Gaza - 29-06-2009 |
Par Natalie Abou Shakra
Dimanche matin 28 juin : Natalie et ses compagnons coincés à la frontière Egypte-Gaza
Chers bloggeurs et sympathisants,
La principale collaboratrice de ce blog, Natalie Abou Shakra, qui fait aussi partie de l’International Solidarity Movement (ISM), est actuellement à la frontière égypto-palestinienne, « la frontière de Rafah ». Je viens de lui parler au téléphone. Elle m’a informé que les autorités égyptiennes ne la laissent pas passer en Egypte, malgré son passeport étranger. Ils veulent la « punir », elle et ses camarades, pour être arrivés à Gaza par bateau et y être restés ces 7 derniers mois, bien que leur mission soit purement humanitaire. Natalie et ses compagnons sont à la frontière depuis des heures maintenant, et les autorités égyptiennes essaient de les refouler.
Dans la nuit, elle m’a envoyé le SMS suivant :
« Les Egyptiens nous torturent depuis des jours. Ils refusent de nous laisser sortir. Nous sommes du côté égyptien de la frontière, en terre égyptienne. Nous ne pouvons pas quitter les lieux, et ça risque de devenir violent. Pourtant, nous avons une coordination et une autorisation du Ministère égyptien des Affaires Etrangères. »
Un peu plus tard, un autre message :
« Nous restons dans le passage et s’ils nous touchent, l’ambassade est responsable. Si demain ils ne nous laissent pas sortir, nous entreprendrons une grève de la faim et nous prendrons contact avec le Free Gaza Movement, l’ISM et tous les autres médias que nous connaissons. »
Il est clair que les autorités égyptiennes veulent punir Natalie et ses camarades pour le travail humanitaire désintéressé qu’ils ont fait à Gaza pendant ces 7 derniers mois. Ce fait doit être souligné. Je vais prendre contact avec les ambassades et ministères concernés par ce problème pour dénoncer ces abus. Si les choses restent en l’état ou empirent, je vous invite à faire connaître cette situation aux médias. Les Palestiniens et les militants humanitaires ont droit au respect et à un traitement humain partout où ils vont. Le régime égyptien doit être tenu pour responsable de ces violations et abus sans fin.
Je vous tiendrai au courant.
Nader.
Dimanche 28 juin, 14h : Depuis le passage côté égyptien, souffrances et humiliations par les autorités égyptiennes
Conversation téléphonique avec Natalie :
« Nous avons réussi à obtenir l’autorisation de traverser la frontière et une coordination avec le Ministère égyptien des Affaires Etrangères il y a 3 semaines. Le Ministère a dit que nos noms étaient au passage, et que nous étions autorisés à traverser. On nous a pourtant refoulés plusieurs fois, en nous disant que le passage était fermé.
Le passage a ouvert aujourd’hui 28. Nous sommes arrivés aux premières heures. Nous sommes entrés dans le passage et les soldats israéliens étaient sur leurs chars, nous souriant. Nous avons attendu jusqu’à tard dans la nuit, puis une fois de plus, ils ont refusé qu’on traverse. Le premier jour, environ 150 Palestiniens ont été autorisés à passer, sur les centaines et les centaines qui sont entassés à la frontière. Il y avait des malades nécessitant des soins médicaux, des personnes âgées, des femmes et des enfants qui sont obligés de quitter Gaza parce qu’ils ont un besoin urgent de suivi médical. Les autobus qui les transportaient étaient bondés. Pourtant, beaucoup d’entre eux ont été refoulés.
Quand les autorités frontalières ont demandé aux gens de repartir, ils n’ont pas répondu. Ils ont protesté et ont demandé d’entrer. Les autres sont restés là pendant des heures jusqu’à ce qu’ils soient tous obligés de partir. Parmi ces personnes, il y avait des malades, handicapés ou trop faibles pour rester même debout. Ils ont tous été traités comme des animaux, et même les animaux sont mieux traités.
Lorsque nous avons remis nos passeports aux Egyptiens, ils les ont pris violemment et ne nous ont jamais informés de ce qui allait se passer : Sommes-nous autorisés à traverser ? Combien de temps devons-nous attendre ? Que va-t-il se passer pour les centaines qui attendent ? Allons-nous récupérer nos passeports ? Beaucoup de questions, qui n’ont obtenu aucune réponse.
Les gens étaient assis par terre, la cafétéria au passage a des quantités limitées de produits. Il a beaucoup de paquets de chips, mais peu de bouteilles d’eau. Ceux qui avaient besoin de nourriture ne pouvaient rien se procurer, même s’ils avaient de l’argent.
Un officier appelle votre nom. Si vous le manquez, c’est fini. Si vous êtes endormi, fatigué, ou dans l’impossibilité de l’entendre au milieu de chaos sans fin à la frontière, c’en est fini de vos chances de traverser. Ils écrivent vos noms au crayon, sur du papier… la bureaucratie et le sous-développement à leur comble.
Les officiers égyptiens hurlent sur les Palestiniens, les traitent d’une manière très agressive et inhumaine. Ils disent sans arrêt : « Vous, les Palestiniens ! Tout est de VOTRE faute ! »
Une femme pleure, un vieil homme s’assoit par terre, l’officier égyptien le pousse. Un officier du renseignement vient juste de me dire qu’ils ne me laisseront pas passer parce que je suis au téléphone, que je vous raconte tout ça. Ils ne veulent pas qu’on sache leurs actions scandaleuses et inhumaines.
Des gens supplient de traverser la frontière, certains se mettent à genoux, d’autres frappent les vitres des bureaux des officiers. Je vois un vieil homme, dans un fauteuil roulant, qui demande à traverser, et un officier qui le secoue violemment. Les gens ne veulent pas être là. S’il y avait un trou dans l’air, ils feraient n’importe quoi pour passer par là. Ils sont obligés de venir ici, et ne sont pas autorisés à avancer.
Les Egyptiens sont d’accord avec les Israéliens, c’est clair. Désolée, je dois partir. »
Dimanche 28 juin, 15h : Ils nous traînent par terre
Un SMS reçu de Natalie :
« Ils nous ont traînés par terre pour nous faire sortir du passage. Nous avons résisté… Ils ont continué à nous traîner vers la sortie. Le gars au passage m’a dit : “Vous n’allez pas passer. Vous allez me poursuivre ?” »
Dimanche 28 juin, 15h36 : De retour sur le sol palestinien – par terre !
Dernier message de Natalie :
« Nous allons maintenant faire tamponner sur nos passeports que nous sommes allés en Egypte ! Je suis assise par terre tellement je suis épuisée. C’est de la torture, une technique de torture des Egyptiens. »
Chers bloggeurs et sympathisants,
La principale collaboratrice de ce blog, Natalie Abou Shakra, qui fait aussi partie de l’International Solidarity Movement (ISM), est actuellement à la frontière égypto-palestinienne, « la frontière de Rafah ». Je viens de lui parler au téléphone. Elle m’a informé que les autorités égyptiennes ne la laissent pas passer en Egypte, malgré son passeport étranger. Ils veulent la « punir », elle et ses camarades, pour être arrivés à Gaza par bateau et y être restés ces 7 derniers mois, bien que leur mission soit purement humanitaire. Natalie et ses compagnons sont à la frontière depuis des heures maintenant, et les autorités égyptiennes essaient de les refouler.
Dans la nuit, elle m’a envoyé le SMS suivant :
« Les Egyptiens nous torturent depuis des jours. Ils refusent de nous laisser sortir. Nous sommes du côté égyptien de la frontière, en terre égyptienne. Nous ne pouvons pas quitter les lieux, et ça risque de devenir violent. Pourtant, nous avons une coordination et une autorisation du Ministère égyptien des Affaires Etrangères. »
Un peu plus tard, un autre message :
« Nous restons dans le passage et s’ils nous touchent, l’ambassade est responsable. Si demain ils ne nous laissent pas sortir, nous entreprendrons une grève de la faim et nous prendrons contact avec le Free Gaza Movement, l’ISM et tous les autres médias que nous connaissons. »
Il est clair que les autorités égyptiennes veulent punir Natalie et ses camarades pour le travail humanitaire désintéressé qu’ils ont fait à Gaza pendant ces 7 derniers mois. Ce fait doit être souligné. Je vais prendre contact avec les ambassades et ministères concernés par ce problème pour dénoncer ces abus. Si les choses restent en l’état ou empirent, je vous invite à faire connaître cette situation aux médias. Les Palestiniens et les militants humanitaires ont droit au respect et à un traitement humain partout où ils vont. Le régime égyptien doit être tenu pour responsable de ces violations et abus sans fin.
Je vous tiendrai au courant.
Nader.
Dimanche 28 juin, 14h : Depuis le passage côté égyptien, souffrances et humiliations par les autorités égyptiennes
Conversation téléphonique avec Natalie :
« Nous avons réussi à obtenir l’autorisation de traverser la frontière et une coordination avec le Ministère égyptien des Affaires Etrangères il y a 3 semaines. Le Ministère a dit que nos noms étaient au passage, et que nous étions autorisés à traverser. On nous a pourtant refoulés plusieurs fois, en nous disant que le passage était fermé.
Le passage a ouvert aujourd’hui 28. Nous sommes arrivés aux premières heures. Nous sommes entrés dans le passage et les soldats israéliens étaient sur leurs chars, nous souriant. Nous avons attendu jusqu’à tard dans la nuit, puis une fois de plus, ils ont refusé qu’on traverse. Le premier jour, environ 150 Palestiniens ont été autorisés à passer, sur les centaines et les centaines qui sont entassés à la frontière. Il y avait des malades nécessitant des soins médicaux, des personnes âgées, des femmes et des enfants qui sont obligés de quitter Gaza parce qu’ils ont un besoin urgent de suivi médical. Les autobus qui les transportaient étaient bondés. Pourtant, beaucoup d’entre eux ont été refoulés.
Quand les autorités frontalières ont demandé aux gens de repartir, ils n’ont pas répondu. Ils ont protesté et ont demandé d’entrer. Les autres sont restés là pendant des heures jusqu’à ce qu’ils soient tous obligés de partir. Parmi ces personnes, il y avait des malades, handicapés ou trop faibles pour rester même debout. Ils ont tous été traités comme des animaux, et même les animaux sont mieux traités.
Lorsque nous avons remis nos passeports aux Egyptiens, ils les ont pris violemment et ne nous ont jamais informés de ce qui allait se passer : Sommes-nous autorisés à traverser ? Combien de temps devons-nous attendre ? Que va-t-il se passer pour les centaines qui attendent ? Allons-nous récupérer nos passeports ? Beaucoup de questions, qui n’ont obtenu aucune réponse.
Les gens étaient assis par terre, la cafétéria au passage a des quantités limitées de produits. Il a beaucoup de paquets de chips, mais peu de bouteilles d’eau. Ceux qui avaient besoin de nourriture ne pouvaient rien se procurer, même s’ils avaient de l’argent.
Un officier appelle votre nom. Si vous le manquez, c’est fini. Si vous êtes endormi, fatigué, ou dans l’impossibilité de l’entendre au milieu de chaos sans fin à la frontière, c’en est fini de vos chances de traverser. Ils écrivent vos noms au crayon, sur du papier… la bureaucratie et le sous-développement à leur comble.
Les officiers égyptiens hurlent sur les Palestiniens, les traitent d’une manière très agressive et inhumaine. Ils disent sans arrêt : « Vous, les Palestiniens ! Tout est de VOTRE faute ! »
Une femme pleure, un vieil homme s’assoit par terre, l’officier égyptien le pousse. Un officier du renseignement vient juste de me dire qu’ils ne me laisseront pas passer parce que je suis au téléphone, que je vous raconte tout ça. Ils ne veulent pas qu’on sache leurs actions scandaleuses et inhumaines.
Des gens supplient de traverser la frontière, certains se mettent à genoux, d’autres frappent les vitres des bureaux des officiers. Je vois un vieil homme, dans un fauteuil roulant, qui demande à traverser, et un officier qui le secoue violemment. Les gens ne veulent pas être là. S’il y avait un trou dans l’air, ils feraient n’importe quoi pour passer par là. Ils sont obligés de venir ici, et ne sont pas autorisés à avancer.
Les Egyptiens sont d’accord avec les Israéliens, c’est clair. Désolée, je dois partir. »
Dimanche 28 juin, 15h : Ils nous traînent par terre
Un SMS reçu de Natalie :
« Ils nous ont traînés par terre pour nous faire sortir du passage. Nous avons résisté… Ils ont continué à nous traîner vers la sortie. Le gars au passage m’a dit : “Vous n’allez pas passer. Vous allez me poursuivre ?” »
Dimanche 28 juin, 15h36 : De retour sur le sol palestinien – par terre !
Dernier message de Natalie :
« Nous allons maintenant faire tamponner sur nos passeports que nous sommes allés en Egypte ! Je suis assise par terre tellement je suis épuisée. C’est de la torture, une technique de torture des Egyptiens. »
Source : Moments of gaza | |
Traduction : MR pour ISM |