L’armée israélienne a commis des crimes de guerre commis pendant son offensive contre Gaza cet été et doit être soumis à une enquête, a déclaré ce mardi Amnesty International, l’organisation de défense des droits de l’homme.
- Jabalya, le 28 juillet 2014 - Une fillette palestinienne pleure la mort de son petit frère, tué dans un bombardement israélien sur ce quartier d’habitations - Photo : AA
« Tous les éléments dont nous disposons montrent que cette destruction à grande échelle a été commise délibérément et sans justification militaire », a déclaré Philip Luther, directeur d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
« Ces crimes de guerre doivent être soumis à une enquête indépendante et impartiale et les responsables doivent être traduits en justice dans de justes procès. »
Une des preuve est la déclaration faite par l’armée israélienne au moment des attaques disant qu’il s’agissait « d’une punition collective contre le peuple de Gaza » visant à détruire leurs moyens de subsistance, a ajouté Luther.
Il n’y a pas eu de la part des autorités israéliennes, de réaction immédiate à la déclaration d’Amnesty.
Toutefois, Tel-Aviv a refusé de coopérer avec une possible enquête sur les crimes de guerre à l’initiative des Nations Unies, accusant ces dernières de partialité.
L’armée israélienne a lancé une série d’enquêtes sur des incidents dans la guerre, y compris le bombardement d’une école des Nations Unies où au moins 15 personnes ont été tuées, et le bombardement d’une plage où quatre enfants ont également été abattus.
Mais ces enquêtes sont largement considérées comme « de la poudre aux yeux ».
« Enquête indépendante »
Plus de 2100 Palestiniens, la plupart des civils, ont été assassinés lors de l’offensive israélienne, qui a pris fin le 26 août. Du côté israélien 73 personnes ont été tuées dont 67 sont des soldats, suite à des attaques de représailles de la part des combattants du Hamas [résistance palestinienne].
L’un des bâtiments emblématiques détruits était le Centre Municipal Commercial à Rafah, qui contenait un centre commercial, une clinique médicale et des bureaux, et fournissait les moyens de subsistance à des centaines de familles, indique le rapport d’Amnesty.
Les habitants des bâtiments sur le point d’être détruits ont été avertis par l’armée israélienne de devoir se sauver immédiatement, mais ils n’ont pas eu le temps de récupérer leurs effets, ajoute-t-il.
Des dizaines de personnes dans des bâtiments voisins ont été blessées, et des centaines ont perdu leurs maisons, selon l’organisation internationale.
Les autorités israéliennes d’occupation ont prétendu que l’un bâtiment abritait un centre de commandement du mouvement palestinien Hamas, et qu’un autre avait « des installations liées à des militants palestiniens », selon le rapport.
Cependant, Luther a répondu que les militaires [des forces israéliennes d’occupation] « avaient l’obligation de choisir des moyens et méthodes d’attaque qui minimisent les dommages aux civils et à leurs biens ».
« L’armée israélienne ont déjà mené des frappes aériennes [assassinats ciblés] sur des appartements spécifiques dans les bâtiments de grande hauteur sans procéder à leur destruction complète, » a-t-il ajouté.
Le groupe Amnesty a déclaré qu’il avait envoyé ses conclusions au sujet des frappes aériennes aux autorités israéliennes avec des questions sur les raisons de chaque attaque, mais sans recevoir de réponse digne de ce nom.
Le rapport exige qu’Amnesty et d’autres groupes de défense des droits de l’homme soient autorisés à accéder à Gaza et qu’une enquête des Nations Unies soit diligentée pour « mener une enquête sans entraves ».
Les États-Unis qualifient « d’infondée » l’annonce de sanctions contre Israël
Dans le même temps, les États-Unis ont fermement démenti lundi un rapport qualifié de « sans fondement » selon quoi l’administration était en train de réfléchir à l’imposition de sanctions contre Israël, ce qui avait fait bondir les sénateurs américains.
« Je ne peux que remettre les pendules à l’heure et être clair sur le fait que les rapports disant que nous réfléchissions à des sanctions contre Israël sont complètement sans fondement et dénué de sens », a déclaré Jen Psaki, la porte-parole du département d’État, aux journalistes.
Elle s’exprimait après que le quotidien israélien Haaretz la semaine dernière ait écrit que la Maison Blanche envisageait de prendre des mesures contre Israël pour sanctionner ses constructions permanentes de colonies.
Le quotidien n’utilisait pas le terme de « sanctions », mais citait un haut responsable israélien resté anonyme disant que les responsables de la Maison Blanche ont discuté il y a quelques semaines de « prendre des mesures actives contre les colonies. »
Plusieurs étapes, dont s’abstenir d’opposer un veto aux résolutions de l’ONU condamnant Israël, ont été discutées, a indiqué le journal.
L’administration Obama a toujours dénoncé la construction de colonies juives en Cisjordanie et dans la Jérusalem arabe comme un obstacle à toute tentative de parvenir à une paix avec les Palestinien avec une solution à deux États.
Mais en dépit de la frustration croissante des États-Unis à l’égard de la direction israélienne qui ne cesse de construire des unités d’habitation coloniales, aucune mesure de rétorsion n’a jamais été prise.
Les élus républicains, irrités par l’article d’Haaretz, avaient écrit à la Maison Blanche pour demander une explication.
« Non seulement l’administration rejette de nouvelles sanctions pour mettre fin à la menace nucléaire de l’Iran, mais elle serait en train d’étudier des sanctions contre notre plus proche allié, Israël », a déclaré le sénateur Mark Kirk dans un communiqué publié vendredi.
« Cette décision ne fait que renforcer l’idée que l’administration traite nos amis comme des ennemis et nos ennemis comme des amis. »