Le Point, AFP, samedi 19 avril 2014
Les négociateurs israéliens et palestiniens se sont retrouvés
jeudi à Jérusalem avec l’émissaire américain Martin Indyk pour tenter
de trouver le moyen de prolonger les pourparlers de paix, mais sans
aboutir à un accord, a-t-on appris de source palestinienne.
La réunion, qui avait débuté en fin d’après-midi a pris fin après
cinq heures de "discussions très difficiles" dans un grand hôtel de
Jérusalem, a indiqué à l’AFP une source palestinienne informée.
"Le fossé (entre les parties) est encore large. Il n’y a pas eu de percée", a-t-elle ajouté.
M. Indyk doit revoir vendredi — mais séparément cette fois--
les deux équipes de négociateurs israéliens et palestiniens,
a précisé la source.
Initialement prévue mercredi, cette rencontre tripartite avait été repoussée de 24
heures, les responsables israéliens invoquant indirectement le
meurtre d’un officier de police en Cisjordanie, les Palestiniens
affirmant que le report avait été décidé pour permettre la
participation de M. Indyk.
Les négociateurs israéliens et palestiniens s’étaient
entretenus dimanche sans M. Indyk, retourné quelques jours aux
Etats-Unis après une réunion infructueuse le 10 avril.
Les deux parties multiplient les gestes d’hostilité depuis qu’Israël a refusé de libérer comme prévu le 29
mars un quatrième et dernier contingent de prisonniers, réclamant
désormais une prolongation des négociations de paix au-delà de
l’échéance prévue du 29 avril.
Israéliens et Palestiniens "travaillent à un accord qui leur permettrait de prolonger les négociations" au-delà du 29 avril", a déclaré cette semaine la porte-parole du département d’Etat Jennifer Psaki.
Le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil
Abou Roudeina, a réaffirmé mercredi que les pourparlers pourraient
être prolongés jusqu’à la fin de l’année, comme le demandent Israël et
Washington, si le gouvernement israélien relâchait comme promis le
dernier groupe de prisonniers.
Les Palestiniens insistent pour que 14
détenus arabes de nationalité israélienne fassent partie des
prisonniers relâchés, ce à quoi s’oppose jusqu’à présent Israël.
"S’ils s’engagent, nous sommes prêts", a dit M. Abou Roudeina.
- Campagne internationale pour les prisonniers -
Aux termes de l’accord conclu en juillet dernier sous l’égide du
secrétaire d’Etat américain John Kerry pour relancer le processus de
paix, Israël s’était engagé à libérer en quatre phases 104 prisonniers incarcérés avant 1993.
Les trois premiers groupes ont été relâchés mais la libération du quatrième contingent a été annulée par Israël.
Le président Abbas a riposté en signant le 1er avril les demandes d’adhésion de la Palestine à 15
conventions et traités internationaux, dont les Conventions de
Genève, estimant que les nouvelles exigences israéliennes pour ces
libérations le déliaient de son engagement.
Les Palestiniens ont également lancé une campagne
internationale en faveur des prisonniers, notamment du dirigeant
Marwan Barghouthi, un des principaux animateurs de la deuxième
Intifada palestinienne (2000−2005), détenu depuis 2002, et du secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche radicale), Ahmed Saadat.
"L’internationalisation (de la question des prisonniers)
a commencé dans les faits quand les Palestiniens ont pris la décision
d’adhérer aux 15 conventions et traités
internationaux, dont les Conventions de Genève, qui garantissent
plusieurs droits importants pour nos détenus", a expliqué le ministre
chargé des Prisonniers, Issa Qaraqé.
A l’occasion de la journée annuelle de solidarité avec les
prisonniers, jeudi, le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat
a de nouveau réclamé la libération du dernier groupe de quelque 30 détenus.
Selon la deuxième chaîne de télévision israélienne, le chef du Shin
Beth (le service de la sécurité intérieure), Yoram Cohen,
a recommandé que 10 des prisonniers libérables soient expulsés vers l’étranger ou la bande de Gaza.
Mercredi, lors d’une rencontre avec des députés de gauche
israéliens à Ramallah (Cisjordanie), le président Abbas a fait
savoir qu’en cas de prolongation des pourparlers, il souhaitait que
les trois premiers mois soient "consacrés à une discussion sérieuse
sur les frontières", selon le quotidien Haaretz.
Les Palestiniens veulent un Etat sur les lignes d’avant
l’occupation israélienne de la bande de Gaza et de la Cisjordanie
conquises durant la Guerre des Six jours en juin 1967.
Depuis leur reprise le 29 juillet 2013,
les pourparlers de paix piétinent sur l’ensemble des questions au
coeur du conflit : les frontières, les colonies, la sécurité, le statut
de Jérusalem et les réfugiés palestiniens.