Le gouvernement israélien a voté dimanche en faveur d'un projet de loi controversé visant à renforcer le caractère juif de l'Etat d'Israël au détriment, selon ses détracteurs, de son caractère démocratique.
Quatorze ministres --sur les 22 que compte le gouvernement-- ont voté en faveur de ce texte, à l'issue d'un débat qui s'est déroulé dans une atmosphère houleuse selon les commentateurs.
La Knesset (Parlement) doit désormais se prononcer, en plusieurs lectures, sur ce texte qui ne définit plus Israël comme un Etat "juif et démocratique" mais comme "l'Etat national du peuple juif".
Il devrait être amendé et édulcoré par les parlementaires, selon Denis Charbit, professeur de Sciences politiques à l'Université ouverte d'Israël, qui explique que ce texte est un gage donné par le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux éléments les plus à droite de sa coalition.
Le vote intervient dans un contexte de montée des tensions à Jérusalem-Est, la partie palestinienne occupée et annexée par Israël de la Ville sainte, et en Cisjordanie occupée. Les affrontements entre Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes ainsi que les attentats, dont le dernier mardi a tué cinq Israéliens dans une synagogue de Jérusalem-Ouest, font craindre un embrasement généralisé.
Les Arabes-Israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948, qui représentent un Israélien sur cinq, accusent le projet de loi d'institutionnaliser la discrimination.
Le procureur général Yehouda Weinstein, conseiller juridique du gouvernement, a lui aussi critiqué ce projet, estimant qu'il affaiblissait le caractère démocratique d'Israël, et la ministre de la Justice Tzipi Livni avait réussi la semaine dernière à faire repousser le vote. Elle a voté contre le projet dimanche comme cinq autres ministres.
Face à ces critiques, M. Netanyahu a assuré à l'ouverture de la réunion du gouvernement: "Il y a ceux qui veulent que la démocratie l'emporte sur le caractère juif et il y a ceux qui veulent que le caractère juif l'emporte sur la démocratie. Dans les principes de la loi que je présente aujourd'hui ces deux principes sont égaux".