dimanche 6 septembre 2009

Lutter pour le droit de marcher ...

samedi 5 septembre 2009 - 08h:16

Ramzy Baroud


Le siège israélien sur Gaza est ce que l’on doit certainement dénoncer comme étant la quintessence de la barbarie, et Israël est parvenu à interdire le minimum même de ce dont un être humain a besoin, écrit Ramzy Baroud.

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Samar, âgée de 4 ans, et peut-être paralysée à vie.

Le drame de Gaza a, d’une façon ou d’une autre, été relégué au second plan sinon complètement délaissé par les médias traditionnels, puis même dans les pensées et la conscience du monde. Priver d’informations le public sur la tristesse qui y règne donne la fausse impression que les choses s’améliorent et que les gens commencent à se rétablir et à reconstruire leurs vies.

Mais rien ne saurait être plus éloigné de la vérité. Depuis l’interruption de la guerre lancée par Israël l’année dernière, le ministère de la Santé palestinien a déclaré que 344 malades de Gaza se sont ajoutés au nombre des victimes.

Khaled Abed Rabbu, qui a été le jeune père de quatre enfants, en est un exemple vivant et précis, un si éloquent paradigme de ce qu’aucun être humain ne devrait devoir endurer en ce monde rempli d’organismes internationaux pour les droits de l’homme, de médiateurs, d’avocats et de diplomates.

Sa maison a été complètement détruite, de même qu’il a perdu deux de ses petites filles. Il a enterré Soad et Amal, âgées de 7 ans, juste après avoir enterré tout espoir que le futur de Samar, sa fille de 4 ans, soit moins triste.

Selon un rapport d’ « IslamOnline », l’épouse de Khaled, Kawthar avait aligné leurs enfants devant leur maison dans le camp de réfugiés de Jabaliya, tenant un drapeau blanc. Mais ce geste pourtant connu internationalement a été méprisé par les forces israéliennes et le bombardement de leur maison et de la famille a commencé. Ces événements malheureux ont eu lieu l’année dernière au moment de Noël, quand le famille de Rabbu a été réduite presque de moitié.

Mais depuis lors, eux-mêmes et un nombre honteusement grand d’autres familles identiques ont été évacuées de façon ou d’autre de nos pensées. Avec son encerclement permanent et son interdiction de repartir même de zéro, le siège israélien sur Gaza est ce que l’on doit certainement dénoncer comme étant la quintessence de la barbarie.

Comme en décembre 2008, le blocus israélien implique que presque rien n’entre ou ne sort de Gaza ; les blessés nécessitant un traitement ne sont autorisés ni à sortir ni à entrer, comme c’est le cas pour les fournitures médicales, les médicaments, la nourriture et presque n’importe quoi dans l’intervalle.

Avec des quartier entiers pulvérisés dans l’attaque, le béton est désespérément nécessaire pour reconstruire les nombreuses maisons, les mosquées, les hôpitaux et d’autres bâtiments qui ont été détruits. Cela aussi est interdit. Et ainsi Khaled, comme tant d’autres, a peu d’espoir que sa maison restée en ruines pour déjà la majeure partie de l’année, puisse être bientôt reconstruite.

Du 14 septembre au 2 octobre 2009, le Conseil de droits de l’homme organisera une session où le bureau du Haut Commissaire pour des Droits de l’Homme présentera un rapport rédigé après la mission exploratoire conduite après les attaques israéliennes par le juge Richard Goldstone.

Presque huit mois après la sanglante opération « Cast Lead », un rapport de 34 pages rédigé par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme a été rendu public le 13 août, réclamant une levée du blocus de Gaza.

Le nouveau rapport qui sera présenté en septembre en même temps que le rapport de Goldstone, présente de nombreux détails inimaginables sur la la façon dont les Israéliens ont ravagé la bande de Gaza, une des régions les plus pauvres et les plus peuplées de la planète. Des détails ont été révélés, dénonçant Israël comme méprisant les normes les plus fondamentales de la décence humaine : « Conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, tout un chacun a le droit de quitter n’importe quel pays, y compris le sien, et d’y retourner... et chacun a le droit d’y demander l’asile. De tels appels ont été ignorés, et les frontières de la bande de Gaza sont demeurées fermées durant tout le conflit. »

« Le droit à la santé des enfants, présenté en article 24 du CRC [Comité pour les Droits de l’Enfant], est d’un intérêt particulier à Gaza. Les agences des Nations Unies, les officiels du Ministère de la Santé et les ONGs du secteur de la santé rapportent que la pauvreté, le chômage et l’insécurité alimentaire provoqués par le conflit ont augmenté la menace de la malnutrition infantile. En janvier, l’UNICEF a fait savoir que 10,3% des enfants Gaza âgés de moins de 5 ans présentent des signes de rachitisme. »

Le rapport poursuit en exprimant son inquiétude que la seule exportation permise hors de Gaza en presque deux ans ait été 13 grands chargements par camion de fleurs coupées, reconnaissant sans fard que le siège était une réplique directe au droit exercé par le peuple de Gaza d’élire un gouvernement du Hamas.

Depuis le refus de nourriture jusqu’aux fournitures médicales, du logement jusqu’à une eau salubre en passant par l’éducation jusqu’à tout ce qui corresponde « au niveau possible le plus élevé de santé physique et mentale » selon l’Alliance Internationale sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels (ICESCR), Israël est parvenu, comme le conclut le rapport, à interdire le minimum même de ce dont un être humain a besoin.

On peut se demander, même après avoir été le témoin durant tant d’années d’une si étonnante ingéniosité quand il s’agit de tourmenter les Palestiniens, si le gouvernement israélien, et derrière lui le public israélien ressentent le moindre sentiment de honte, de remord ou même le plus léger embarras lorsque les normes les plus basiques du comportement humain doivent être aujourd’hui défendues de façon si élémentaire, en rappelant et rappelant encore que c’est un droit humain fondamental que d’avoir accès à quelque chose d’aussi vital que la nourriture et l’eau propre ?

C’est une pensée que Khaled doit avoir en tête de temps en temps. C’est sûr que la vie n’a jamais été facile pour Khaled, mais peut-être que cette dernière année a été la pire de toutes. Ayant perdu deux de ses enfants, aujourd’hui sans-abri et le troisième de ses quatre enfants luttant pour marcher dans un hôpital de Belgique...

Samar, sa fillette de quatre ans, est supposée avoir eu de la chance ce jour-là, parce qu’elle a survécu et qu’elle a été une des rares à avoir pu s’échapper par la frontière bouclée avec l’Egypte. Mais elle a deux balles logées dans sa petite épine dorsale, tellement profondément insérées que les chirurgiens belges ne peuvent pas les extraire.

Elle est donc aujourd’hui paralysée, son corps tenu debout et soutenu par une armature croisée rose et pourpre, comme une armure ou costume d’une fée. Les possibilités qu’elle puisse à nouveau marcher un jour sont très minces. Après avoir fait quelques progrès depuis le moment où elle rampait, elle est très probablement maintenant dans un fauteuil roulant pour le restant de ses jours, bien que ses médecins et sa mère disent qu’elle veut désespérément marcher à nouveau.

Et il semble que ce triste cas n’a pas été mentionné dans ce large rapport de 34 pages, ou peut-être le sera-t-il lorsqu’une clause encore jamais rédigée déclarera le droit universel pour chaque petite fille et chaque petit garçon de pouvoir marcher.

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Ramzy Baroud est écrivain et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com ». Ses écrits ont été publiés dans de nombreux journaux, magazines et anthologies dans le monde entier.
Son dernier livre est The Second Palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle (Pluto Press, London). Et son prochain : My Father Was a Freedom Fighter : Gaza’s Untold Story(Pluto Press, London).

Site Internet :

www.ramzybaroud.net

27 août 2009 - Communiqué par l’auteur

Traduction de l’anglais : Claude Zurbach