vendredi 26 juin 2009

En Europe, Netanyahu mesure son isolement sur le dossier des colonies
26/06/2009

DIPLOMATIE En tournée pour obtenir plus de fermeté vis-à-vis de l'Iran, le Premier ministre israélien s'est vu contraint d'aborder un sujet sensible pour la communauté internationale.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a pris la mesure, à l'occasion de sa première tournée européenne, de son isolement sur la question de la colonisation dont il refuse toujours l'arrêt total, comme l'exige, au premier titre, Washington.
À Rome puis à Paris, M. Netanyahu n'a pu éviter ce dossier qu'il estime moins « important et urgent » que d'autres sujets comme « la menace iranienne ». Si le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a « attiré l'attention du Premier ministre sur la nécessité de donner des signaux forts sur l'arrêt de la colonisation », Nicolas Sarkozy a, lui, appelé à un « gel total » de la construction en Cisjordanie. Le président français, qui a l'ambition de peser sur le processus de paix, a « appelé Israël à prendre, sans attendre, toutes les mesures possibles pour encourager la confiance » avec les Palestiniens. De son côté, M. Netanyahu a réitéré la position de son gouvernement : pas de construction de nouvelles colonies, pas de saisies de terres, mais « les Israéliens qui vivent dans les colonies ont besoin de vivre décemment », a-t-il précisé.

L'État hébreu veut poursuivre la construction dans les implantations existantes sous motif de « croissance naturelle », compte tenu de leur démographie. Une nuance que n'accepte pas Washington qui réclame un gel total, comme l'a demandé haut et fort le président Barack Obama lors de son discours le 4 juin au Caire. Israël « travaille toujours à une formule de compromis » avec son grand allié américain, a indiqué hier à l'AFP un responsable du ministère israélien de la Défense. « Nous attendons le retour du Premier ministre de sa tournée en Europe pour mettre au clair et préciser les termes de cette formule que (Ehud) Barak portera et discutera avec (George) Mitchell », l'émissaire américain pour le Proche-Orient, a-t-il ajouté. M. Netanyahu a indiqué que son ministre de la Défense serait lundi aux États-Unis.
À l'origine, M. Mitchell devait rencontrer le Premier ministre israélien hier à Paris, mais l'annulation au dernier moment de cet entretien a laissé percevoir une tension croissante entre les deux alliés sur la question de la colonisation. D'après le quotidien israélien Yediot Aharonot, c'est Washington qui a décidé de cette annulation, en signe de mécontentement. Mais M. Netanyahu a, lui, assuré qu'il était à l'origine de ce « report » pour « éclaircir quelques sujets ».
Contraint de parler colonies, M. Netanyahu était d'abord venu en Europe pour obtenir plus de fermeté vis-à-vis de l'Iran, alors que Washington privilégie le dialogue avec Téhéran. « Jusqu'à quand faudra-t-il attendre pour que la communauté internationale prenne des sanctions contre ce régime afin de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire », a-t-il déclaré mercredi soir devant des membres de la communauté juive de France. En Italie, l'un des principaux partenaires européens de l'Iran, M. Berlusconi a exprimé « l'absolue contrariété » de son pays « face à la perspective que l'Iran puisse posséder des armes nucléaires ». En France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, M. Sarkozy a « de nouveau marqué clairement que la perspective d'un Iran nucléaire est inacceptable ».
M. Netanyahu, qui a débuté cette tournée mardi, devait encore s'entretenir hier à Paris avec le Premier ministre François Fillon, ainsi que le chef de la diplomatie Bernard Kouchner, avant de regagner Israël en fin de journée.

L'orient le jour