Entretien avec Fadwa Barghouti
Invitée d’honneur de la ville de Stains (Seine-Saint-Denis), jumelée avec le camp de réfugiés d’Al-Amari en Cisjordanie, Fadwa Barghouti a tenu une conférence de presse en compagnie du maire, Michel Beaumal et de Hind Khoury, déléguée générale de Palestine en France. Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF et députée, était présente.
Quelle est la situation du peuple palestinien ?
Fadwa Barghouti. Le peuple palestinien vit aujourd’hui une des phases les plus dures de son histoire. D’abord à cause de l’agression israélienne continue, la colonisation, la construction du mur, les assassinats, l’étranglement du peuple palestinien. Il faut ajouter à cela la division au sein du peuple palestinien. Les Palestiniens ont toujours connu la colonisation, mais les gens ont été habitués à l’unité nationale. Aujourd’hui, il y a la colonisation, l’occupation et les Palestiniens sont désunis. Les droits de l’homme sont dans une situation très difficile, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie. Les droits de l’homme ne sont pas pris en considération. Le fait qu’il y ait occupation explique l’absence de respect des droits de l’homme, mais la division des Palestiniens a aggravé les choses, en particuliers à Gaza. C’est sans doute ce qui, maintenant, est le plus difficile pour les Palestiniens° : la désunion, qui génère beaucoup de problèmes. Dans ce cadre, ce qu’on appelle le document des prisonniers (document élaboré sous l’égide de Marwan Barghouti et paraphé par les représentants, en prison, de toutes les factions palestiniennes-NDLR) pourrait aider à rapprocher les points de vue.
Le congrès du Fatah s’est tenu il y a quelques semaines. Le nom de Marwan Barghouti est revenu très fortement, il a été élu au comité central. Comment va Marwan ? Quelles sont ses propositions ?
Fadwa Barghouti. Marwan va très bien. Il a un très bon moral. Mais ce qui le désole le plus est cette division au sein des Palestiniens. Il œuvre, à l’intérieur de sa cellule, pour dépasser ces divisions. Il est au courant de ma visite en France. Il envoie ses salutations au peuple français. Il salue également tous ceux qui se mobilisent pour le droit des Palestiniens. Il est conscient que la solidarité française est très importante. Il connaît toutes les initiatives entreprises par les parlementaires, les avocats, les organisations dont le Parti communiste français et aussi par l’Humanité. Vous avez compris, depuis le début, la symbolique de la question de Marwan Barghouti. Il s’agit du symbole d’une cause et non pas d’un individu. Marwan envoie ses salutations à tous les lecteurs de l’Humanité à l’occasion de la Fête. Espérons que, lors de la prochaine Fête de l’Humanité, Marwan Barghouti sera à vos côtés, ici, en France. Il essaie d’apprendre le français.
Concernant le Fatah, Marwan a œuvré depuis vingt ans pour l’organisation d’un congrès. Le manque de démocratie est d’ailleurs la raison fondamentale de l’affaiblissement du Fatah. Les leaders actuels ont près de soixante-dix ans et les générations suivantes n’ont pas accédé aux postes à responsabilités. Le congrès a eu lieu. La contribution de Marwan Barghouti a été l’une de celles adoptées. Il a lui-même été élu à la majorité par les délégués et non pas nommé dans le contingent des prisonniers, comme a cherché à le faire, avec des pressions, la direction sortante du Fatah. Les différents sondages menés dans les territoires palestiniens montrent d’ailleurs la popularité dont bénéficie Marwan Barghouti au sein de l’opinion publique palestinienne, y compris dans le cas d’élections, bien qu’il soit emprisonné depuis plus de sept ans maintenant.
C’est la deuxième fois que vous venez à la Fête de l’Humanité. Quelle est l’importance de ce rendez-vous à vos yeux ?
Fadwa Barghouti. L’Humanité est un journal qui a toujours été aux côtés du combat des Palestiniens. J’étais venue à l’occasion du centenaire de votre journal. J’espère qu’à l’avenir, Marwan sera ici avec nous pour partager les combats avec ce journal, qui a souvent mis son portrait en une. Pour tous ceux qui se battent pour les droits du peuple palestinien, la Fête de l’Humanité est un grand rendez-vous.
Entretien réalisé par Pierre Barbancey