publié le jeudi 25 juin 2009
Amy Teibel
La colonisation est l’une des principales pommes de discorde entre Israël et les Etats-Unis. Le gouvernement israélien a reporté un entretien initialement prévu jeudi à Paris entre le Premier ministre Benyamin Nétanyahou et l’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, en raison de divergences sur le dossier, a reconnu mercredi un responsable israélien.
Israël affirme que la "croissance naturelle" des colonies juives existantes doit être autorisée, alors que l’administration Obama s’oppose à la poursuite de la colonisation. Le dossier a fait apparaître au grand jour des tensions entre l’Etat hébreu et Washington. Et il devrait être au coeur des entretiens prévus la semaine prochaine à Washington entre le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak et George Mitchell, un détracteur de longue date de la colonisation [1].
Les opposants à la "croissance naturelle" expliquent qu’Israël s’en sert comme prétexte pour poursuivre la colonisation en Cisjordanie : Yasser Abed Rabbo, collaborateur du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qualifie cet argument de "tromperie".
Les chiffres du Bureau central des statistiques israélien viennent étayer ces critiques : ils montrent qu’en 2007, 36% de l’ensemble des nouveaux colons venaient d’Israël ou de l’étranger. Des données plus récentes, notamment depuis l’installation du gouvernement Nétanyahou en mars dernier, ne sont pas encore disponibles, mais il y a peu de raisons de penser que les choses ont changé, souligne Hagit Ofran, un spécialiste du dossier auprès de l’organisation La Paix maintenant.
La migration de gens attirés par des logements meilleur marché, et pas seulement la croissance démographique, constitue ainsi un moteur important de l’accroissement du nombre d’habitants dans les colonies. Les migrants en provenance d’Israël et de l’étranger ont représenté 5.300 des 14.500 nouveaux colons recensés en 2007.
Et il s’agit d’une tendance lourde. Chaque année entre 1999 et 2007, ce flux migratoire a représenté entre un tiers et la moitié de la croissance du nombre de colons. La seule exception a été 2005, mais les chiffres pour cette année-là ont été faussés par l’évacuation des 8.500 colons israéliens de la bande de Gaza.
Entre 2006 et 2008, Israël a achevé la construction 5.503 appartements en Cisjordanie et en a mis en chantier 5.125 autres, selon le Bureau des statistiques. En vertu de la feuille de route pour la paix au Proche-Orient de 2003, Israël s’était engagé à geler les activités de construction dans les colonies, y compris celles liées à la croissance naturelle. Mais sur le terrain, les constructions se sont poursuivies.
La semaine dernière, Benyamin Nétanyahou a cédé au président américain Barack Obama qui lui demandait d’accepter le principe d’un Etat palestinien, mais a posé ses conditions, affirmant notamment que cet Etat devrait être démilitarisé. Il a en revanche rejeté l’idée d’un gel de la construction dans les colonies.
"Nous n’avons pas l’intention de construire de nouvelles colonies", a-t-il expliqué. "Mais il est nécessaire de permettre aux habitants de vivre une vie normale", a-t-il ajouté en référence à la notion de "croissance naturelle".
Près de 300.000 Israéliens vivent aujourd’hui en Cisjordanie et 180.000 à Jérusalem-est, dont l’annexion en 1967 par Israël n’a pas été reconnue par la communauté internationale.
[1] voir aussi Allyn Fisher-Ilan de Reuters :
Netanyahou espère des "arrangements" avec Obama sur les colonies
Benjamin Netanyahu a dit espérer, mercredi, parvenir à des "arrangements" avec les Etats-Unis pour mettre un terme aux fortes divergences entre le gouvernement israélien et Washington à propos de la croissance des colonies de peuplement en Cisjordanie occupée.
Un haut responsable accompagnant Benjamin Netanyahu à Paris, où le chef du gouvernement israélien a rencontré le président Nicolas Sarkozy, a indiqué que de gros efforts seraient nécessaires pour surmonter ces désaccords, en jugeant peu probable un déblocage rapide.
Le président américain Barack Obama attend de "Bibi" Netanyahu qu’il décrète un gel total des implantations.
Benjamin Netanyahu, lui, entend développer les blocs existants à l’intérieur de leurs périmètres pour faire place à la "croissance naturelle" des familles de colons.
S’exprimant à l’issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy, Netanyahu a déclaré aux journalistes que des divergences pouvaient émerger "entre les meilleurs amis" et assuré qu’Israël était en train de clarifier sa politique de colonisation auprès de Washington.
Des diplomates occidentaux notent que la brusque annulation de la rencontre qui était prévue jeudi à Paris entre le Premier ministre israélien et l’émissaire du président Obama au Proche-Orient, George Mitchell, met en évidence les difficultés qu’éprouvent les deux parties à rapprocher leurs points de vue.
George Mitchell rencontrera en fin de compte le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, lundi à Washington.
ÉCLAIRCIR PLUSIEURS POINTS
"J’ai demandé l’annulation de cette rencontre", a affirmé Benjamin Netanyahu. "M. Mitchell a accepté immédiatement. Nous sommes convaincus qu’il nous faut éclaircir plusieurs questions et les statistiques. Le ministre de la Défense s’en occupera lundi aux Etats-Unis", a ajouté le Premier ministre israélien.
"Nous allons poursuivre les contacts, avec de la bonne volonté et l’intention de parvenir à des arrangements qui feront avancer le processus de paix - un processus diplomatique entre nous et les Palestiniens, et j’espère entre nous et le reste du monde arabe", a encore déclaré Benjamin Netanyahu.
Selon des responsables israéliens qui ont demandé à garder l’anonymat, ces "arrangements" avec l’administration Obama autoriseraient la poursuite des constructions déjà en cours.
Ehud Barak s’est efforcé mercredi à Jérusalem de minimiser l’importance du contentieux sur les colonies en soulignant que Benjamin Netanyahu était prêt à "s’engager dans une initiative de paix régionale", l’un des objectifs de Barack Obama.
Plutôt qu’un gel complet des implantations, Benjamin Netanyahu propose de ne pas créer de nouvelles enclaves dans le territoire conquis en 1967, que les Palestiniens revendiquent pour leur futur Etat.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a cependant exclu de reprendre des pourparlers de paix avec Israël avant que Benjamin Netanyahu gèle totalement les implantations juives - y compris ce qui est censé relever de la "croissance naturelle" -, comme le prévoit la "feuille de route" pour la paix lancée en 2003.
Le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, qui habite une colonie de Cisjordanie, a réclamé un assouplissement de la position américaine.
"Nous parlons (d’autoriser) une ’croissance naturelle’ dans les frontières existantes des colonies existantes. Je crois qu’il faut respecter le fait que le gouvernement se montre prêt à prendre des mesures compliquées. Nous comptons voir l’autre partie apprécier cette souplesse", a dit Avigdor Lieberman. http://fr.news.yahoo.com/4/20090624...
Associated Press relayé par Yahoo