourparlers de paix comme l’un de ses chevaux de bataille diplomatique. « Il est temps de régler ce conflit, il ne faut plus attendre », avait lancé le chef de l’État, le 26 août, devant les ambassadeurs de France, en proposant de tenir « cet automne » à Paris une conférence sur le Proche-Orient dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Des consultations seraient actuellement en cours avec les pays concernés pour tenter de mettre au point ce grand rendez-vous, a confié vendredi Mahmoud Abbas après en avoir discuté avec Nicolas Sarkozy.

Entre les différents protagonistes, le tempo n’est pas le même. À l’activisme de Nicolas Sarkozy répond la prudence, sinon l’attentisme des Palestiniens, lesquels, ainsi que l’a souligné vendredi Saëb Erakat, ne veulent pas d’une conférence « pour les relations publiques et les photos ». Acteur clé d’une partie qui n’a pas commencé, Barack Obama tarde à abattre ses cartes. Le président américain s’est jusqu’à présent retranché derrière la diplomatie très minutieuse de son envoyé spécial, George Mitchell, pour tenter de déminer la question de la colonisation [2]. En vain. Tous les regards sont donc tournés vers le président américain dont le discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, sa première prestation dans cette enceinte, est très attendu. Le président américain pourrait y dévoiler, enfin, son plan pour le Proche-Orient en l’assortissant d’un échéancier précis, ce qui mettrait dûment Israéliens et Palestiniens face à leurs responsabilités.

[1] voir aussi le NouvelObs :

Netanyahu veut accélérer la colonisation en Cisjordanie

Le Premier ministre israélien compte autoriser la construction de plusieurs centaines de logements en territoires occupés avant toute décision de gel partiel, ce qui est qualifié de "totalement inacceptable" par un proche de Mahmoud Abbas.

Le Premier ministre israélien veut donner un coup d’accélérateur à la colonisation en Cisjordanie occupée avant tout gel partiel, a-t-on appris vendredi 4 septembre auprès de la présidence du conseil à Jérusalem. Benjamin Netanyahu envisage de donner son feu vert à la construction de plusieurs centaines de logements supplémentaires dans ces colonies édifiées dans le territoire palestinien, avant de décider d’un arrêt temporaire des constructions, a indiqué un haut responsable de la présidence sous couvert de l’anonymat.

"C’est totalement inacceptable"

"Le Premier ministre va faire approuver ces prochains jours des projets de construction dans les implantations et ce n’est qu’ensuite qu’il pourrait accepter un moratoire de plusieurs mois", a déclaré à l’AFP une autre source gouvernementale.

"C’est totalement inacceptable", a affirmé Saëb Erakat à l’AFP à Paris où il accompagne le président palestinien Mahmoud Abbas.

"La seule chose qui sera suspendue après ces annonces c’est le processus de paix" et non pas la colonisation, a-t-il ajouté.

Un gel partiel contre des opportunités commerciales

Ce gel provisoire, réclamé avec insistance par Washington en vue de relancer le processus de paix avec les Palestiniens et des pays arabes, serait censé durer neuf mois, selon les médias israéliens.

Il porterait uniquement sur la construction de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie, où vivent quelque 300.000 Israéliens. En revanche, il ne concernerait pas les 2.500 logements qui ont déjà reçu le feu vert du gouvernement, a précisé le responsable.

Il ne toucherait pas non plus les bâtiments publics, ni les quartiers de colonisation de Jérusalem-est, où résident quelque 200.000 Israéliens. En échange, des pays arabes tels que le Qatar, Oman, la Tunisie et le Maroc devraient donner leur accord à l’ouverture de représentations commerciales israéliennes sur leur territoire.

Israël compte obtenir le soutien des Etats-Unis pour ce plan, en dépit de l’opposition de l’administration de Barack Obama à la poursuite de la colonisation.

"Un engagement pour une paix globale"

Des responsables israéliens ont eu un entretien mercredi avec l’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, au cours duquel les deux parties ont réaffirmé leur "engagement pour une paix globale" dans la région, selon le Département d’Etat.

George Mitchell doit revenir dans la région la semaine prochaine pour une nouvelle série d’entretiens avec des responsables israéliens et palestiniens.

Barack Obama a exigé, avec l’appui des Européens, un gel total de la colonisation juive pour favoriser une relance des négociations avec les Palestiniens suspendues depuis l’offensive militaire israélienne de 22 jours contre le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza en décembre-janvier derniers.

Un pas en arrière d’Obama ?

Toutefois, l’administration Obama a paru reculer sur cette question face à l’opposition d’Israël, indiquant qu’un tel gel total des activités de construction ne représentait pas une condition préalable à une reprise des négociations de paix avec les Palestiniens.

Ces derniers conditionnent la reprise des pourparlers à une suspension des activités de colonisation dans les territoires occupés.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

[2] voir aussi Gilles Paris sur le blog du Moànde "Guerre ou Paix" :

Moratoire, selon Benyamin Nétanyahou

L’administration américaine, qui demande à Israël un gel de la colonisation pour relancer des négociations politiques israélo-palestinienne, et le gouvernement israélien, qui rechigne à y consentir vont-ils parvenir à un accord ?

En bonne logique, oui, aucun des deux n’ayant intérêt à un blocage. En pratique, la partie n’est pas encore gagnée si on en juge la réaction pour le moins négative de la Maison Blanche, vendredi 4 septembre, aux annonces israéliennes selon lesquelles avant de décréter un moratoire sur les constructions dans les colonies, le premier ministre Benyamin Nétanyahou en autoriserait quelques centaines, ce qui révulse les Palestiniens :

"We regret the reports of Israel’s plans to approve additional settlement construction. Continued settlement activity is inconsistent with Israel’s commitment under the Roadmap. As the President has said before, the United States does not accept the legitimacy of continued settlement expansion and we urge that it stop. We are working to create a climate in which negotiations can take place, and such actions make it harder to create such a climate."

Dans les articles publiés par le Maariv et le Yédioth Aharonoth, jeudi 3 septembre, Ben Caspit, Nahum Barnéa et Shimon Schiffer, avaient levé le voile sur le cadre d’un accord : moratoire sur les constructions limité dans la durée, mesures parallèles d’Etats arabes (réouverture de représentations, autorisations de survol pour les avions d’El Al), reprise des négociations. Nahum Barnéa a résumé la chose vendredi d’une formule lapidaire : “un pas gigantesque pour la droite israélienne, un petit pas pour l’humanité”…

http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/