mardi 30 juin 2009

Rapport du CICR : 1,5 million de Palestiniens affectés par le blocus

publié le lundi 29 juin 2009

NouvelObs
Selon le Comité international de la Croix-Rouge, le blocus de la bande de Gaza par Israël ralentit la reconstruction du territoire ravagé par l’opération militaire de l’Etat hébreu menée de décembre à janvier.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estime dans un rapport publié lundi 29 juin que le blocus de la bande de Gaza mené par Israël depuis deux ans a épuisé les forces des quelque 1,5 million d’habitants du territoire palestinien [1].

"Le rapport identifie les sévères restrictions imposées au déplacement des personnes et des biens vers et hors de Gaza au cours des deux dernières années comme étant une des principales causes de la crise dans le territoire", détaille le CICR dans un communiqué.

Israël a imposé un blocus de la bande de Gaza quand le mouvement islamiste Hamas en a pris le contrôle en juin 2007.

Le blocus ralentit de plus, selon le CICR, la reconstruction du territoire ravagé par l’opération militaire israélienne menée de décembre à janvier en réponse aux tirs de roquettes palestiniennes contre l’Etat hébreu, et qui a fait plus de 1.400 morts palestiniens.

Six mois après la fin de l’opération "plomb durci", "les habitants de Gaza n’arrivent pas à reconstruire leur vie et plongent toujours plus dans le désespoir", juge l’organisation humanitaire basée à Genève.

Manque de matériel dans les hôpitaux

"Les habitants les plus démunis ont épuisé leurs mécanismes de survie et bon nombre sont contraints de vendre leurs biens pour pouvoir s’acheter de quoi manger", explique le responsable de la sous-délégation du CICR dans le territoire, Antoine Grand, cité dans le communiqué. Par ailleurs, beaucoup de malades ne reçoivent pas les traitements dont ils ont besoin "faute de matériel dans les hôpitaux". Enfin, à cause du blocus qui complique l’arrivée de matériaux de construction, des milliers d’habitants de Gaza n’ont toujours pas pu reconstruire de logement décent.

Selon CICR, l’économie de la bande de Gaza est en piteux état avec un chômage record, entraînant une baisse du niveau de vie affectant durablement la population dont la moitié est constituée d’enfants. L’organisation humanitaire avertit que les quelque "4,5 milliards de dollars promis par les pays donateurs pour la reconstruction seront de peu d’utilité tant que matériaux de construction et autres articles essentiels ne pourront être importés dans la bande de Gaza".

La réouverture des terminaux demandée

Le CICR appelle donc "les États, les autorités politiques et les groupes armés organisés concernés à faire le nécessaire pour rouvrir la bande de Gaza et assurer une vie digne à sa population civile". "Israël a le droit de protéger sa population contre les attaques", a déclaré Antoine Grand ajoutant : "mais est-ce que cela signifie que 1,5 million de personnes à Gaza n’ont pas le droit de mener une vie normale ?"

L’agence demande, dans son rapport, de faciliter les importations de matériel médical ainsi que l’entrée de matériaux de construction (ciment et acier), la levée les restrictions aux exportations en provenance de Gaza, la réouverture des terminaux pour améliorer le passage des personnes et des biens, l’autorisation pour les agriculteurs d’accéder à leurs terres dans la zone tampon, et le rétablissement d’un accès sûr aux eaux profondes pour les pêcheurs.

[1] voir aussi sur Aloufok

Gaza : 1,5 million de personnes en proie au désespoir

lundi 29 juin 2009, par Comité international de la Croix Rouge (CICR)

Six mois après qu’Israël a lancé son opération militaire de trois semaines à Gaza le 27 décembre 2008, les Gazaouis ne peuvent toujours pas reconstruire leur vie. La plupart d’entre eux ont du mal à joindre les deux bouts. Les patients gravement malades ont de la difficulté à obtenir le traitement dont ils ont besoin. Nombre d’enfants souffrent de problèmes psychologiques graves. Les civils dont les foyers et les biens ont été détruits durant le conflit n’arrivent pas à se relever.

Durant les 22 jours de l’opération militaire israélienne, les civils étaient nulle part en sécurité à Gaza. Les hôpitaux étaient saturés par l’afflux de blessés, notamment de jeunes enfants, de femmes et de personnes âgées. Le personnel médical a fait preuve d’un courage et d’une détermination incroyables, travaillant 24 heures sur 24 pour sauver des vies dans des conditions extrêmement difficiles. Entre temps, des tirs de roquettes quotidiens lancés de Gaza ont menacé des milliers d’habitants dans le sud d’Israël. Les agents de santé en Israël ont dispensé des soins à la population traumatisée, et ont traité et évacué les blessés.

Bon nombre de personnes à Gaza ont perdu un enfant, un parent, un proche ou un ami. L’opération militaire israélienne a laissé des milliers de foyers partiellement ou totalement détruits. Les démolitions ont transformé des quartiers entiers en ruines. Les écoles, les jardins d’enfants, les hôpitaux et les postes incendie et ambulance ont été endommagés par les bombardements.

Cette petite bande côtière est coupée du monde extérieur. Même avant les dernières hostilités, des restrictions très importantes imposées au déplacement des personnes et des biens par les autorités israéliennes, en particulier depuis octobre 2007, avaient provoqué un accroissement de la pauvreté, une augmentation du chômage et une détérioration des services publics tels que soins de santé, approvisionnement en eau et assainissement. La coopération insuffisante entre l’Autorité palestinienne à Ramallah et l’administration du Hamas à Gaza avait aussi touché l’acheminement des services essentiels. De ce fait, les Gazaouis étaient déjà plongés dans une crise majeure touchant tous les aspects de la vie quotidienne bien avant l’intensification des hostilités en décembre dernier.

Six mois plus tard, les restrictions sur les importations empêchent les Gazaouis de reconstruire leur vie. Les quantités de biens qui entrent aujourd’hui à Gaza sont très loin de satisfaire les besoins de la population. En mai 2009, seuls 2 622 camions de biens sont entrés à Gaza en provenance d’Israël, soit une diminution de presque 80 pour cent par rapport aux 11 392 camions autorisés à entrer en avril 2007, avant que le Hamas ne prenne le contrôle du territoire.

Aucune autorisation de reconstruire, risque pour la santé publique

Les quartiers de Gaza qui ont été particulièrement touchés par les tirs israéliens continueront de ressembler à l’épicentre d’un puissant tremblement de terre à moins que des quantités de ciment, d’acier et d’autres matériaux de construction n’aient l’autorisation d’entrer le territoire pour permettre la reconstruction. En attendant, des milliers de personnes qui ont tout perdu seront contraintes de vivre à l’étroit avec des proches. D’autres continueront de vivre dans des tentes, n’ayant nulle part ailleurs où aller. Des activités de réparation d’urgence ont été menées lorsque l’opération militaire a permis de rétablir les services eau et assainissement, mais uniquement au niveau insuffisant qui prévalait avant décembre 2008. L’infrastructure est surchargée et peut à tout moment tomber en panne. Bien que le chlore soit utilisé pour désinfecter l’eau, les eaux usées et autres déchets qui s’infiltrent dans le réseau d’alimentation en eau font peser de sérieux risques sur la santé publique.

Chaque jour, 69 millions de litres d’eaux usées partiellement traitées ou non traitées – l’équivalent de 28 piscines olympiques – sont rejetés directement dans la Méditerranée faute de pouvoir être traités.

Seuls quelques milliers de foyers ont accès à l’eau courante certains jours. Ne pouvant être convenablement entretenu, le réseau d’approvisionnement en eau fuit, ce qui complique le maintien d’une pression d’eau suffisante. Même lorsqu’il y a de l’eau dans les conduites, de nombreux foyers n’ont pas suffisamment d’électricité pour pomper l’eau dans les réservoirs situés sur les toits. Les robinets de dizaines de milliers de personnes sont secs lorsque les puits municipaux de Gaza sont en panne, ce qui se produit fréquemment faute d’approvisionnement suffisant en nouvelles conduites d’eau, en pièces détachées électriques, en pompes et en transformateurs.

Le CICR a parfois trouvé les moyens de réparer l’infrastructure sans avoir à être tributaire d’importations. Par exemple, il a utilisé des matériaux recyclés (dont des conduites d’eaux usées et des morceaux de béton provenant de l’ancien mur de la frontière de Rafah détruit en janvier 2008) pour remettre en état une station d’épuration des eaux usées qui dessert 175 000 personnes à Rafah.

Cela n’est, toutefois, guère suffisant. D’autres projets de réparation et de reconstruction s’imposent d’urgence pour prévenir toute dégradation du système d’approvisionnement en eau, effectuer l’entretien essentiel et stopper la détérioration constante du système eau et assainissement dans la bande de Gaza. Le fait que les services eau et assainissement risquent de s’effondrer à tout moment brandit le spectre d’une crise majeure de la santé publique.

Le seul moyen de résoudre cette crise est de lever les restrictions aux importations de pièces détachées, les conduites d’eau et les matériaux de construction tels que le ciment et l’acier pour permettre la reconstruction des maisons, l’entretien et l’amélioration de l’infrastructure vitale.

Accès insuffisant aux soins de santé

Le système de soins de santé de Gaza ne peut assurer le traitement requis par l’état de nombreux patients souffrant de maladies graves. Il est tragique que bon nombre de patients n’ont pas le droit de quitter la bande de Gaza à temps pour se faire soigner ailleurs. Les questions de santé à Gaza sont souvent politisées et les patients se trouvent pris dans un dédale bureaucratique. Les procédures de demande d’autorisation de sortie du territoire sont compliquées et impliquent à la fois les autorités palestiniennes et israéliennes. Il arrive que des patients gravement malades doivent attendre des mois avant que les autorités compétentes les autorisent à quitter la bande de Gaza. Même lorsque les patients obtiennent les permis de sortie nécessaires, le transfert par le point de passage d’Erez peut être ardu. Il faut faire sortir les patients sous appareil respiratoire des ambulances, les placer sur des civières, puis les porter sur 60-80 mètres par le point de passage vers les ambulances qui les attendent de l’autre côté. Les patients qui peuvent marcher de manière autonome courent le risque d’avoir à répondre à de nombreuses questions avant d’obtenir l’autorisation de traverser pour suivre le traitement médical – ou, comme cela se produit quelquefois, avant de se voir refuser leur entrée en Israël et d’avoir à faire marche arrière.

La pénurie de médicaments essentiels est un problème récurrent dans les hôpitaux et les dispensaires de Gaza, qui dépendent d’un approvisionnement, en temps voulu et fiable, de médicaments en provenance du ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, or la chaîne d’approvisionnement est souvent en panne. La coopération entre les autorités sanitaires en Cisjordanie et à Gaza est difficile. Les procédures complexes et longues d’importation d’Israël entravent aussi l’approvisionnement fiable même des articles les plus essentiels, comme les analgésiques et les révélateurs de films radiographiques. Par conséquent, certains patients, notamment ceux qui souffrent de cancer ou d’insuffisance rénale, ne disposent pas toujours des médicaments essentiels dont ils ont besoin.

On estime à 100-150 le nombre de personnes qui ont perdu des membres lors de la récente opération militaire et qui attendent d’être appareillées. Le centre d’appareillage orthopédique et de prise en charge de la poliomyélite (Artificial Limb and Polio Centre) est le seul centre de réadaptation physique à Gaza qui peut les appareiller avec des appareils de réadaptation physique adéquats et professionnels adaptés à chaque cas. Étant le seul centre d’appareillage dans la bande de Gaza, il doit répondre à toute les demandes de membres artificiels. Cependant, l’importation de matériaux et de composants pour les prothèses reste encore un processus difficile et long.

Les hôpitaux de Gaza sont délabrés. La plupart des équipements sont peu fiables et doivent être réparés. Les procédures d’obtention de l’approbation des pièces de rechange étant compliquées, il est difficile de faire entrer et d’entretenir des équipements hospitaliers comme les scanners CT, et les pièces de rechange – même pour les machines à laver des hôpitaux, et cela prend beaucoup de temps. Le CICR a dû attendre au moins cinq mois avant de pouvoir importer du matériel médical pour les salles d’opération, comme les fixateurs externes en chirurgie orthopédique.

Chaque jour, des coupures et des fluctuations de courant continuent d’endommager l’équipement médical. La plupart des hôpitaux sont tributaires de générateurs de secours plusieurs heures par jour, sans jamais savoir s’il y aura assez de combustible pour les faire fonctionner.

Les personnes gravement malades doivent être en mesure de quitter rapidement et en toute sécurité la bande de Gaza afin de bénéficier de soins médicaux spécialisés qu’ils ne peuvent recevoir à l’intérieur du territoire. Des articles médicaux essentiels tels que les médicaments, les articles jetables et les pièces détachées doivent pouvoir entrer dans la bande de Gaza sans délai et en quantités suffisantes pour assurer des services de santé essentiels pour la population.

Une économie étouffée

Une des conséquences les plus graves du bouclage est l’augmentation du chômage, qui atteignait 44 pour cent en avril 2009, selon la chambre de commerce de Gaza. Les restrictions imposées aux importations et exportations de biens depuis juin 2007 ont mis fin à 96% des opérations industrielles à Gaza, entraînant une perte d’environ 70 000 emplois. Elles ont aussi eu un impact grave sur la possibilité d’exporter les produits vers Israël et la Cisjordanie, qui est désormais quasi nulle. Les tunnels sous la frontière entre l’Égypte et Gaza ne présentent aucune autre issue au développement économique et n’assurent pas un approvisionnement suffisant en biens accessibles pour la population.

L’effondrement économique de Gaza a conduit à une aggravation extrême de la pauvreté. Selon une étude du CICR sur les ménages, réalisée en mai 2008, il ressort que, même alors, plus de 70 pour cent des Gazaouis vivaient dans la pauvreté, avec des revenus mensuels inférieurs à 250 dollars US pour une famille de 7 à 9 membres (un dollar par membre d’un ménage par jour), à l’exclusion de la valeur de l’éventuelle assistance humanitaire qu’ils recevaient. Quelque 40 pour cent des familles de Gaza sont très pauvres et vivent avec un revenu mensuel de moins de 120 dollars (0,5 dollar par membre du ménage par jour). En moyenne, chaque personne qui travaille – qu’elle soit employé rémunéré ou ayant sa propre affaire – doit subvenir aux besoins de sa famille immédiate de 6 à 7 personnes et de quelques membres de sa famille élargie.

Cette aggravation de la pauvreté a eu des répercussions graves sur la façon de se nourrir de la population. Bon nombre de familles ont été contraintes de réduire les dépenses de leurs ménages à des niveaux de survie. D’une manière générale, les personnes ont les calories dont elles ont besoin, mais rares sont celles qui peuvent se permettre d’avoir un régime alimentaire sain et équilibré. Les familles pauvres remplacent souvent les solutions bon marché comme les fruits, les légumes et le poisson par des céréales, du sucre et de l’huile, ce qui entraîne des carences en fer, en vitamine A et vitamine D pour des dizaines de milliers d’enfants. Cette situation risque de provoquer un retard de croissance (os et dents), une mauvaise résistance aux infections, de la fatigue et des difficultés de concentration.

Les plus démunis ont, pour la plupart, épuisé leurs mécanismes de survie. Bon nombre n’ont plus d’économies. Ils ont vendu leurs biens personnels, comme les bijoux et les meubles, et ils ont commencé à vendre des biens de production (animaux de ferme, terre, bateaux de pêche ou voitures servant de taxis). Ils ne peuvent absolument pas réduire davantage leurs dépenses alimentaires. Les niveaux de vie en baisse auront une incidence sur la santé et le bien-être de la population sur le long terme. Les personnes les plus touchées seront vraisemblablement les enfants qui constituent plus de la moitié de la population de Gaza.

La pauvreté alarmante de Gaza est directement liée au bouclage strict imposé au territoire. L’industrie locale et les autres entreprises doivent recevoir une autorisation pour pouvoir reconstruire, importer des biens essentiels et exporter leurs produits. Mais même cela va prendre du temps. La crise est devenue si aiguë et si profondément enracinée que même si tous les passages étaient rouverts demain, l’économie aurait besoin d’années pour se relever.

Agriculture dans la zone dangereuse

Le bouclage a aussi durement frappé les agriculteurs qui constituent plus d’un quart de la population de Gaza. Les exportations de fraises, de tomates cerises et de fleurs coupées constituaient une source importante de revenus. Elles sont totalement arrêtées. De nombreux agriculteurs ont vu leurs revenus réduits de moitié ayant eu du mal à vendre toute leur récolte à l’intérieur de Gaza. Même s’ils y arrivent, le prix qu’ils obtiennent n’est qu’une fraction de ce qu’ils toucheraient normalement des exportations vers Israël ou l’Europe.

Durant la dernière opération militaire, l’armée israélienne a déraciné des milliers de citronniers, oliviers et palmiers, y compris ceux situés à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée a aussi détruit les systèmes d’irrigation, les puits et les serres.

De nombreux agriculteurs n’ont effectivement pas accès à des parties de leurs terres à cause de la zone « interdite » imposée par Israël au côté de Gaza de la barrière frontalière avec Israël. Au moins 30 pour cent des terres arables à Gaza se trouvent dans cette zone tampon, qui peut s’étendre jusqu’à un kilomètre de la barrière. Un agriculteur ne peut jamais savoir dans quelle mesure il est dangereux ou non de travailler sa terre ou de récolter dans la zone. Les agriculteurs risquent d’être tués lorsqu’ils s’occupent de leur terre et les incursions de l’armée détruisent souvent les champs et des parties de la récolte. La remise sur pied de la production agricole est difficile non seulement à cause des démolitions, mais aussi parce qu’Israël n’autorise pas l’importation d’engrais adaptés et car de nombreux types de jeunes plants sont difficiles voire impossibles à trouver à Gaza.

La pêche a également été durement frappée par les restrictions imposées au déplacement par Israël. En janvier dernier, la zone en mer au sein de laquelle Israël autorise la pêche a été coupée de six à trois milles marins de la ligne côtière de Gaza, réduisant les captures et donc la disponibilité en aliments riches en protéines. Les gros poissons et les sardines, qui constituaient quelque 70 pour cent de la prise avant 2007, se trouvent principalement en dehors de la zone de trois milles marins.

Des mesures urgentes doivent être prises pour permettre aux agriculteurs de s’occuper de nouveau de leurs cultures en toute sécurité. Les engrais, les pièces détachées des machines, les bâches en plastique pour les serres et le fourrage doivent bénéficier de l’autorisation d’entrer dans la bande de Gaza en quantités permettant de les vendre à des prix abordables pour les agriculteurs. Dans le même temps, les agriculteurs doivent être autorisés à reprendre leurs exportations de produits pour pouvoir gagner dignement leur vie. Les récentes restrictions sur la pêche devraient être annulées.

Pris au piège

Les personnes à Gaza sont prises au piège. Comme Israël a fermé les points de passage, les Gazaouis ont peu de possibilités de contact avec leurs proches à l’étranger ou de poursuivre leur éducation ou une formation professionnelle. Les restrictions à la sortie et à l’entrée de la bande de Gaza s’appliquent également au personnel palestinien des organisations internationales comme le CICR. Pire encore, il est très rare de pouvoir utiliser le point de passage de Rafah avec l’Égypte. Le bouclage a des incidences psychologiques particulièrement visibles chez les familles dont des proches sont détenus en Israël. En juin 2007, Israël a mis fin aux visites soutenues par le CICR de 900 familles de Gaza à leurs proches détenus. Bon nombre d’enfants ont de ce fait perdu le seul lien qui leur restait avec un parent ou un frère détenu. Il faut que leurs familles aient l’autorisation de reprendre leurs visites à leurs proches en détention en Israël.

Il est fréquent que les étudiants qui ont reçu une bourse pour aller étudier dans une université à l’étranger ne puissent pas quitter Gaza. Ceux qui ne peuvent pas sortir n’ont que des possibilités très limitées de poursuivre leur cursus d’enseignement supérieur dans l’enclave côtière. Les professeurs d’université, les enseignants et les professionnels sont souvent empêchés de participer à l’étranger aux cours de formation et aux séminaires qui leur permettraient d’améliorer leurs compétences et leurs qualifications. Over the last two years, the 1.5 million Palestinians living in the Gaza Strip have been caught up in an unending cycle of deprivation and despair as a result of the conflict, and particularly as a direct consequence of the closure of the crossing points.

Rompre le cycle du désespoir et de la misère

Ces deux dernières années, 1,5 million de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza ont été pris dans un cercle sans fin de dénuement et de désespoir à la suite du conflit, et en particulier comme conséquence directe du bouclage des points de passage.

Le CICR n’a eu de cesse de souligner la nécessité de concilier les préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité avec le droit de la population à Gaza à mener une vie normale et digne. Conformément au droit international humanitaire, Israël a l’obligation de s’assurer que les besoins essentiels de la population en termes de vivres, d’abris, d’eau et de secours médicaux sont satisfaits.

Le CICR appelle une fois de plus à une levée des restrictions imposées au déplacement des personnes et des biens comme première mesure et la plus urgente pour mettre un terme à l’isolement de Gaza et permettre à ses habitants de reconstruire leur vie.

Les quelque 4,5 milliards de dollars US que les pays donateurs ont promis pour la reconstruction lors d’un sommet international en Égypte en mars 2009 seront de peu d’utilité si les matériaux de construction et autres articles essentiels ne peuvent être importés dans la bande de Gaza.

En tout état de cause, la reconstruction à elle seule n’offre pas à Gaza un moyen viable de se relever. Un retour à la situation antérieure, telle qu’elle prévalait avant la dernière opération militaire serait inacceptable, car il ne ferait que perpétuer les souffrances de Gaza.

Une solution durable passe par des changements fondamentaux dans la politique israélienne, tels que l’autorisation d’importations et d’exportations vers Gaza et en provenance de Gaza, un passage accru de biens et de personnes au niveau de mai 2007, permettant aux agriculteurs d’accéder à leurs terres et dans la zone tampon de facto et de rétablir l’accès des pêcheurs aux eaux profondes.

L’action humanitaire ne peut se substituer aux mesures politiques crédibles qui s’imposent pour apporter ces changements. Seul un processus politique honnête et courageux impliquant tous les États, les autorités politiques et les groupes armés organisés concernés peut apporter une réponse à la situation très difficile dans la bande de Gaza et permettre une vie digne à ses habitants.

Sans cela, la spirale de la misère ira chaque jour en s’accentuant.

( Rapport du CICR - 29 juin 2009 )

***

Activités du CICR à Gaza

Le CICR est présent de manière permanente dans la bande de Gaza depuis 1968. Il compte aujourd’hui 109 collaborateurs, dont 19 expatriés.

Les collaborateurs du CICR sont restés à Gaza durant toute l’opération militaire lancée le 27 décembre 2008. En coopération avec le Croissant-Rouge palestinien, ils ont évacué des centaines de personnes – dont certaines ont été gravement blessées lors des combats. De plus, ils ont distribué aux hôpitaux des médicaments et autres secours vitaux, et les chirurgiens de guerre du CICR ont aidé à effectuer des opérations à l’hôpital Shifa de Gaza.

Travaillant avec les autorités locales, le CICR a aussi procédé à des réparations d’urgence des lignes électriques et des réseaux d’approvisionnement en eau.

Au lendemain de l’opération militaire, le CICR et le Croissant-Rouge palestinien ont distribué des secours tels que des bâches en plastique, des ustensiles de cuisine, des matelas, des couvertures et des articles d’hygiène à plus de 72 000 Gazaouis dont les maisons ont été partiellement ou totalement détruites. Les délégués du CICR ont également recueilli des informations pour voir si Israël et les groupes palestiniens ont conduit des hostilités conformément au droit international humanitaire. Les conclusions du CICR sont examinées bilatéralement avec les autorités concernées.

Aujourd’hui, le CICR approvisionne huit hôpitaux en médicaments et autres articles et matériel médicaux et pièces de rechange, et les aide à entretenir et réparer les ambulances. De plus, le CICR appareille les amputés avec des membres artificiels et leur prodigue des soins de physiothérapie. Il apporte son concours à la remise en état des services eau et assainissement et au maintien du réseau d’approvisionnement en eau. L’institution soutient les agriculteurs et autres personnes dans le besoin par divers programmes incluant la remise en état des terres, la production de compost et des programmes « argent contre travail ».

Le CICR continue de visiter des détenus dans la bande de Gaza et de promouvoir la connaissance et le respect du droit international humanitaire auprès des autorités et porteurs d’armes.http://www.aloufok.net/spip.php?art...